Un diplomate de la représentation serbe auprès de l’Union européenne répond sans faux-semblant aux « faux demandeurs d’asile », et où l’on cite la Belgique comme un exemple à suivre en Europe
Alter Echos : Quelles sont les mesures que la Serbie a prises pour réduire le nombre de demandeurs d’asile serbes dans l’Union européenne ?
Diplomate : La Serbie a pris toutes les mesures possibles pour arrêter ou réduire le nombre de faux demandeurs d’asile en Europe occidentale. Toutes les mesures recommandées par les institutions européennes ont été adoptées. Nous avons même relancé la Commission pour savoir ce que nous pourrions faire de plus, mais nous n’avons pas reçu de réponse parce que nous sommes déjà à la limite des infractions aux Droits de l’homme.
A. E. : Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de ces mesures ?
D. : Elles concernent notamment les compétences du ministère de l’Intérieur. La police frontalière conduit quotidiennement un contrôle des personnes quittant le pays qui correspond pleinement aux standards pratiqués par les Etats de l’espace Schengen. En même temps la Direction de la police criminelle travaille sur le démantèlement des réseaux criminels qui organisent les départs des faux demandeurs d’asile. Notons également que la Serbie mène une campagne informative afin d’expliquer aux demandeurs d’asile potentiels la nature de l’infraction qu’ils vont commettre. Nous avons des contacts quotidiens avec les services frontaliers des pays voisins, une coopération régulière avec les institutions des pays membres de l’Union européenne et de la région. Dans le but de renforcer le contrôle frontalier entre la Serbie et la Hongrie, un protocole sur des patrouilles mixtes a été signé le 27 février 2013 et des mémorandums sur la coopération dans le domaine de la sécurité ont été signés avec les ministères de l’Intérieur de l’Autriche et de la Hongrie. La Serbie a même offert aux pays de l’UE de rembourser toutes les sommes déboursées pour les faux demandeurs d’asile. Enfin, nous prenons des mesures socio-économiques et des mesures pour une meilleure intégration des Roms, qui, avec les Albanais du sud de la Serbie, constituent la grande majorité des faux demandeurs d’asile.
« L’exemple de la Belgique est très positif »
A. E. : Pensez-vous que les demandes de l’Union européenne (concernant la baisse du nombre de demandeurs d’asile serbes) sont bien fondées ?
D. : Il est bien évident qu’il y a eu une hausse des demandes d’asile depuis la libéralisation du régime des visas, mais la Serbie seule n’est pas capable de régler cette situation. A côté de nos efforts, il est nécessaire que les pays les plus touchés amendent leur législation concernant l’asile, notamment en mettant la Serbie sur la liste des « pays sûrs », ce qui permet un traitement plus rapide des demandes et élimine le motif économique, qui est à l’origine de ce phénomène. En ce sens, les exemples de la Belgique et de la Suède sont très positifs. Ces deux pays ont amendé leur législation, ce qui a mené à une baisse du nombre de demandes d’asile. La Belgique a notamment mis la Serbie sur la liste des « pays sûrs », réduit l’aide financière aux demandeurs d’asile, raccourci la procédure du traitement des dossiers, et mis les personnes qui abusent du droit d’asile et de la libéralisation des visas sur la liste leur interdisant d’entrer dans les pays de l’Union européenne.
A. E. : Des ONG ont parlé de « contrôles discriminatoires » à la frontière qui viseraient principalement les Roms. Y a-t-il une forme de sélection des personnes contrôlées ?
D. : Toute personne soupçonnée d’être un potentiel demandeur d’asile est contrôlée. Comme plus de 90 % d’entre eux sont d’origine rom ou albanaise, il est naturel qu’ils soient contrôlés un peu plus que les autres. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas d’une discrimination malintentionnée.
A. E. : Confirmez-vous que le Code pénal ait été modifié le 24 décembre dernier pour permettre de condamner « toute personne qui aiderait un faux demandeur d’asile serbe à quitter le pays » ? Comment appliquer une telle loi ? Ne vise-t-elle pas les demandeurs d’asile eux-mêmes ?
D. : Nous avons criminalisé l’abus de la libéralisation du régime des visas. Cela vise surtout les structures criminelles et non les simples demandeurs d’asile.
« Avec le soutien du Fonds pour le journalisme en Fédération Wallonie-Bruxelles ».