La jeune Fédération wallonne des assistants sociaux de CPAS (Féwasc)1 vient de rendre publics les actes de son congrès 20012. Les points discutés dans ce cadreportaient sur le rôle des assistants sociaux (AS) en CPAS, le code de déontologie des AS de CPAS et la formation des AS.
L’action sociale entre qualité et autorité
Afin de déterminer le rôle des AS de CPAS, Paul-Henri Content, formateur au Cesep, suggère d’identifier les actions sociales positives sur le terrain et d’en assurer la diffusionvia la Féwasc. Concrètement, il faudrait capitaliser les informations (interrogations des AS, travaux de commission, etc.) afin de faire connaître celles-ci aux décideurspolitiques et aux autres intervenants sociaux. Par ailleurs, Paul-Henri Content invite les travailleurs sociaux à dépasser « leur positionnement institutionnel,généralement imprégné d’une relative soumission aux instances du CPAS, en se singularisant par un travail social de plus grande qualité, soutenu par un engagementpersonnel plus important. Cette nouvelle perspective devrait nous donner plus de crédibilité dans l’action sociale ainsi que dans la définition de notre fonction ».
Déontologie : entre le droit et le symbole
Concernant le projet de Code de déontologie de la Féwasc, Jean-François Funck, juriste et juge au tribunal du travail de Nivelles, émet certaines réserves : « Ladémarche est originale et paradoxale dans la mesure où les AS sont confrontés à une hiérarchie qui définit, en principe, leurs conditions de travail maisqu’ils souhaitent néanmoins définir leurs propres règles, en raison de leur espace d’autonomie très large. » Il souligne aussi le fait que ce code n’a aucune forcecontraignante sur le plan juridique et moral. Afin de remédier à cela, il suggère que les règles reprises dans le code soient « portées à la connaissance destiers sous forme de publications ». Et de préciser : « Cela permettrait de disposer d’une ligne de conduite commune à la profession qui pourrait alors invoquer des textes deréférence. » L’objectif est d’avoir des bases en vue de répondre efficacement aux problèmes pratiques qui surgissent entre les AS et le CPAS et entre eux et les usagers (ouclients). Pour Bernard Hengchen, professeur de pratique professionnelle à l’Institut Cardijn et directeur de la revue Travailler le social, l’instauration d’un code de déontologie a uneforce symbolique. Il estime que ce document doit être établi à partir de la pratique, de façon à prendre en compte correctement la qualité du travail. Enfin,il voit le code comme « un garde-fou pour se défendre de l’extérieur mais également vis-à-vis des propres dérives des AS dans l’exercice de leurs fonctions deservice public ». Par ailleurs, Bernard Hengchen pointe la responsabilisation de l’usager (selon le principe « Aide-toi toi-même »), afin de le rendre moins dépendant du CPAS. Dans cecadre, il est nécessaire d’évaluer les besoins individuels et collectifs des usagers aux niveaux local et régional.
Injecter l’expérience de terrain dans les écoles sociales
Pour sa part, la formation des AS semble compter des lacunes tant au niveau de la formation de base que de la formation continuée. En gros, celle-ci ne tiendrait pas suffisamment compte desréalités du terrain. En matière de formation de base, Francis Spýenghetti, AS au CPAS de Liège, reprend les questions suivantes : « Quels sont les enjeux qui animentles hautes écoles, les professeurs de pratique professionnelle, qui sont loin de la pratique? […] Quelles sont les réelles possibilités pour les praticiens de faire passerleur savoir au niveau des écoles? » Face à cet apparent manque de collaboration, les AS sont de moins en moins tentés d’accueillir des stagiaires. Il semble urgent,d’une part, de travailler les motivations et orientations des étudiants pour le travail social et, d’autre part, de disposer d’un conseil pédagogique avec unereprésentation des acteurs de terrain. Francis Sprenghetti souligne le fait que dans les mémoires de fin d’études l’aspect technique ait supplanté la questiondu sens, des valeurs et de l’éthique. Enfin, en matière de formation continuée, il estime qu’elle devrait « faire partie d’un programme annuel, sur la based’un projet de formation, ce qui signifie un engagement politique et professionnel pour pouvoir développer la qualification des agents, plutôt que leur spécialisation, cequi engendre des tensions au sein du personnel ».
1 C/o Martine Villé, CPAS de Fosses-la-Ville, tél. : 071 71 44 15, fax : 071 71 29 27
2 Celui-ci s’est tenu le 8 juin.
Baudouin Massart
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