Le 19 juin, les agences immobilières sociales de la Région bruxelloise tenaient une conférence de presse avec comme but principal de se faire mieux connaître despropriétaires de logements. Douze ont été agréées depuis 1999, dont sept existaient déjà avant, certaines depuis de très nombreusesannées. Elles gèrent ensemble la quantité non négligeable de 650 logements (avec 3.000 candidatures en attente) et se sont réunies au sein d’une association.1
La problématique bruxelloise est particulière, puisque, avec un marché locatif surévalué et saturé, les loyers habituels dépassent facilement plus dela moitié du montant des revenus de remplacement.
C’est la raison pour laquelle le mécanisme de subvention de la Région devrait être prochainement modifié : il s’agirait, « d’une part, de permettre d’offrir des loyers plusadaptés aux revenus du public cible en instaurant une intervention régionale dans les loyers, d’autre part, il s’agit d’encadrer les loyers offerts aux propriétaires enfixant un plafond maximum par type de logement (pour éviter les effets d’aubaine, NDR) et en abandonnant la perception de frais de gestion. » Le projet d’ordonnance est actuellementsoumis à l’examen du Conseil d’État.
Les AIS ont-elles trouvé l’équilibre entre leur durabilité économique et leurs missions sociales? Ce n’est visiblement pas encore clair, et les termes destextes en préparation permettront de savoir plus. Les AIS insistent en tout cas pour ne pas minimiser leur rôle social : alors qu’elles peuvent accueillir 30% de locataires dontles revenus dépassent les revenus d’admission du logement social, elles n’exploitent pas cette possibilité comme un moyen de se garantir un équilibrebudgétaire. Leur principale préoccupation reste donc la hauteur des loyers qu’elles pratiquent, par rapport au pouvoir d’achat de leurs locataires.
Autre préoccupation des AIS bruxelloises quant à leur équilibre économique, le poids de l’arriéré locatif, qui les amène – même si celan’arrive que rarement – à résilier des baux. Les questions d’endettement et d’arriérés sont gérées avec des services sociauxpartenaires – le plus souvent ce sont les mêmes qui envoient les candidats locataires aux AIS. Leur travail étant relativement global et préventif, les AIS estiment que lesquantités d’arriérés qu’elles rencontrent sont moindres que dans le logement social, mais elles n’ont pas encore mutualisé leurs chiffres en lamatière.
À relever aussi, des questions de territoires. Certaines AIS interviennent sur une ou deux communes, d’autres sur l’ensemble de la région. D’où risque de concurrence(surenchère vis-à-vis des propriétaires) « qui se ferait au détriment des locataires ». C’est que, vu la hausse continue du marché locatif, la plupart despropriétaires bruxellois qui collaborent avec les AIS renoncent à une partie de revenu locatif qu’ils pourraient normalement gagner en cherchant ailleurs sur le marché. Lesecteur a tendance à se réguler lui-même, dans le sens « où toutes les AIS travaillent sur des zones plus étendues qu’une seule commune, même celles quiont comme priorité de se concentrer sur l’une d’elles » explique Isabelle Jennes. Les AIS ont aussi décidé de se transmettre entre elles les coordonnées despropriétaires qui les contactent spontanément pour lisser la négociation à la première agence contactée, « mais ces réflexes ne sont pas encoreacquis ».
Enfin, la question de la rénovation se pose aussi. De trois façons.
> Des logements en mauvais état dont le propriétaire accepte – très rarement – la rénovation. Les AIS réalisent elles-mêmes les travaux ou lesfont faire. Leur principal argument reste la bonne information dont elles disposent sur les mécanismes régionaux de primes, qui sont d’ailleurs majorées dans les cas decollaborations avec les AIS.
> Autre raison – encore plus rare – de rénover le décloisonnement de logements pour en augmenter le nombre de chambres, à destination de familles nombreuses.
> Dernière cause appelant des rénovations, certes plus légères : les normes de salubrité des logements que les AIS peuvent louer (p. ex. nécessitéd’isoler les sanitaires des autres pièces). Les agences demandent d’ailleurs l’assouplissement de ces normes en ce qui concerne les surfaces relatives des pièces. D’aprèselles, une norme comme la nécessité que le living soit plus grand que la cuisine n’est pas adaptée à la structure d’une partie de l’habitat des anciens quartiers.
1 Association des AIS de la Région bruxelloise, c/o Isabelle Jennes, IRIS, rue Jardin des Olives 6 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 514 18 49; ou c/o Pierre Denis, Logement pour tous,bd de la Révision 40 à 1070 Bruxelles, tél. : 02 524 54 30.
Archives
"AIS bruxelloises : bilan après deux ans en attendant des subventions renforcées"
Thomas Lemaigre
02-07-2001
Alter Échos n° 101
Thomas Lemaigre
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