De multiples organismes s’occupent d’alphabétisation, avec une diversité d’objectifs et d’approches. La volonté politique de parvenir à unecoordination des actions a conduit à la création d’un Comité de pilotage de l’alphabétisation qui comprend des interlocuteurs de la Communautéfrançaise et des Régions wallonne et bruxelloise via la Cocof. La revue Faits & gestes1 se fait l’écho des premiers travaux réalisés parce Comité de pilotage et intègre également une enquête de Lire et Écrire.
Faits & Gestes1, qui a fait peau neuve pour son 25e numéro, dresse un véritable portrait du secteur de l’alpha, un secteur multiforme, complexeet en évolution constante. Il ressort ainsi de l’état des lieux qu’actuellement, environ 17 000 personnes s’inscrivent annuellement à une formation enalphabétisation ou en alpha-français langue étrangère (alpha-FLE), auxquelles on peut ajouter les quelque 9 000 élèves qui fréquentent ces formationsdans les écoles de l’Enseignement de promotion sociale. Depuis le début des années ’90, les formations d’alphabétisation sont en constante augmentation. Unecroissance qui devrait se maintenir car près de 4 000 candidats à une formation ont dû être refusés, faute de places.
En outre, une part du public potentiel peut ignorer que de tels cours existent, ne pas réussir à surmonter les tabous, ou ne pas se reconnaître comme « analphabète». On estime qu’une personne sur dix est « en grande difficulté face à l’écrit », soit 300 000 adultes en Communauté française.
Le type de publics
Des constats intéressants émergent aussi à propos des publics qui suivent ces formations d’alphabétisation ou d’alpha-FLE : 75 % du public accueilli a, aumieux, le certificat d’études de base ; 64 % sont des femmes, avec un pic de 71 % à Bruxelles. Quant à l’origine des personnes formées, au sein des 143organismes sondés par Lire et Écrire en 2005-2006, 76 % des apprenants étaient de nationalité étrangère, proportion qui a peu évolué depuis ledébut des années ’90 mais qui varie d’une région à l’autre. La proportion d’apprenants d’origine étrangère est moinsélevée en Wallonie (70 %) qu’à Bruxelles (84 %). Une très large diversité de nationalités est par ailleurs représentée. Si les apprenantsoriginaires de l’Europe centrale et de l’Est restent proportionnellement bien plus nombreux en Wallonie qu’à Bruxelles, les apprenants originaires du Maghreb ont cependantrepris la première place (20 % des apprenants étrangers) qu’ils avaient longtemps occupée, suivis de près par ceux originaires de Turquie (16 %). À Bruxelles,les apprenants originaires du Maghreb étaient, et restent, de loin les plus nombreux (48 %), le second groupe est constitué de personnes venant des pays d’Afrique subsaharienne(18 %). Près d’un apprenant sur cinq est un réfugié ou un demandeur d’asile (22 % en Wallonie, 16 % à Bruxelles).
Enfin, les apprenants belges sont pour une large part des personnes ayant acquis la nationalité. Or, les données montrent qu’un pourcentage certain de Belges d’origineont une probabilité d’avoir des problèmes d’illettrisme. La cause de cette sous-représentation d’apprenants d’origine belge doit encore êtreétudiée.
Plus de la moitié des apprenants en Communauté française n’ont aucun diplôme. Les trois quarts ont, au plus, leur certificat d’étude de base (enseignementprimaire). Mais un quart du public a au moins un certificat d’étude du secondaire inférieur. Ce qui montre que de nombreuses personnes, pourtant diplômées, se trouventdémunies pour utiliser l’écrit dans leur vie quotidienne.
Une certaine complexité
Le secteur alpha est un véritable puzzle : la Communauté française subsidie des associations comme acteur d’éducation permanente, ou comme organisme d’enseignement(promotion sociale, Cefa, etc.), les Régions financent dans le cadre de l’insertion socioprofessionnelle, et l’État fédéral dans le cadre de la cohésion sociale.Nombreux sont aussi les organismes cumulant alphabétisation et école de devoirs. En outre, les amalgames entre l’alpha (qui accueille un public infra-scolarisé) et les cours defrançais langue étrangère (FLE, pour des personnes parlant une autre langue) restent fréquents.
Dans les 143 organismes sondés, l’encadrement comptait 712 personnes rémunérées et 520 bénévoles. 62 % des rémunérés sont formateurs,dont 68 % sont diplômés du supérieur. Enfin, les bénévoles sont généralement des (pré)pensionnés (56 %), dont le niveau de formation estsupérieur aux rémunérés (82 % ont un diplôme du supérieur).
1. Le numéro titré L’alphabétisation : quels publics, quelles formations ? est téléchargeable sur le site : www.faitsetgestes.cfwb.be
et disponible gratuitement en téléphonant au 0800 20 000 ou via courriel : faits.gestes@cfwb.be