L’aide au développement est souvent évoquée comme une réponse aux «causes profondes» des migrations. Les États européens ne semblent pourtant pas pressés d’honorer leur promesse de verser 0,7% de leurs revenus dans ce but.
L’aide au développement reprend du poil de la bête. Dans les discours du moins. Les discussions autour d’une nouvelle politique migratoire européenne n’y sont pas pour rien.
Depuis que des centaines de migrants sont morts en tentant de traverser la méditerranée, il ne se passe plus un conseil de l’Union européenne, un sommet ou une déclaration de la Commission qui n’évoque le besoin de «s’attaquer aux causes profondes» des vagues migratoires, en s’appuyant sur un outil: la politique de développement.
Jeudi dernier, par exemple, à l’issue d’un Conseil européen, les chefs d’État et de gouvernement tiraient cette conclusion: «Il est crucial de renforcer notre coopération globale avec les pays d’origine et de transit, à la fois pour endiguer l’afflux de migrants en situation irrégulière et pour s’attaquer aux causes profondes des migrations (…). L’aide au développement jouera un rôle important à cet égard.»
Important… mais peut-être pas tant que ça. Lorsqu’il s’exprimait devant le Parlement européen le 24 juin, au sujet des enjeux migratoires, Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne exhortait les États à «augmenter, à tout prix, leur aide au développement. C’est indispensable, nous avons besoin des 0,7 %, pas demain, mais maintenant.»
Les fameux 0,7% du revenu national brut versés au titre du développement. Il s’agissait d’une promesse faite dans les années septante et régulièrement réitérée depuis. Dans les faits, le cercle des pays qui respectent cet engagement est restreint. En 2014, seuls cinq États de l’Union européenne ou de l’espace économique européen atteignaient ou dépassaient les 0,7%: le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège, le Luxembourg et, en tête de classement, la Suède.
Dans certains pays, comme la Belgique, cette aide n’a cessé de baisser ces dernières années, comme le rappelait le CNCD récemment: en 2010, le pourcentage du revenu national brut consacré au développement était de 0,64, il n’est plus que de 0,45.
La tension entre les engagements publics et les réalisations fut criante lors d’une récente réunion des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne, le 26 mai. Ces derniers réaffirmèrent l’importance d’atteindre les 0,7%… sans se fixer d’échéance pour réaliser cet objectif.
De quoi s’interroger sur la bonne volonté des États en cette année où les Objectifs de développement durable, qui courront jusqu’en 2030, viendront remplacer les objectifs du millénaire pour le développement.