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Santé

«Aider et soigner les personnes âgées, cela intéresse peu de monde»

Sur la centaine de centres de santé mentale pour adultes agréés en Wallonie, quatre ont développé une initiative service spécifique pour personnes âgées (ISPA).

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Sur la centaine de centres de santé mentale pour adultes agréés en Wallonie, quatre ont développé une initiative spécifique pour personnes âgées (ISPA).

Le premier IPSA a démarré à Malmedy, il y a vingt ans, suivi ensuite par Namur et Louvain-la-Neuve en 2003. Celui de Herstal vient de se mettre en place. Ces services sont actifs pour l’ensemble de la province dans laquelle ils se situent. «Mais dans les faits, nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes, précise Françoise De Keyser, coordinatrice du centre ‘Samravi’ à Louvain-la-Neuve. Comme nous devons beaucoup nous déplacer, nous ne pouvons pas ‘couvrir’ les bouts de la province, Ittre ou les communes situées au-delà de Jodoigne». À Louvain-la-Neuve, Samravi n’est subsidié qu’à concurrence d’un temps plein partagé entre une coordinatrice et deux psychologues. À Malmedy aussi, le dispositif ne fonctionne qu’avec un équivalent temps plein partagé entre deux psychologues.

Au départ, ces dispositifs ont été conçus comme des expériences pilotes qui se sont pérennisées. Ils sont perçus comme performants mais les moyens budgétaires sont restés très limités. Pourtant la demande est importante. Elle émane souvent de la famille, du médecin traitant ou de la maison de repos. «Il est rare que la personne âgée fasse elle-même la démarche, constate Christine Gilson, psychologue à Louvain-la-Neuve. Nous avons affaire à une génération où le psy a gardé une image particulière, celle d’être le docteur ‘pour les fous’. Leurs enfants et notamment la génération qui a une soixantaine d’années ont déjà une tout autre expérience de la santé mentale. Nous sommes en fait souvent confrontés à des gens qui n’ont jamais croisé un psy de leur vie.»

Ces services interviennent principalement auprès de la personne âgée mais aussi de son entourage. «Il arrive que nous aidions exclusivement les enfants dans leurs relations avec leurs parents âgés, précise Christine Gilson. On rencontre pas mal de problèmes au sein de la fratrie. C’est souvent l’aîné (et la fille aînée en particulier) qui a la charge d’aide des parents et cela crée des tensions dans tout le système familial. Nous aidons aussi l’entourage professionnel même si c’est considéré comme une mission ‘accessoire’ par le pouvoir subsidiant.»

Il arrive que nous aidions exclusivement les enfants dans leurs relations avec leurs parents âgés.

Quatre services spécialisés pour la Wallonie, cela reste très peu. Surtout lorsqu’on connaît le déficit de gériatres et l’absence de psychologues dans les maisons de repos. «Suivre les personnes très âgées intéresse peu de monde, constate Pierre Gobiet. Peut-être parce que cela effraie. On est face à des personnes qui ont besoin de parler de leur fin de vie et les professionnels de la santé n’ont peut-être pas trop envie d’être confrontés à ça.»

Suivre les personnes très âgées intéresse peu de monde. Peut-être parce que cela effraie.

 

Les ISPA se réunissent régulièrement au sein d’un groupe de travail, lieu d’échange des pratiques développées en ambulatoire. Ce groupe de travail s’inscrit dans le prolongement d’une table ronde organisée en 2011 par la Fédération Wallonie-Bruxelles et consacrée au suicide des personnes âgées. Lors de cette table ronde, les experts avaient insisté sur le risque important de suicide chez les plus âgés, avec un taux de «réussite» deux fois plus élevé que chez les adolescents. C’est surtout chez les hommes de plus de 75 ans que la dépression et la fatigue de vivre sont les plus perceptibles.

 

Martine Vandemeulebroucke

Martine Vandemeulebroucke

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