Notre maison fuit, et nous regardons ailleurs, pour paraphraser l’autre. Dans un pays qui a fait de la drache un emblème, elle se fait rare de plus en plus souvent au grand dam des agriculteurs. «Cela fait trois ans qu’on assiste à des périodes de sécheresse récurrentes en Wallonie, avec des communes qui se trouvent en déficit au niveau des ressources», indique Nicolas Triolet, de la Société publique de gestion de l’eau (lire «De terre et d’eau pure»). Une situation qui pourrait accentuer la mue du secteur.
De rare, l’eau se fait précieuse. De plus en plus, d’ailleurs. Vivre sans utiliser de toilettes, de douche, d’évier, c’est le sort des trois, quatre mille ménages belges dont le compteur d’eau a été fermé. La suppression des coupures d’eau est à l’agenda des gouvernements bruxellois et wallon. Mais lutter contre la précarité hydrique est bien plus complexe et ne passera pas seulement par une aide sociale accrue (lire «Quand la facture d’eau noie les plus précarisés»).
En attendant, il faut éviter la vague. Tenir bon pour ne pas couler. Ou être inondés. Car le risque d’inondations va augmenter dans les années à venir avec le changement climatique, touchant souvent les plus vulnérables. «Dans un scénario pessimiste, la Meuse pourrait retrouver son lit originel et inonder une part considérable de la plaine liégeoise, de Flémalle à Herstal, au cours des 100 prochaines années. Des dispositifs de protection ont bien été mis en place, mais, s’ils devaient être dépassés en raison du changement climatique, il est fort probable que les inégalités environnementales seraient exacerbées…», explique Jacques Teller, de l’ULiège (lire «Avec le changement climatique, il est fort probable que les inégalités environnementales liées aux inondations s’exacerbent»).
Pourtant, l’eau est essentielle, vitale. Au point d’être un bien public? Pour cela, il faudrait que les communes se jettent à l’eau. À défaut de salle de bain chez soi, ou d’eau, c’est aujourd’hui souvent la débrouille pour pouvoir trouver un endroit pour se laver, pour nettoyer son linge (lire «Tournée wasserette et terrasse mouillée»). Les bains publics – infrastructures qui se sont multipliées au siècle dernier dans les communes – permettent au public privé d’eau d’accéder à des douches, moyennant quelques euros. Mais ils se comptent aujourd’hui sur les doigts de la main (lire «Bains publics: se laver hors de ‘chez soi’»).