Le dossier de la réaffectation du site de l’École de médecine vétérinaire de Cureghem vient, après quatre ans de négociations entre laRégion de Bruxelles-Capitale, l’Université de Liège (propriétaire du site) et les candidats investisseurs successifs, de trouver acquéreur à son pied. C’estl’agence bruxelloise de publicité et de communication AIR, à travers une nouvelle société créée pour la circonstance, qui rachète 85% du site (pour145 millions), les 15% restants étant vendus à la commune d’Anderlecht (pour 15 millions). AIR souhaite installer, outre ses propres locaux, des sociétés orientéesvers le multimédia, une boutique macrobiotique, un cinéma d’art et d’essai, une galerie d’art, un resto, une librairie spécialisée et… un centre d’hébergementpour polyhandicapés.
Un palais de l’art de vivre avec le soupçon social nécessaire qui dénote avec la réalité du quartier qui l’entoure – et frise l’indécence – n’ont pasmanqué de souligner les détracteurs du projet.
S’il s’agit d’un bon bol d’air pour l’école vétérinaire, ainsi sauvée des promoteurs immobiliers, la nouvelle n’a pas fait que des heureux. A commencer par les habitantsdu site, locataires de l’ULg, prévenus par voie de presse qu’ils allaient devoir quitter les lieux sans autre forme de procès. Aujourd’hui, une quarantaine de personnes vivent outravaillent sur le site, sans compter les enfants, parents et professeurs de l’école protestante implantée dans un bâtiment de l’école vétérinaire etl’association d’artistes multidisciplinaires «Projection Caliban» qui collabore avec le secteur associatif et éducatif ainsi qu’avec certaines entreprises en relation avec lequartier.
Tout un petit monde qui s’étonne aujourd’hui de ne pas avoir été prévenu par les propriétaires, en l’occurrence l’ULg, ni associé sous quelque forme que cesoit au projet : «Nous constatons que malgré de nombreuses (et infructueuses) tentatives de prise de contact, nous avons été identifiés comme catégoriefranchement négligeable, systématiquement tenus à l’écart et privés d’informations : c’est-à-dire privés d’avenir. Jamais nous n’avons eu laprétention de nous approprier le site. Mais nous n’avons pas non plus à nous considérer comme des locataires-chancres ou des concierges-kleenex, jetables après quelquesannées de gardiennage bénévole. Les lieux ne nous ont pas été gracieusement prêtés, tous les locataires du site paient un loyer.»1
Bien décidés à ne pas se laisser faire, les occupants de l’ancienne école vétérinaire ont créé «la Fondation Vétés» 2afin de faire entendre leurs voix et valoir leurs droits. Plusieurs actions dénommées «Bonjour, madame colère !» ont été entreprises fin janvier afind’interpeller les autorités politiques : peinture sur toile, inauguration d’une fresque murale, journée portes ouvertes, création d’un site internet3, etc. Le 2 févrierune délégation du secrétaire d’état régional Tomas, en charge du dossier, viendra sur le site et rencontrera les habitants. «Une réunion qui, onl’espère, permettra de faire entendre nos revendications et de connaître le sort qui nous est réservé», explique Carlos Ramirez, membre de la FondationVétés. «Et si après cette rencontre, ils n’ont toujours pas compris qu’ils devaient tenir compte de nous, nous poursuivrons nos actions ». D’ores et déjà, descontacts qualifiés de positifs se nouent avec la société AIR mais à la Fondation on ne crie pas encore victoire.
1 Extrait du communiqué de presse du 17/01/99 de la « Fondation Vétés ».
2 Fondation Vétés, rue des Vétérinaires 51 à 1070 Bruxelles, tél. : 02/520 87 26 (Corinne Szliwowski – Carlos Ramirez), e-mail :projection.caliban@skynet.be
3 Adresse du site internet : http://www.geocities.com/soho/village/9320/
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