Mercredi 4 février avait lieu l’avant-première du documentaire «65, rue Brunfaut. Ça ira mieux demain» réalisé par le Centre vidéo de Bruxelles en partenariat avec l’asbl La Rue. Un débat entre les habitants et plusieurs acteurs du projet a pris place suite à la projection.
Cela fait plus de dix ans que les locataires du «cartonenblok» se battent quotidiennement face à l’insalubrité de l’immeuble. Pièces étroites, moisissures, odeurs nauséabondes, mauvaise isolation acoustique et thermique, non-conformité des normes incendies, etc. De nombreuses plaintes ont été envoyées à la ville, à la Région, à quiconque pourrait faire changer les choses.
Depuis septembre 2014, un atelier vidéo organisé par le CVB et La Rue a pris place dans le but de faire entendre les locataires. «Ce documentaire est un reportage entre l’espoir et parfois la résignation des habitants», rapporte Françoise Schepmans, bourgmestre de Molenbeek. Par le biais de témoignages interpellants, amusants, parfois les deux à la fois, le spectateur se retrouve face au défi humain qu’est celui d’habiter au 65 rue Brunfaut.
De nombreux habitants s’étaient déplacés afin d’assister à la projection et au débat. «L’appartement, ça fait beaucoup sur la vie», confie Christelle Davion, ancienne locataire qui a continué à soutenir les habitants malgré son départ. «Je me suis toujours dit que le jour où je partirai, je soutiendrai les gens qui restent ici dans cette tour. C’est pour ça que j’ai voulu participer à ce film, c’est une partie de ma vie bien sûr, mais aussi une manière de soutenir les gens qui sont toujours dans cette tour» poursuit-elle. Éric Jadin, résident de l’immeuble depuis seize ans ajoute qu’ «il est urgent que chacun prenne ses responsabilités face aux promesses qui ont été faites. Nous espérons que ce film aidera les décideurs à réagir».
Suite à la projection, différents acteurs du projet, dont Michel Eylenbosch, président du Logement Molenbeekois et Karim Majoros, échevin Molenbeekois du Logement, ont pu intervenir lors d’un débat avec les habitants présents dans la salle présidé par Chille Deman. De ces discussions ressort principalement l’envie des locataires d’être considérés comme de réels interlocuteurs dont l’avis doit être pris en compte. Dans la salle, une assistante sociale intervient: «La participation, ce n’est pas juste donner l’information aux habitants. C’est un processus. Les familles ne demandent qu’à voir à quoi l’immeuble va ressembler, à donner un avis, dire par exemple que le local poubelles ferait mieux d’être placé ici plutôt que là pour telle ou telle raison. Il faut un processus participatif.» Les habitants qui connaissent les lieux devraient être considérés comme des experts.
Alors que les premières décisions avaient été prises en 2003, le projet de rénovation devrait prendre fin en 2016, selon M. Eylenbosch. Parmi les améliorations prévues, le bâtiment sera rehaussé de 5 étages et un espace de convivialité sera prévu au rez-de-chaussé. Un système de chauffage passif sera installé, permettant des économies de 100 euros/mois par foyer. Un tiers des appartements comportera trois chambres voire plus et les logements, adaptables aux personnes à mobilité réduite, seront répartis en fonction de la taille du ménage.
Une soixantaine de ménages vit toujours dans le bâtiment, dans l’attente d’un relogement prochain. «Tous les habitants peuvent bénéficier des aides du Logement Molenbeekois», précise M. Eylenbosch. Les coûts de déménagement seraient pris en charge. «Ceux qui souhaiteront retourner à Brunfaut après les travaux pourront le faire et seront prioritaires sur les listes», conclut-il.