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Regard critique · Justice sociale

ALE titres-services : une fête les yeux tournés vers la Région

Les agences locales pour l’emploi « titres-services » étaient à la fête ce 12 octobre. Mais le secteur s’interroge à propos de la régionalisation deses activités.

21-10-2011 Alter Échos n° 325

Les agences locales pour l’emploi « titres-services » étaient à la fête ce 12 octobre. Mais le secteur s’interroge à propos de larégionalisation de ses activités.

C’était l’agitation folklorique ce 12 octobre en face de Manneken-Pis, au centre de Bruxelles. Sur un air de fanfare et sous le regard curieux de certains touristes, lecélèbre « ketje » de la capitale s’est en effet vu revêtir d’un costume d’aide ménagère, petit seau et serpillère à l’appui.Organisée à l’initiative de la plate-forme des ALE-TS1, qui regroupe les dix entreprises de titres-services développées par des agences locales pour l’emploibruxelloises, l’initiative avait avant tout pour objectif de mettre à l’honneur les trois-cents aides ménagères de ces structures et de fêter les trois ans de laplate-forme. Il s’agissait aussi de valoriser la spécificité du travail en titres-services au sein des ALE, caractérisé notamment par un code de bonne conduite des agencesà l’égard de leurs travailleuses (voir encadré) alors que, d’après un communiqué publié par la plate-forme, « Les pratiques du secteur [NDLR desaides ménagères] font en effet trop souvent l’objet de scandales, bafouant les droits les plus élémentaires du personnel. »

La charte comprend dix mesures parmi lesquelles on retrouve l’offre au personnel d’un contrat de travail à durée indéterminée au minimum àmi-temps dès l’engagement ou au plus tard après trois mois d’activité ainsi qu’un salaire mensuel garanti, même en cas de défectionéventuelle des clients.

Info : www.ale-titres-services.be/fr/philosophie.php

Vous avez dit régionalisation ?

Si l’ambiance était à la fête, les discussions allaient également bon train concernant l’avenir du secteur, pourtant habitué à vivre dans l’incertitude(des rumeurs de suppression des ALE courent depuis longtemps). En cause : la réforme concoctée par Elio Di Rupo (PS) et les huit partis assis à la table des négociationsinstitutionnelles. Une réforme qui prévoit notamment une régionalisation des agences locales pour l’emploi et des titres-services. Autant dire que le petit monde des ALE-TSpourrait s’en trouver modifié dans les prochains mois. « Ce qui inquiète nos travailleuses, ce n’est pas tant la régionalisation des ALE ou des titres-services qu’uneéventuelle hausse du prix de ces derniers, explique une employée d’une des ALE présentes. Lors de la dernière augmentation du prix des TS, nous avons perdu bon nombre declients. »
La régionalisation des TS devrait également induire la possibilité pour les Régions d’en fixer le prix. Si l’ on sait que le système coûte cher, l’idéeque certaines d’entre elles puissent augmenter leur tarif ne paraît pas saugrenue. Autre piste évoquée à l’heure actuelle pour juguler les dépenses liées auxTS : supprimer la déductibilité fiscale. Là aussi, le nombre de clients pourrait s’en trouver affecté.

Concernant la régionalisation des ALE, des questions affleurent également puisque la note du formateur prévoit que « Si les Régions décident demaintenir un dispositif ALE, le fédéral poursuivra le financement d’allocations de chômage, limité au nombre de bénéficiaires actuel parRégion. » Les Régions pourraient donc décider de supprimer les ALE. « Mais je n’y crois pas trop, les ALE représentent trop d’emplois »,tempère Isaac Domb, coordinateur de la plate-forme ALE-TS, qui s’interroge par contre sur le financement. « Le fédéral financera encore des montants limités aunombre de bénéficiaires actuels, souligne-t-il. Mais si l’on décide de donner des nouvelles missions aux ALE et qu’un nouveau public doit être pris en charge, ce seraà la Région de payer. »

Attendre

Difficile donc de dire ce qu’il adviendra. L’accord étant très frais, il faudra laisser le temps aux Régions de se retourner. Présente au Parlement bruxellois lorsd’une réception organisée à la suite de l’événement du 12 octobre, Françoise Dupuis (PS), la présidente du Parlement, disait d’ailleurs ne rien avoirentendu en ce qui concerne une suppression éventuelle des ALE ou une augmentation du prix des titres-services à Bruxelles. Du côté du cabinet de Benoît Cerexhe (CDH),ministre bruxellois de l’Emploi qui devrait hériter de ces matières, on déclare qu’il est encore un peu tôt pour se prononcer. Même son de cloche au cabinet deCharles Picqué (PS), ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale, où l’on affirme que l’on se penchera sur la question « rapidement ».

Les ALE-TS n’ont pas attendu : elles annoncent la remise d’un mémorandum aux édiles bruxellois dans les prochaines semaines. Alter Echos reviendra prochainement sur laquestion de la régionalisation des ALE, des TS et de la sanction des chômeurs.

Photo : Julien Winkel

1. Plate-forme des ALE-TS :
– site : www.ale-titres-services.be/fr/philosophie.php

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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