Le 24 avril, l’Union des villes et communes de Wallonie (UVCW) a rassemblé à Wavre une centaine d’élus locaux, de présidents de CPAS et de cadres dulogement social pour une matinée consacrée au logement des personnes moins valides1.
La question de l’accessibilité à un logement adapté concerne un nombre important de citoyens : les personnes en chaise ou souffrant d’un autre handicap(cécité, surdité, déficience mentale, etc.), mais également les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes, soit environ 25 % de lapopulation. Et, potentiellement, chacun d’entre nous : momentanément (avec la poussette du bébé, une jambe dans le plâtre) ou durablement, la pyramidedémographique tendant à s’inverser.
Diversité de handicaps
Avec beaucoup de pertinence, Vincent Snoeck, président du Gamah (Groupe d’action pour une meilleure accessibilité aux personnes handicapées)2, arappelé que « l’accessibilité, c’est la possibilité pour tous de pouvoir participer à la vie sociale, culturelle et politique ». Or ladiversité des publics (carences motrices, sensorielles, intellectuelles) rend impossible la construction d’un logement accessible-type. Si le Code wallon du logement prévoit desdispositions contraignantes, « celles-ci ne concernent que les parties communes et les abords. Dans les appartements, rien : on peut se retrouver avec des couloirs de 60 cm ! » Le Gamahpréconise dès lors des normes communes et minimales pour la construction de logements adaptables, c’est-à-dire pouvant être transformés à un coûtraisonnable en logement adapté à l’une des déficiences possibles de l’habitant, suite à un accident, à une maladie ou à la vieillesse. Si lelogement est dès le départ conçu pour l’accueil d’une chaise roulante (largeur des couloirs, espaces de manœuvre, largeur des sanitaires, absence de marches,accès aux prises, aux robinets, etc.), l’adaptation sera aisée. Bref, « qui peut le plus peut le moins », comme l’a conclu Vincent Snoeck.
Cette notion de logement adaptable sera prise en compte par la Région wallonne. Les ministres André Antoine (CDH), en charge du Logement, et Didier Donfut (PS), en charge de l’Actionsociale, de la Santé et de l’Égalité des chances, ont chargé le Centre scientifique et technique de la construction (CSTC)3 de mener, en collaboration avec leGamah et Plain-pied (bureau d’étude spécialisé en aménagement pour les personnes à mobilité réduite), une recherche en vued’élaborer des recommandations. Cette recherche fera l’objet, en juin 2008, d’une publication intitulée Guide de bonnes pratiques pour le logement public adaptableen Région wallonne, un outil à destination des décideurs publics.
Prise de conscience politique
Le logement social a également fait l’objet de débats. Michel Deffet, directeur de la SLSP (société de logement de service public) Foyer de la région deFléron a évoqué la vieillesse du parc public wallon qui, par définition, ne le rend pas très adapté. En outre, le programme exceptionneld’investissement (PEI), qui rénovera un tiers des logements publics wallons, n’a rien prévu en matière d’aménagement spécifique pour les personnesà mobilité réduite… Çà et là, des expériences existent pourtant, notamment grâce aux programmes communaux de logement dans le cadre del’ancrage communal, ou de façon autonome sur initiative de la SLSP, mais elles restent peu nombreuses et engendrent toujours des surcoûts.
Pierre-Marie Dufranne, représentant le ministre du Logement, a rappelé que l’effort est réel : « Sur la période 2007-2008, 4 000 nouveaux logements ontété programmés dont 742, c’est-à-dire plus que le chiffre global de 2001-2002, à destination des personnes à mobilité réduite (50 %), despersonnes âgées (25 %) ou des initiatives intergénérationnelles. » Le conseiller du ministre a invité les opérateurs impliqués dans larédaction des programmes communaux de logement 2009-2010 à tenir compte des recommandations inscrites dans le guide de bonnes pratiques évoqué plus haut, « car lapossibilité existe d’accentuer les choix budgétaires pour le logement adaptable si des demandes sont formulées ». Il a ajouté qu’il estpréférable de construire de tels logements tout de suite, même si cela génère des surcoûts, parce que cela produira des économies dans le futur. «C’est cela, le logement durable. En matière d’énergie évidemment, mais aussi en matière sociale au niveau de l’accessibilité et de l’offreen services. »
1. UVCW:
– adresse : rue de l’Étoile, 14 à 5000 Namur
– tél. : 081 24 06 11
– site : www.uvcw.be
2. Gamah :
– adresse : rue Piret Pauchet, 10 à 5000 Namur
– tél. : 081 24 19 37
– site : www.gamah.be
3. CSTC :
site : http://www.cstc.be