Face à l’explosion du coût de l’énergie, les pouvoirs publics tentent de répondre par le développement de projets de logement passif ou «zéro énergie ». Exemple à Jette.
Il y a quelques semaines, le Foyer jettois1 a inauguré rue Loosen le premier bâtiment passif ne produisant aucun CO2. Il comprend deux duplex de 110 m2 toutconfort et ultra modernes. Dans le logement social, les charges représentent environ un tiers du loyer et la tendance est évidemment à l’augmentation. Les charges peuventreprésenter l’équivalent d’un loyer, surtout dans le logement social où les loyers sont plutôt bas. L’augmentation des prix de l’énergie estfulgurante. Selon le SPF Economie, entre 2008 et 2010, le prix de l’électricité a augmenté de 7 à 12 % selon le type de consommation alors que l’inflation surla période était de 4,2 %. Ce n’est qu’un exemple !
A Bruxelles, toutes les nouvelles constructions de logement social se feront désormais selon cette norme à partir de 2015. Mais à Jette, ce nouveau bâtiment va encoreplus loin. Les deux appartements produiront aussi leur électricité, ce qui permettra de réduire à zéro la facture de chauffage et d’électricitégrâce notamment à des panneaux solaires thermiques et solaires photovoltaïques, mais grâce aussi à un gros travail sur l’isolation, l’étanchéitéà l’air et la ventilation. Quant à la facture d’eau, le bureau d’architecture a pensé à en réduire le montant en installant un réservoird’eau de pluie.
Un investissement durable
« Le projet a été mené par la SISP, mais je l’ai suivi de près. On a d’emblée choisi d’aller vers un standard passif », se souvientle bourgmestre de Jette, Hervé Doyen2, qui justifie son choix. Il s’agit effectivement d’un investissement plus élevé. La ministre précédentedoutait de son utilité et aurait préféré aller plus vite. On a tenu bon, car on pensait que cette politique de diminution de la charge énergétique en valaitla peine ».
Pour Christos Doulkeridis, secrétaire d’Etat bruxellois au Logement3, le dividende de ce type de logement est triple : social, environnemental et économique. Desnotions que certains, selon lui, tentent parfois d’opposer. « Faire baisser la consommation énergétique des logements publics à finalité sociale, c’estpermettre aux locataires de faire des économies. Sans investissement durable dans leurs logements, les revenus les moins élevés dépenseront toujours plus pour se chauffer», écrit-il. Il plaide aussi pour un impact à long terme, car les bâtiments ont une longue durée de vie, ainsi que sur l’effet d’entraînementpositif sur l’ensemble de l’économie. En tout cas la matière est importante pour le gouvernement bruxellois. « La réduction de la consommationénergétique des locataires est un engagement concret du contrat de gestion conclu avec la SLRB », souligne-t-il.
Une ligne de conduite pour l’avenir ?
Hervé Doyen est conscient des aspects pratiques compliqués au quotidien. « Il faudra accompagner les locataires, des familles puisque les logements sont assez vastes. On met enplace une formation à la consommation énergétique à leur attention. L’utilisation impose des standards de vie. Cela prolongera des pratiques déjàexistantes à Jette. La commune gère en direct quelque deux cents logements moyens », précise-t-il.
Le projet a été rendu possible grâce à sa sélection dans l’appel à projets « Bâtiments exemplaires » en 2007 visant àencourager les démarches d’écoconception. Pour Evelyne Huytebroeck, ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Rénovation urbaine, il s’agissaitd’un coup de cœur, car cette expérience est une première dans le logement social. Le début d’une longue série ? Tout le monde semble le vouloir, restentaux projets concrets à se mettre en place.
En dehors du secteur du logement, ce type de bâtiments a-t-il une chance d’être développé à l’avenir ? A Jette, pas de doute ! « Nousdémarrons en juin la construction d’une crèche de trente-six places entièrement passive. La construction d’un bâtiment administratif passif est égalementà l’ordre du jour dans l’enceinte du cimetière de Jette. Dans l’ancien hôpital du CPAS, nous avons déjà créé vingt-deux logements austandard « basse énergie » », dit le bourgmestre qui défend l’implication des communes comme opérateur de la politique de logement.
1. Le Foyer jettois :
– adresse : Esseghem 3, rue J. Lahaye, 282 à 1090 Bruxelles
– tél. : 02 478 38 35.
2. Cabinet d’Hervé Doyen :
– adresse : chaussée de Wemmel, 100 à 1090 Bruxelles
– tél. : 02 423 12 19
– site : www.jette.be
3. Cabinet du secrétaire d’Etat au Logement Christos Doulkeridis :
– adresse : boulevard du Régent, 21-23 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 506 33 11
– site : www.doulkeridis.be