Le 26 avril se tenait une réunion conjointe des exécutifs de la Région wallonne et de la Communauté française. Consacrée principalement àl’emploi et à la formation professionnelle (en particulier des jeunes), elle a accouché de très nombreuses mesures (voir la rubrique télex de l’AlterÉchos n°228, »Accès des jeunes à l’emploi »1). L’une d’entre elles, l’allongement de la durée maximale des PFI (Plan FormationInsertion) a suscité une vive opposition des jeunes de la CSC et de la FGTB.
Outre un paquet de mesures visant à simplifier la lisibilité des aides, à mener des expériences ciblées sur des quartiers à fort taux de chômage, ouencore à intensifier l’accompagnement et le suivi des jeunes chômeurs, le gouvernement wallon a également décidé d’allonger la durée maximale duPFI (Plan de formation insertion), de 26 à 52 semaines, pour les demandeurs d’emploi de moins de 25 ans qui ont un diplôme inférieur au secondaire supérieur.
Trop d’effets d’aubaine
La mesure d’allongement est dénoncée par les sections jeunes des syndicats. « De tels plans d’embauche sont mis en place depuis des années et aucuneamélioration notable de l’emploi des jeunes n’a eu lieu. Nous refusons que l’on offre encore une fois des cadeaux aux employeurs sans conditions réelles etsérieuses en matière de création d’emplois durables et de qualité! », expliquent leurs représentants.
À l’appui de leurs propos, on se souviendra également du fait que dans la récente analyse que Thérèse-Marie Bouchat et Philippe Defeyt avaientconsacrée à la Formation en Région wallonne (cf. Alter Échos n°227, »Formation en Wallonie : unnécessaire recentrage, selon Bouchat et Defeyt« ), les PFI avaient été pris comme exemple d’une politique à fort effet d’aubaine, ce qui avaitmême amené les chercheurs à conclure : « En caricaturant […], on pourrait dire que faire passer par un PFI un jeune qui a fait des études supérieures,au chômage depuis moins d’une semaine, pour exercer ses compétences dans un secteur totalement protégé n’est pas la meilleure manière d’utiliserles ressources de la collectivité. » Et ce, après avoir constaté qu’en classant, pour l’année 2003, les bénéficiaires du Plan FormationInsertion selon leur durée de chômage préalable, seuls 5,9 % d’entre eux étaient chômeurs depuis plus de six mois (et 74,8 % chômeurs depuis moins de deuxmois).
Reste précisément à savoir si l’allongement prévu ira à l’encontre de cet effet d’aubaine, en encourageant les employeurs à engager enPFI des jeunes moins qualifiés, ou s’il augmentera seulement son amplitude. Pour éviter que ce dernier scénario ne se réalise, les jeunes CSC et FGTB proposentnotamment d’instaurer un quota maximal de PFI en fonction de la taille de l’entreprise, de prouver la nécessité d’un tel contrat par la mise en rapport de la formationinitiale ou de l’expérience du travailleur et le descriptif de la fonction à occuper. Ils souhaiteraient également que l’accès aux PFI soientréservés aux travailleurs nouvellement engagés (en excluant par exemple les PFI suivant de trop près un intérim dans le même poste).
Une vraie formation
En plus de ces critiques, les jeunes CSC et FGTB font valoir que la période théoriquement dévolue à la formation est rarement consacrée à celle-ci, et quel’accompagnement et le suivi du demandeur d’emploi sont souvent virtuels. Ils demandent en conséquence que soient explicitement prévues des périodes de formation, decontact et d’évaluation avec un « vrai » tuteur. Ils souhaiteraient également une simplification des démarches nécessaires à la perception desprimes liées au contrat PFI.
Le projet d’allongement, qui émane du cabinet du ministre wallon de l’Économie et de l’Emploi, Jean-Claude Marcourt (PS), est désormais sur la table duConseil économique et social de la Région wallonne. Reste donc, à voir si, du côté syndical des partenaires sociaux, les aînés suivront les jeunes !
Il permet à ce dernier de se former en entreprise (et, parfois, en centre de formation) pendant une période de 4 à 26 semaines, à l’issue de laquellel’employeur s’engage à proposer au bénéficiaire un contrat de travail d’une durée au moins égale à celle de la formation.
Pendant la durée du stage, les allocations de chômage (ou le revenu d’insertion) sont complétées par une « prime d’encouragement » verséepar l’entreprise, qui comble la différence entre ces allocations et le revenu imposable du futur travailleur dans sa fonction.
Cette prime est parfois progressive :
• 60 % pour le premier tiers de la formation,
• 80 % pour le deuxième,
• 100 % pour le dernier.
En 2006, il s’est conclu plus de 11 000 de ces contrats et, depuis leur lancement en 1998, 74 000.
1. AlterEchos n°228, » Accès des jeunes à l’emploi« .