Vingt-cinq ans qu’Alter Échos explore les politiques sociales en Wallonie et à Bruxelles. Chaque mois, notre revue a décidé de replonger dans ses archives. Pour ce premier exercice, on évoque l’activation… Et le bilan est sans appel.
Qu’elle soit sociale ou professionnelle, l’activation, concept né dans les années 90, est considérée par les politiques comme une réponse efficace à la lutte contre le chômage ou la pauvreté. Or, elle s’est révélée au fil des années destructrice et porteuse de chaos dans la vie des individus à travers des mesures sans cesse plus contraignantes et intrusives. En effet, si la personne n’arrive pas à suivre ce chemin, n’en respecte pas les contours, elle risque d’être sanctionnée et exclue, broyée par l’État social actif et par des travailleurs sociaux toujours plus contrôleurs.
En 2001, la sociologue Estelle Kreszlo décrivait dans nos pages les dérives de cette activation à tout prix: «Guidée par l’obsession de la fraude ou de la faute, l’employabilité donne lieu à une exploration inquisitoriale des raisons ‘fantasmatiques’ qui expliqueraient pourquoi un chômeur est sans travail ou un pauvre sans ressources, qui néglige de qualifier ses connaissances pour mieux qualifier son ‘être’. Pour toucher au plus près ces ‘êtres de chair et d’os’ qu’il s’agira de contrôler et parfois de punir pour mieux les aider (les ‘motiver’, les rendre ‘autonomes’) [...]...
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Vingt-cinq ans qu’Alter Échos explore les politiques sociales en Wallonie et à Bruxelles. Chaque mois, notre revue a décidé de replonger dans ses archives. Pour ce premier exercice, on évoque l’activation… Et le bilan est sans appel.
Qu’elle soit sociale ou professionnelle, l’activation, concept né dans les années 90, est considérée par les politiques comme une réponse efficace à la lutte contre le chômage ou la pauvreté. Or, elle s’est révélée au fil des années destructrice et porteuse de chaos dans la vie des individus à travers des mesures sans cesse plus contraignantes et intrusives. En effet, si la personne n’arrive pas à suivre ce chemin, n’en respecte pas les contours, elle risque d’être sanctionnée et exclue, broyée par l’État social actif et par des travailleurs sociaux toujours plus contrôleurs.
En 2001, la sociologue Estelle Kreszlo décrivait dans nos pages les dérives de cette activation à tout prix: «Guidée par l’obsession de la fraude ou de la faute, l’employabilité donne lieu à une exploration inquisitoriale des raisons ‘fantasmatiques’ qui expliqueraient pourquoi un chômeur est sans travail ou un pauvre sans ressources, qui néglige de qualifier ses connaissances pour mieux qualifier son ‘être’. Pour toucher au plus près ces ‘êtres de chair et d’os’ qu’il s’agira de contrôler et parfois de punir pour mieux les aider (les ‘motiver’, les rendre ‘autonomes’) [...]...