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10e congrès de la CES : nouvelle équipe et nouvelles tensions ?

La Confédération européenne des syndicats (CES) a tourné une page de son histoire à l’occasion de son dixième congrès statutaire quis’est tenu à Prague, capitale tchèque, du 26 au 29 mai dernier. À quelques encablures de la fin des travaux de la Convention européenne chargée deréformer la future Europe des 25, la CES a presque entièrement renouvelé son équipe dirigeante. Fritz Verzetnitsch, le président (syndicaliste autrichien), EmilioGabaglio, le secrétaire général (italien), ainsi que l’équipe qui l’entoure – deux secrétaires généraux et quatre secrétairesconfédéraux – ont passé la main à, respectivement, l’Espagnol Cándido Méndez Rodríguez (UGT), le Britannique John Monks (TUC), ainsiqu’aux nouveaux secrétaires généraux Maria Helena André (UGT – Portugal) et Reiner Hoffmann (DGB – Allemagne). Les quatre nouveaux secrétairesconfédéraux sont Walter Cerfeda (CGIL – Italie), Joël Decaillon (CGT – France), Józef Niemiec (Solidarnosc – Pologne), Catelene Passchier (FNV,Hollande).

28-07-2005 Alter Échos n° 144

La Confédération européenne des syndicats (CES) a tourné une page de son histoire à l’occasion de son dixième congrès statutaire quis’est tenu à Prague, capitale tchèque, du 26 au 29 mai dernier. À quelques encablures de la fin des travaux de la Convention européenne chargée deréformer la future Europe des 25, la CES a presque entièrement renouvelé son équipe dirigeante. Fritz Verzetnitsch, le président (syndicaliste autrichien), EmilioGabaglio, le secrétaire général (italien), ainsi que l’équipe qui l’entoure – deux secrétaires généraux et quatre secrétairesconfédéraux – ont passé la main à, respectivement, l’Espagnol Cándido Méndez Rodríguez (UGT), le Britannique John Monks (TUC), ainsiqu’aux nouveaux secrétaires généraux Maria Helena André (UGT – Portugal) et Reiner Hoffmann (DGB – Allemagne). Les quatre nouveaux secrétairesconfédéraux sont Walter Cerfeda (CGIL – Italie), Joël Decaillon (CGT – France), Józef Niemiec (Solidarnosc – Pologne), Catelene Passchier (FNV,Hollande).

En Belgique, l’élection de cette nouvelle équipe a suscité l’irritation de la FGTB, dont le candidat au secrétariat confédéral avaitété évincé de manière peu élégante. Faut-il y voir la raison du boycott du Congrès, instance suprême de la CES, par le syndicatsocialiste belge ? Lors d’une conférence de presse organisée à la veille du Congrès, la FGTB avait reproché à la CES de se transformer en « lobby» européen plutôt qu’en véritable organisation syndicale supranationale. Elle avançait, comme explication à son analyse, les divergences de plus en plusmarquées entre traditions et cultures syndicales au sein des États membres, classifiant les organisations de travailleurs en trois groupes : « D’un côté, il y aun groupe qui a toujours fait preuve d’une volonté d’action importante, de l’autre un groupe qui freine constamment. Parmi ce dernier, nous retrouvons les syndicats anglaiset allemands, certains syndicats scandinaves et les syndicats hollandais. D’autre part, il y a le groupe des syndicats belges, français, luxembourgeois, autrichiens et des syndicats del’Europe du Sud qui veulent faire de la CES une véritable organisation syndicale dotée d’une vraie capacité d’action. Enfin, il y a encore les syndicatsd’Europe centrale et orientale qui mettent tous leurs espoirs et concentrent toute leur attention sur l’entrée de leur pays dans l’Union européenne. »L’éviction de son candidat au profit d’une candidate hollandaise peut ainsi être interprétée, entre les lignes du communiqué de la FGTB, comme unchangement de rapport de forces au sein de la CES au profit des organisations « qui freinent constamment ». Intervient également, dans la décision, la question dufinancement de la CES, financement que la FGTB souhaitait, avec d’autres, augmenter afin de donner davantage de moyens à la capacité d’action du syndicalismeeuropéen. Mais elle n’a pas été suivie. Et d’estimer que « le choix opéré […] pour les candidats membres du secrétariat nerépond pas au profil établi par le Comité exécutif de la CES qui parlait de candidats au profil politique clairement affirmé et disposant si possible d’uneexpérience syndicale sectorielle ». Si la FGTB en appelle aujourd’hui à une « autre CES », plus combative, son absence au Congrès de Prague aété regrettée – ou critiquée – par de nombreux participants. Ce congrès avait en effet pour mission d’adopter le programme d’action syndicalpour les quatre prochaines années. Un moment très important, donc. Les amendements belges apportés à ce programme avaient été établis en concertationsystématique entre la FGTB et la CSC, cette dernière se retrouvant seule pour les défendre. Pour le syndicat chrétien, le bilan du Congrès est mitigé.Certains amendements ont été repris (notamment sur la fiscalité, la dette publique, les services publics), d’autres ont été rejetés (convergencesociale, prépensions).

Faut-il voir dans le Congrès de Prague l’émergence d’une effective fracture entre syndicalisme combatif (plutôt du Sud de l’Europe) et syndicalismepragmatique (plutôt du Nord) ? Les choses ne sont sans doute pas aussi tranchées. On a vu, dans d’autres lieux, les syndicats suédois aller au charbon pour la reconnaissancedu droit de grève au niveau européen, un thème éminemment sensible. Les priorités politiques définies au Congrès et, plus encore, le changement devisage de l’équipe dirigeante de la CES devraient donner, dans les mois à venir, des indications sur l’avenir du syndicalisme européen, qui joue certes un rôlede lobby, mais est également devenu, au cours des dix dernières années, un acteur quasi institutionnel de l’Union européenne.

Catherine Daloze

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