Le Marsupilama, à Mons, est une structure qui offre un accueil adapté aux jeunes adolescentes mères et en difficulté. Un accompagnement qui leur permet de vivre leuradolescence tout en assumant leur rôle de maman.
Une maison montoise comme une autre, avec un jardinet. Une fois le seuil franchi, on remarque des poussettes et des jeux pour enfants. Deux jeunes filles vivent ici. Elles ont moins de dix-huitans et sont déjà mamans. Elles ont toutes deux un vécu pas bien rose, fait de ruptures et de difficultés familiales. Mais elles ne sont pas seules pour gérer la viequotidienne, continuer à vivre leur jeunesse et s’occuper de leur enfant. Elles sont accompagnées chaque jour par une éducatrice. Cette maison est louée par uneassociation. « Le Toboggan »1, institution d’accueil pour jeunes filles en difficulté, a créé en 2004 cette structure spécialiséedans l’accueil des jeunes filles mères, nommée « Marsupilama ». Ici, on ne juge pas, on accueille. Parmi les filles qui passent dans cette maison, beaucoupconnaissaient très bien l’existence de contraceptifs. « La majorité de ces filles voulait un bébé, nous assure Fabienne Jeanson, la directrice de l’asbl. Maisil y a chez elles une telle béance affective qu’elles veulent la combler avec un enfant. »
Un projet pour qu’elles restent des adolescentes
Avant, les jeunes filles accueillies au Toboggan qui tombaient enceintes étaient écartées de l’institution et se retrouvaient en kot, avec peu d’encadrement. Vivre enautonomie, s’occuper d’un enfant et affronter les difficultés qui avaient provoqué le placement s’avérait souvent mission impossible. D’un autre côté, ces jeunesfilles n’avaient pas vraiment leur place en maison maternelle. « Le cadre y est trop strict, nous dit Fabienne Jeanson, car elles restent des adolescentes en difficulté. En plus,dans les maisons maternelles, on mélange les problématiques. Des jeunes filles peuvent côtoyer des femmes adultes victimes de maltraitance ». Il fallait donccréer un projet spécifique pour qu’elles restent des adolescentes, puissent s’amuser et apprendre tout en s’occupant de leur enfant. Toboggan a accouché de Marsupilama, un projetd’autonomie très encadré à destination des 16-18 ans.
Les deux demoiselles qui occupent les lieux ne sont pas vraiment chez elles, elles le savent très bien. Il y a un règlement d’ordre intérieur qu’il faut respecter, notammenten termes de visites. Le papa, lorsqu’il est présent, ou le « copain officiel », peut passer le week-end et une nuit par semaine. Pour pouvoir s’installer dans cettemaison, il faut respecter une condition : faire quelque chose de sa vie. L’idéal étant d’avoir une scolarité ou d’en reprendre une. Si tel n’est pas le cas, il faut selancer dans une formation ou, au moins, dans une occupation régulière. Un accord a été trouvé avec une crèche voisine pour la garde des enfants. Deuxéducatrices se relaient dans le logement. Leur présence couvre 76 heures par semaine. A côté de ces règles, la souplesse est de mise. Les jeunes filles sontencouragées à sortir et faire la fête une fois par mois et ce sont les éducatrices qui assurent le baby-sitting. Cet accompagnement correspond à un parti-pris :en vivant une vie équilibrée d’ado, en profitant de loisirs, elles n’en seront que de meilleures mères.
Ces jeunes filles sont hébergées à Marsupilama sur décision d’une autorité mandante. Le nombre de demandes est largement supérieur au nombre de places.Fabienne Jeanson estime que ce type d’accueil devrait être transposé ailleurs. Elle-même envisage d’augmenter la capacité d’accueil dans d’autres locaux à cinq jeunesfilles. Car pour douze des treize ex-pensionnaires de Marsupilama, le passage à l’âge adulte et l’apprentissage du rôle de mère s’est « très bienpassé ». Une expérience qui mérite d’être connue.
Le SAIE, face au phénomène des mères mineures a tenu à faire le point sur la problématique et, au-delà, à mettre en lien les acteurs qui essayentde trouver des solutions pour ces jeunes filles.
En clôture du colloque, une plate-forme de concertation et de collaboration pour l’accompagnement des jeunes parents était lancée. Cette plate-forme réunit tout unréseau d’acteurs confrontés à des jeunes mères. SAIE, services d’aide en milieu ouvert, services d’aide à la jeunesse, maisons d’accueil feront partie de ceréseau.
A Mons, un tel réseau existe depuis 2002. Son nom : la coordination grossesse-adolescence-parentalité (GAP)
1. Le Toboggan :
– adresse : route d’Obourg, 16 à 7000 Mons
– tél. : 065 36 11 49
– courriel : toboggan@skynet.be