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Regard critique · Justice sociale

Alliance emploi-environnement à Bruxelles : place à la mise en œuvre

L’alliance emploi-environnement bruxelloise axe construction durable a été signée fin février. Sa mise en œuvre peut commencer. Plusieurs points concernent laformation et l’économie sociale.

19-03-2011 Alter Échos n° 312

L’alliance emploi-environnement bruxelloise axe construction durable a été signée fin février. La phase de mise en œuvre peut commencer. Un certain nombre depoints concernant la formation et l’économie sociale sont à souligner.

Il y avait du beau monde, le 25 février dernier au salon Batibouw, pour signer l’alliance emploi-environnement bruxelloise, axe construction durable. Dans l’ambiance de cathédrale duPalais de l’Exposition universelle de 1935, les ministres Charles Picqué, Evelyne Huytebroeck, Benoit Cerexhe, Emir Kir ou encore Christos Doulkeridis se sont ainsi succédés aucrachoir pour vanter les mérites d’une alliance aujourd’hui concrétisée sous la forme de quarante-quatre fiches-action. Détaillant les actions à entreprendre, lesacteurs ou encore le budget estimé, chacune de celles-ci est le résultat d’un long travail mené notamment sous la forme de huit ateliers (constitués tantd’opérateurs privés que publics) et de 24 groupes de travail (voir Alter Echos numéro 297 du 19 juin 2010 : « Alliances emploi-environnement, c’est parti… Mais qui faitquoi ? »).

Néanmoins, si la signature de l’alliance marque l’aboutissement de ce qu’on appelle la phase d’élaboration et le début de la phase de mise en œuvre, le nombre defiches-action pourrait encore être amené à grandir. En effet, parallèlement à la mise en œuvre des premières actions identifiées, les ateliersvont continuer à se réunir une fois par trimestre afin de mesurer l’avancement des actions et de travailler à des réponses aux besoins existants et àl’identification de besoins insatisfaits. Dans ce contexte, de nouvelles fiches-action pourraient apparaître et venir s’ajouter à la liste. Une mise à jour du texte de l’accordaura d’ailleurs lieu chaque année et présentera les nouvelles actions mises en œuvre dans le courant de l’année ou à mettre en œuvre. Néanmoins, lerisque de voir un nombre trop important de fiches-action finir sur la table est limité, d’après le cabinet d’Evelyne Huytebroeck1 (Ecolo), ministre bruxelloise del’Environnement. « Il n’y a pas de « plafond » pour le nombre de fiches-action, nous dit-on. Cela dit, le but est de mettre en place des actions concrètes, pas de faire del’accumulation de fiches. »

Des fiches-action pour l’économie sociale

A parler d’actions concrètes, rappelons ici que les alliances constituent un « engagement » de la part des différents intervenants. Reste donc à voircomment tout cela va se concrétiser dans les faits, notamment en termes de budget, l’ensemble des quarante-quatre fiches-action pesant à l’heure actuelle 5,5 millions d’euros dans labalance du budget estimé. Un point de vue partagé par certains opérateurs du secteur de l’économie sociale, notamment, présents sur place lors de la signature.« Ce sont bien évidemment des engagements, il faudra voir, se confie un coordinateur d’asbl. Cela dit, ces alliances sont positives, elles ont permis à des acteursrelativement antagonistes (ndlr : des entreprises d’économie sociale et des entreprises classiques notamment) de se parler, ce qui est très bien. Maintenant, à parlerd’économie sociale, il faut que les opérateurs s’y engouffrent, dans cette alliance, il faut que le secteur s’engage. »

Pour ce faire, une série de fiches-action concerne directement l’économie sociale. Benoit Cerexhe2 (CDH), ministre de l’Emploi et de l’Economie de la Région deBruxelles-Capitale, a d’ailleurs insisté sur l’importance du secteur lors de son discours prononcé à Batibouw en annonçant une « aide à lacréation et au développement des entreprises d’économie sociale actives dans le secteur de la construction durable ». Ainsi, la fiche-action numéro 24 entendfavoriser la création d’entreprises en économie sociale actives dans la construction durable par des incitants financier au démarrage. Dans ce contexte,« Impulcera » pourrait être amenée à octroyer trois bourses de faisabilité (5 000 euros chacune destiné à réaliser uneétude de faisabilité) en 2011 et plusieurs autres en 2012, dont une bourse de lancement (10 000 euros).

Parallèlement, un deuxième problème réside dans le fait de mobiliser des capitaux pour les entrepreneurs de sociétés à finalité sociale dontune des difficultés initiales consiste à trouver les « premiers 30 000 euros » pour constituer leur capital de départ. Dans ce contexte, un groupe detravail étudiera trois pistes de soutien financier, notamment via Brusoc au travers d’un élargissement aux entreprises à vocation économie sociale (les entreprises sortantdu cadre de l’ordonnance Ilde/EI) ou au travers de l’utilisation de l’appel à projet tel qu’il existe dans l’avant-projet de l’ordonnance Ilde/EI pour permettre le développementd’entreprises d’économie sociale dans l’éco-construction.

La fiche-action 25, quant à elle, entend mobiliser l’économie sociale sur des niches porteuses d’emploi qualifié dans le secteur de la construction durable. Trois niches pourl’économie sociale à ce niveau sont ainsi identifiées : la déconstruction, la rénovation et l’amélioration des performances énergétiques desmenuiseries extérieures en bois ou enfin le diagnostic, la sensibilisation en matière d’utilisation rationnelle de l’énergie et le placement de petites mesures d’économied’énergie. Pour ce dernier point, une étude de faisabilité réalisée par Tracé Bruxelles a tenté de repérer tous les partenaires, institutionsou asbl actifs dans le domaine des économies d’énergie chez les ménages et/ou la mise à l’emploi de personnes peu qualifiées et qui pourraient jouer un rôledans un projet dans ce domaine à une échelle bruxelloise. L’étude serait à l’heure actuelle sur la table du cabinet d’Evelyne Huytebroeck, qui doit encore en prendreconnaissance.

Enfin, la fiche-action 26 a pour ambition d’organiser l’amélioration de l’offre de services des entreprises d’économie sociale, notamment en améliorant le système declauses sociales dans les marchés publics.

55 000 heures de formation

En ce qui concerne la formation, Emir Kir (PS)3, ministre Cocof de la Formation, a parlé dans son discours de près de 55 000 heures de formation en construction durableà développer. Et son Cabinet de préciser : « Il s’agit en partie de choses existantes. Il y aura un module transversal aux formations. Il faudra stabiliser etdévelopper », nous dit-on, avant de déclarer que tout cela concernera Bruxelles Formation et ses partenaires.

Dans ce contexte, la fiche-action 19, proposant d’élaborer un module de formation-étanchéité &ag
rave; l’air et ventilation pour demandeurs d’emploi, estintéressante puisqu’elle propose effectivement de développer un module ressource « isolation et étanchéité » transversal et commun àtous les stagiaires du secteur de la construction ainsi que de développer une ligne de produits de formation concernant l’intégration de la problématique del’isolation/étanchéité dans chacune des formations aux métiers de la construction. Plus loin, elle propose d’« investir dans des infrastructures et desformateurs dédiés au développement et à la réalisation de formation “construction durable”, au delà de la problématique del’isolation/étanchéité à l’air ». Concrètement, une extension du pôle construction de Bruxelles Formation, dédiée au durable, seracréée. Le tout pour un budget estimé à 830 000 euros pour 2011. A l’heure actuelle, au moins 600 000 euros seraient déjà« garantis ».

Plus loin, la fiche-action 18, visant à créer un réseau des opérateurs de formation actifs dans le domaine de la construction durable est également importante.Rappelons que le cabinet d’Emir Kir s’était déjà inquiété dans les pages du numéro 297 d’Alter Echos à propos de la demande enmain-d’œuvre et des débouchés pour les personnes sorties de formation. Avant d’affirmer qu’il fallait faire émerger les besoins précis de main-d’œuvre desentreprises. Ce réseau devrait répondre en partie à cette question puisqu’il « (…) constituera la plate-forme centrale d’échange d’information, departage d’expériences, de mise en commun des ressources, de développement concerté de l’offre de formation pour la construction durable ». Il devra permettre derépondre à un besoin de meilleure connaissance de l’impact de l’évolution du marché vers des constructions durables sur les besoins de formation, notamment.

Notons également que la fiche-action 20 entend élaborer une stratégie visant à augmenter le nombre de formateurs en construction durable et à établir laformation continue des formateurs en place. De manière plus générale, on remarquera que la fiche-action 21 ambitionne d’étoffer l’offre de formation à destinationdes indépendants, TPE et collaborateur et que la fiche-action 27 se donne pour objectif d’améliorer le matching entre l’offre et la demande du marché du travail dans le secteurde la construction durable, répondant ainsi à une série de préoccupations concernant ces deux sujets.

Enfin, faisons remarquer que du côté de la Région wallonne, le cabinet de Jean-Marc Nollet4 (Ecolo), ministre wallon du Développement durable déclareque la mise en place de l’alliance emploi-environnement arrive « en bout de processus ». Le texte devrait passer en gouvernement dans les jours qui viennent. Pour plusd’informations, il faudra attendre.

1. Cabinet d’Evelyne Huytebroeck :
– adresse : rue du Marais, 49-53 à 1000 Bruxelles
– tél.: 02 517 12 00
– courriel : info@huytebroeck.irisnet.be
– site : http://evelyne.huytebroeck.be
2. Cabinet de Benoit Cerexhe :
– adresse : rue Capitaine Crespel, 35 à 1050 Bruxelles
– tél.: 02 508 79 11 courriel : info@cerexhe.irisnet.be
– site : www.cerexhe.irisnet.be/cerexhe
3. Cabinet d’Emir Kir :
– adresse : bd Saint-Lazare, 10 à 1210 Bruxelles
– tél.: 02 506 34 11
– courriel : info@kir.irisnet.be
– site : www.emirkir.be
4. Cabinet de Jean-Marc Nollet :
– adresse : place des Célestines, 1 à 5000 Namur
– tél.: 081 32 17 11
– site : www.nollet.info

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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