« Nous avions envie de construire un projet d’insertion différent. La période qui va de la sortie de l’école à l’accès à un emploistable, ce qui se produit pour un jeune Français vers l’âge de 28-29 ans, est considérée dangereuse et le modèle dominant de formation consiste àtravailler sur les manques des jeunes, sur ce qui les empêche de passer ce cap difficile. Or, pour nous, il s’agit de partir des compétences et des acquis des jeunes, leur capitalde départ qu’ils vont devoir faire fructifier. »
Gérard Vaugelade, de l’association française Senoïs1, explique ainsi les raisons qui ont poussé l’association à opter pour un projet originald’insertion, utilisant entre autres un outil : le Service volontaire européen. Cette action du programme européen jeunesse permet à un jeune d’exercer uneactivité bénévole de 6 à 12 mois dans une organisation non lucrative européenne, et cela sur une base volontaire. Il n’y a aucun coût pour le jeune quiperçoit 190 euros par mois d’argent de poche. L’organisation hôte doit, en revanche, subvenir aux besoins du jeune volontaire (logement, nourriture, frais de transportlocaux, cours de langue du pays d’accueil et formation si nécessaire), mais elle perçoit des indemnités de la Commission allant jusqu’à 6.600 euros pour unprojet de neuf mois (moitié forfait coût d’activité et moitié forfait administratif, variable selon le temps d’accueil).
Promouvoir l’économie sociale à travers les échanges
Malheureusement la procédure est assez lourde; non seulement l’organisation hôte doit se faire labelliser par l’Agence nationale, mais elle ne perçoit lesindemnités qu’après la fin de la période du service volontaire, ce qui est assez difficile à supporter pour les trésoreries des organisationsd’économie sociale et solidaire vers lesquelles nous voulons orienter les jeunes », précise Gérard Vaugelade.
Mais les bénéfices de ces échanges sont nombreux : le jeune pourra avoir une expérience humaine dont il fera usage dans son parcours d’insertion, mais aussi de vieet qui lui permettra d’acquérir des compétences. « Pour certains jeunes, ceux en difficultés, partir à l’étranger représente une vraie ruptureavec leur vécu quotidien; cette expérience leur permettra notamment d’acquérir de l’autonomie, de travailler à améliorer l’autovalorisation,à construire une identité parfois abîmée ». Gérard Vaugelade sait très bien de quoi il parle : avant de travailler pour l’association Senoïs, il aété pendant longtemps éducateur de rue, ce qui lui a permis de comprendre les difficultés auxquels doivent faire face ces jeunes étiquettés comme “endifficultés”.
« Mais notre projet d’échange ne concerne pas que les personnes en difficultés; nous nous adressons à tout type de public parce que nous estimons que travailler dans unenvironnement qui défend des valeurs différentes de celles dominantes, donnera à des jeunes une autre vision de la société. Il s’agit pour nous de promouvoirà travers ces échanges une idée d’économie plurielle et solidaire, qui remet l’individu au cœur de l’action », souligne M. Vaugelade2.
Si notre petit pays n’est pas fort demandé par les jeunes Normands, il exerce quand même une attraction, notamment pour sa proximité géographique et linguistique. Unejeune fille peintre, par exemple, qui vit en milieu rural et gagne sa vie en peignant les hangars des exploitations agricoles, recherche un lieu qui promeut et produit la culture alternative.
èe projet concerne, en réalité, toute l’Europe car l’association Senoïs souhaite également favoriser la visibilité d’un réseaueuropéen d’organisations d’économie sociale et solidaire porteuses d’actions nouvelles de développement.
1 Association Senoïs, 44 rue d’Auge à14000 Caen – France. Tél. : +33 (0)2 31 83 30 14 ou +33(0)6 73 48 47 13; e-mail : senois@senois.org ou gerardvaugelade@yahoo.fr
2 L’association Senoïs recherche activement des organisations belges d’économie sociale et solidaire intéressées à accueillir des jeunes Français,soit pour des périodes de 2-3 mois (pour les jeunes plus en difficulté), soit pour des périodes plus longues, allant de 6 à 12 mois.
Archives
""Aller voir ailleurs pour construire ici" : l'approche originale d'une association française d'inser"
Agence Alter
13-05-2002
Alter Échos n° 120
Agence Alter
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