Rien n’est prévu pour accueillir les Gens du voyage, qui se posent au petit bonheur. Au grand dam des riverains et des autorités locales. Et si ça changeait ?
Si la Flandre offre vingt-huit terrains aménagés, la Wallonie et la Région bruxelloise sont à la traîne. Dès lors, les Gens du voyage se posent làoù ils le sentent… sans prévenir. Entre le sentiment des Gens du voyage d’être opprimés (voir Alter Échos nº 294 : « Voies sans issue pour les Gens du voyage ») et les craintes desriverains, les autorités communales défendent le plus souvent les intérêts des seconds. Quoique ! Des élus commencent à prendre des risques. Exemplesrécents à Bruxelles-Ville et Braine-le-Comte.
Bruxelles-Ville crée un terrain
Le 10 mai dernier, c’est un terrain situé sur le territoire de Bruxelles-Ville qui fait l’objet de l’attention des médias. L’échevin des Espaces verts, Bertin Mampaka(CDH)1, veut récupérer cet espace régulièrement occupé par les Gens du voyage pour y planter de la moutarde dans le cadre d’un projet debiodiversité… Mais aussi parce que des riverains se plaignent de la présence de cette communauté. Depuis, l’échevin a été désavouépubliquement par son bourgmestre Freddy Thielemans (PS).
Quoi qu’il en soit, au cabinet de l’échevin CDH, on s’est empressé de signaler qu’un terrain allait être aménagé pour les Gens du voyage à Haren. Et derenvoyer à l’échevin en charge de l’Égalité des chances, Ahmed El Ktibi (PS)2. Le terrain, situé dans un zoning (rue de la Grenouillette), seraopérationnel au printemps 2011. Il sera susceptible d’accueillir 20 à 30 caravanes pendant des périodes de trois semaines au maximum. L’échevin rappelle, par ailleurs, queBruxelles est la seule commune à s’être lancée dans ce type de projet, alors qu’en 2004, le parlement bruxellois a adopté à l’unanimité une résolutionvisant à mieux accueillir cette communauté sur le territoire régional. Il constate aussi qu’avec les Gens du voyage, « les autorités communales sont prisesentre deux feux ». D’une part, il y a les riverains qui se plaignent de nuisances et, de l’autre, un aspect humain à prendre en compte concernant cette communauté.
Braine-le-Comte, peut-être un terrain
À Braine-le-Comte, c’est l’entité de Ronquières qui s’est insurgée contre la présence de Gens du voyage venus s’établir sans autorisation le 7 maidernier. Pourtant, assure Étienne Charpentier, du Comité national des Gens du voyage3, ils avaient prévenu de leur arrivée. « Faux, nousdéclarait passablement énervé, le 11 mai, le député-bourgmestre de Braine-le Comte, Jean-Jacques Flahaux (MR)4. En trois ans, depuis que je suisbourgmestre, ils sont venus quatorze fois, et on n’a jamais été prévenu à l’avance. Ils sont là depuis vendredi, ils ont mon numéro, et je n’ai reçuaucun appel de leur part. Je n’ai rien contre les Gens du voyage, mais par ces pratiques, ils ne se rendent pas sympathiques. » Et de préciser qu’il était assailli de coups de fildes habitants, des commerçants de Ronquières et de l’office du tourisme local. Pour le bourgmestre, la Région wallonne devrait acheter aux communes les terrains àaménager pour accueillir les caravanes. Il se dit d’ailleurs prêt à travailler en concertation avec celle-ci. Un budget régional spécifique est d’ailleursprévu à cette fin.
Recontacté quelques jours plus tard, Jean-Jacques Flahaux – rasséréné – nous signale que le groupe est parti le vendredi 14 mai, à la suite d’unaccord conclu de part et d’autre. Il confirme aussi avoir rédigé les derniers courriers à l’attention de la ministre Éliane Tillieux (PS), en charge del’Égalité des chances, pour l’aménagement d’un terrain. Il admet néanmoins qu’il a des reproches à formuler à l’égard des Gens du voyage : il fautnettoyer le site occupé après leur départ, le Plan incliné de Ronquières voit sa fréquentation diminuer… « Il y a des craintesavérées ou fausses d’avoir des problèmes, tant de la part des touristes que des riverains, reconnaît le bourgmestre. Mais les Gens du voyage sont aussi des êtreshumains. Étant partisan du dialogue, j’espère donc qu’avec l’aide de la Région wallonne, on pourra acquérir et aménager un terrain. »
Ajoutons encore que le Centre pour l’égalité des chances mène actuellement un travail de sensibilisation des communes. De quoi faire d’autres émules ?
1. Cabinet de l’échevin Bertin Mampaka,
– Hôtel de Ville Grand-Place à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 279 47 01
– courriel : bertin.mampaka@brucity.be
– site : www.mampaka.be
2. Cabinet de l’échevin Ahmed El Ktibi
– Grand-Place à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 279 48 11
– courriel : ahmed.elktibi@brucity.be
– site : www.ahmedelktibi.be
3. Comité national des Gens du voyage :
– adresse : rue d’Ascotte, 41 à 7090 Braine-le-Comte
– courriel : presidentcngv@hotmail.com
4. Cabinet du bourgmestre Jean-Jacques Flahaux :
– Grand-Place, 39 à 7090 Braine-le-Comte
– tél. : 067 87 48 38
– site : www.flahaux.be