Le nouveau décret a été voté. Certaines inquiétudes subsistent du côté du secteur. Qui a désormais les yeux tournés vers les arrêtés d’exécution.
C’est à un baroud d’honneur que se sont livré le 10 juillet plus de 300 travailleurs du secteur des EFT (entreprises de formation par le travail) et des OISP (organismes d’insertion socioprofessionnelle). Réunis devant le parlement wallon, ils ont fait part encore une fois de certaines de leurs interrogations concernant le nouveau décret « CISP » (centres d’insertion socioprofessionnelle), du nom qui sera désormais donné aux EFT et aux OISP. « Nous avons été reçus par une délégation de chefs de groupes et par le président du parlement, mais cela n’a pas changé grand-chose », explique Érik Mikolajczak, secrétaire de l’Interfédération des EFT/OISP1. Le décret a en effet été voté.
Pas d’expansion des CISP
Les inquiétudes de l’Interfédération n’ont pourtant pas changé depuis des mois. Rappelons que le décret prévoit que les personnes en stage au sein des CISP doivent disposer au maximum du certificat d’enseignement secondaire du deuxième degré. Mais des dérogations sont prévues, permettant d’ouvrir dans certains cas les portes des CISP aux porteurs du certificat d’enseignement secondaire supérieur. « Nous avons toujours peur de l’appel d’air que cette ouverture pourrait générer », déplore Érik Mikolajczak alors que plus globalement le secteur craint un éloignement des EFT/OISP « de leurs finalités premières ».
Autre inquiétude récurrente du secteur, mais qui prend de l’ampleur ces derniers temps : le financement, calculé à enveloppe fermée. Si celle-ci est restée la même (voir encadré), l’Interfédération affirme que la nouvelle clef de répartition de ces moyens risque de faire perdre des emplois à certains CISP. « Ce nouveau modèle prend en compte plusieurs paramètres permettant de donner des moyens supplémentaires à certaines structures. Je pense à celles actives dans le formation en prison ou à de gros centres ayant besoin de postes de coordination supplémentaires » , explique Erik Mikolajczak. Problème : à enveloppe fermée, le fait d’« avantager » certaines structures en pénalisera automatiquement d’autres…
Le financement du secteur des EFT/OISP comporte un budget d’un peu moins de 39 millions d’euros en provenance du cabinet d’André Antoine (CDH), ministre wallon de l’Emploi et du Budget. Et un peu plus de 23 millions sous forme de points APE (aides à la promotion de l’emploi).
Du côté du cabinet d’André Antoine (CDH), ministre wallon de l’Emploi, on déclare à ce propos que « l’arbitrage à ce niveau reviendra aux associations. Nous ne sommes pas dans une politique d’expansion des CISP ». Tout en espérant que l’Interfédération « aura l’honnêteté de dire que nous avons répondu à ses demandes ». Ce que l’Interfédé fait à demi-mot tout en émettant un bémol : « Il est bien de pouvoir valoriser certaines initiatives, c’est ce que nous souhaitions. Mais le fait de travailler à enveloppe fermée pose un problème réel » , souligne Erik Mikolajczak.
Des arrêtés en octobre/novembre ?
Face à cette situation, l’Interfédération espère que le cabinet la convoquera encore, notamment pour parler des arrêtés d’exécution. « Nous allons essayer de limiter la casse car nous avons encore des inquiétudes. Mais pour l’instant nous n’avons pas de nouvelles du cabinet, nous sommes un peu dans un jeu de séduction où chacun fait comme s’il ne connaissait pas l’autre », nous dit-on. Chez André Antoine, on confirme que le secteur sera à nouveau invité à discuter tout en précisant que les arrêtés d’exécution devraient passer en première lecture en octobre ou novembre.
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Alter Échos n° 358 du 02.05.2013 : Nouveau décret EFT/OISP : public et financement en question