Evelyne Huytebroeck a procédé à l’évaluation des projets pilotes lancés par la précédente ministre de l’Aide à la jeunesse. Un point sur desdécisions qui font le bonheur des uns et le malheur des autres.
Une annonce de la ministre de l’Aide à la jeunesse, Evelyne Huytebroeck (Ecolo), a fait des heureux et des déçus. Il s’agit de la décision relative aux projetsexpérimentaux lancés en 2009 par Catherine Fonck (CDH), l’ancienne ministre.
Sur base d’une évaluation de la Direction générale de l’Aide à la jeunesse, la ministre a pris des décisions concernant l’avenir de ces services. On comptaitquatre types de projets. Si les séjours de rupture et l’accueil d’urgence, déjà abordés dans Alter Echos, sont pérennisés, les services d’interventionen famille (SIIF) devront s’intégrer aux services d’aide et d’intervention éducative (SAIE). Quant aux cinq services de crise, trois d’entre eux disparaîtront.
Les SIIF sont saufs mais pas sans souci
Si les SIIF sont saufs, ils ne sont pas sereins pour autant. Pour rappel, ces services étaient spécialisés dans l’intervention à domicile auprès de familles avecenfants en bas âge dans des cas de maltraitance ou de négligence. A l’Echalier1, l’un des SIIF concernés, Olivier Pirard, le coordinateur, préfère« voir la bouteille à moitié pleine ». « Avec cette décision, nous dit-il, il y a une reconnaissance du travail fait depuis deuxans. » La pérennisation des activités, c’est très bien. Mais que pense notre coordinateur de l’intégration de son service au sein des SAIE. Il répond: « On nous a promis que le budget serait indépendant. Il ne faudrait pas que l’on perde notre autonomie pédagogique. » Et si le rattachement aux SAIEpoursuivait des objectifs moins avouables ? « Avec notre travail efficace, nous dit Olivier Pirard, on a mis en lumière que du côté des SAIE, dont le rôle estaussi d’intervenir en famille, il y avait peut-être un déficit de rentabilité. On sait qu’une réforme des SAIE est prévue. Il ne faudrait pas que les SIIF soientutilisés pour réformer les SAIE. » Pour Alain Lising, du cabinet d’Evelyne Huytebroeck2, cette dernière affirmation est « un amalgame de deuxinformations. D’un côté, il y a effectivement une volonté de la ministre de renforcer la capacité des SAIE, notamment en augmentant le nombre de prises en charge. Del’autre, il y a les SIIF, qui sont pérennisés et dont les missions sont proches de celles des SAIE. Ce rapprochement évite de multiplier les nouveaux services. Mais qu’ils serassurent, les SIIF garderont une autonomie pédagogique. »
Exit la crise
C’est à une levée de boucliers que l’on assiste concernant l’arrêt du financement des Services de crise. Ces services ont pour but de prendre en charge de manièreinconditionnelle des jeunes en crise aiguë pour lesquels d’autres services de l’Aide à la jeunesse ont échoué. Si la ministre a décidé de mettre un termeà l’expérience, c’est que l’objectif initial n’aurait pas été atteint. « On a le sentiment que les jeunes pris en charge ne répondent pas au profil qui aété défini, nous dit Alain Lising. Par exemple, 60 % des cas n’ont pas fait l’objet d’une mesure avant de faire appel au service de crise. Il faut aussi dire que la ministre veutmettre le pied sur le frein à la spécialisation des services. » A la Pommeraie3, l’un des services concernés, on espère encore que la mobilisationfera changer d’avis la ministre. Denis Rihoux, le directeur de l’association pense qu’on aurait pu faire autrement : « Nous sommes surpris de cette décision. Nous sommes les seulsservices qui travaillent dans l’inconditionnalité. Du coup, même en admettant qu’une proportion du public que nous recevons ne corresponde pas au cahier des charges, on aurait dûrappeler à l’ordre les autorités mandantes qui nous envoient ces jeunes. Vu que nous sommes dans l’inconditionnalité de la prise en charge, nous ne pouvons pas refuser certainsjeunes… » Le directeur de la Pommeraie attire aussi l’attention sur les différents effets positifs de son service : « désengorgement des services de l’Aideà la jeunesse, intervention préalable à l’entrée dans l’Aide à la jeunesse etc. ». « Ces arguments ne sont pas tout à fait faux,rétorque Alain Lising, l’idée d’éviter que trop de jeunes ne rentrent dans l’Aide à la jeunesse est à creuser. Le problème de ce type de projetsexpérimentaux, c’est que s’ils font autre chose que prévu, alors on n’expérimente plus vraiment… »
1. L’Echalier, place Adolphe Grégoire, 3 à 4540 Amay – tél. : 085 84 52 32
2. Cabinet de ministre de la Jeunesse et de l’Aide à la jeunesse, place Surlet de Chokier, 15-17 – tél. : 02 801 75 11 – site : http://evelyne.huytebroeck.be/
3. La Pommeraie, rue de Gesves, 10 à 5340 Faulx-les-Tombes – tél. : 081 57 07 46 – site : www.pommeraie.be