Promouvoir l’esprit d’entreprise, favoriser l’initiative individuelle et l’accès au statut d’indépendant constituent à part entière depuis plusieurs années l’undes axes des politiques d’intégration sociale poursuivies en Belgique et en Europe, à l’image du « Ich AG » (cf. AE n° spécial Autocréation d’emploidu 13 avril 04) initié par le gouvernement social-démocrate allemand. En 2001, dans le cadre de diverses mesures d’activation en ce sens des bénéficiaires du revenud’intégration, Johan Van de Lanotte (alors vice-Premier ministre, ministre du Budget, de l’Intégration sociale et de l’Économie sociale) avait initié quelques partenariatspilotes. À côté des coopératives d’activité d’origine française, le Network for Training Entrepreneurship (NFTE) – filiale basée àVilvorde d’une fondation américaine dont l’objet est de proumouvoir l’esprit d’entreprise auprès des populations défavorisées – avait été retenu afind’offrir des formations à des usagers de CPAS. Flash-back sur une expérience qui ne sera (vraisemblablement) pas renouvelée.
La NFTE est la filiale belge d’une fondation nord-américaine au nom presque similaire1, fondée par un ancien chef d’entreprise et professeur de gestion, Steve Mariotti. L’idéede départ : redonner confiance en leur capacité d’entreprendre et de succès à des populations fragilisées, considérées comme inemployables et,traditionnellement, les parents pauvres des politiques sociales : jeunes issus des ghettos ethniques, anciens détenus, toxicomanes ou délinquants. L’expérience connaît unsuccès et s’étend, entre autres au Royaume-Uni et en Inde. L’idée d’une version belge voit le jour en Flandre à partir de 1998 à l’occasion d’un contact entre lefondateur et des membres du VEV (Vlaams Economisch Verbond). Une association est créée, un conseil d’administration mis en place (composé pour la plupart d’indépendants etde chefs d’entreprise). Dans une lignée propre aux « charities » américaines, mais sans doute plus atypique pour la Belgique, l’essentiel du financement de la NFTE reposesur le mécénat privé : parmi les donateurs belges, on retrouve Mc Kinsey, Citibank, Coca Cola ou… Adecco.
L’identification des bénéficiaires et l’organisation concrète des formations se font en collaboration avec des associations existantes, comme des CEFA en Flandre ou des acteursassociatifs.
Efficace mais coûteux
La collaboration entre le ministère de l’Intégration et la NFTE est formalisée le 17 décembre 2001, par une convention pour un montant de 131 000 euros et unedurée d’une année (de fin octobre 2001 à novembre 2003). La NFTE se chargeait d’assurer 60 heures de formation à 74 personnes dépendant de huit CPAS (notamment LaLouvière, Malines, Bruxelles, Louvain). Vis-à-vis de cette population plus spécifique et au-delà de la promotion de l’activité indépendante, les objectifspoursuivis par ces formations visaient à « l’insertion en tant que travailleurs entreprenant en entreprise » ou à « l’investissement dans la poursuite d’étudesou de formations ». En d’autres mots, l’activation. Concrètement, les dispositifs mis en œuvre tentent de replacer les participants dans une dynamique de succès, tout enleur fournissant des outils concrets pour la gestion d’entreprise et d’activité, à travers diverses techniques d’animation. Les formateurs sont de manièreprivilégiée issus du monde de l’entreprise ou de l’activité indépendante.
Selon une évaluation (non limitée aux bénéficiaires du projet pilote) menée par la Vlerick School voor Management et rapportée par la NFTE, sur 300étudiants, le taux d’abandon se limiterait à 9%. Par ailleurs, 48% des personnes ayant suivi une formation se retrouveraient en emploi ou en activité indépendante, et 24%en formation. Le nombre de créations d’entreprises est relativement restreint : une dizaine, qui bénéficient par ailleurs du suivi de services de consultantsbénévoles des formateurs ou d’anciens cadres en préretraite. Des informations plus fines relatives au type d’emploi ainsi obtenus ainsi que sur les trajectoires à pluslong terme des bénéficiaires ne sont pas disponibles.
Du côté du tout nouveau ministère de l’Intégration par contre, le ton est plus mitigé. Si l’on se déclare sans conteste convaincu par le caractèredynamique et attrayant du programme, ainsi que par l’efficacité de la démarche de la NFTE, le coût de l’initiative est jugé trop onéreux2. Ainsi, on n’envisageraitpas de prolonger l’expérience, mais plutôt de transférer la mise en oeuvre de ces formations – dont le principe demeure d’actualité – à descollaborations entre CPAS et Offices régionaux de l’emploi, ce qui permettrait d’augmenter le nombre de bénéficiaires. Le contenu exact des formations – et leur lienéventuel avec le programme pilote de la NFTE, en particulier l’accent mis sur le contact rapproché avec des représentants du monde de l’entreprise demeure pour l’instantinconnu.
1. National Foundation for Teaching Entrepreneurship NFTE Belgium vzw, Jean Monnetlaan B-1804 Vilvorde – tél. : 02 257 68 20 – courriel : info@nfte.be – site :http://www.nfte.be (pour l’instant, uniquement en néerlandais) ou http://www.nfte.com
2. Selon Lena Bondue, coordinatrice de la NFTE pour la Flandre, le coût d’une formation se monte à 10 000 euros.
Sources complémentaires :
> « Le guide pour les sans » , site : http://budget.fgov.be/f/h7/h7a/h7a4/h7a4x.htm
> « Helemaal niet hopeloos » in Knack du 11/02/2004.
> « Jongen werkzoekenden leren eigen bedrijf starten » in Het Belang van Limburg du 5/12/2003.
> « Werken met kansarmen : waag uw kans » in Trends du 21/08/2003.