2008 est l’Année européenne du dialogue interculturel1. Une occasion pour les pays membres, ici la Communauté française, de braquer les projecteurs surdes initiatives – pas nécessairement nouvelles – qui favorisent l’intégration mais aussi le dialogue et la coexistence des cultures.
Le rendez-vous était fixé aux Halles de Schaerbeek pour un après-midi de rencontre avec les projets francophones labellisés dans le cadre de cette annéeeuropéenne. « Je n’ai pas voulu créer de nouvelle ligne budgétaire pour cet appel à projets, a expliqué Fadila Laanan, ministre de la Culture àla Communauté française (PS)2. Il s’agit au contraire de mettre en évidence des actions qui fonctionnent parfois depuis plusieurs années dans le cadre deslignes budgétaires existantes et qui témoignent particulièrement de l’esprit d’ouverture et de dialogue interculturel. » Seules les Halles de Schaerbeek,choisies comme coordinateur francophone de l’opération, bénéficient d’un soutien spécifique.
La carte de l’ouverture
La ministre de préciser que la labellisation est toujours ouverte aux candidatures3. Pour les projets labellisés, il s’agit d’une reconnaissance et d’unecarte de visite. De plus, à travers la plate-forme Internet ouverte à cette occasion, ils peuvent présenter leurs initiatives, y partager leur agenda et se mettre enréseau avec des initiatives partout en Europe. Une opportunité d’articuler les différentes échelles, du local à l’international.
Aux antipodes de l’Europe forteresse, le projet porté par la DG Culture et Éducation de la Commission européenne s’adresse à tous les résidents surle territoire des 27 États membres. Nul besoin d’être citoyen patenté – donc en possession de papiers d’identité – pour être pris en comptedans les actions mises en évidence. Il en va ainsi des classes-passerelles organisées depuis 10 ans à l’École professionnelle de Namur. Les jeunesréfugiés y sont scolarisés dans des groupes d’apprentissage durant 6 ou 12 mois en fonction de leur maîtrise du français, avant de rejoindre une classerégulière. L’établissement délivre chaque année une quarantaine de certificats d’admissibilité qui favorisent l’intégration de cesjeunes aux origines diverses.
Sensibiliser le public et aller plus loin
Certes l’opération de ce 11 juin aux Halles a un caractère essentiellement médiatique. Mais elle permet de mettre en évidence des initiatives qui traduisent unesprit d’ouverture, de dialogue, de construction collective d’une culture et d’une société communes. Pourquoi gâcher son plaisir ? D’autant que des suitessont prévues.
Au niveau francophone, le ministre de l’Enseignement obligatoire, Christian Dupont (PS)4, associé à l’initiative, en a profité pour annoncer son appelà projets « Actions de dialogue interculturel ». Les établissements scolaires de l’enseignement obligatoire qui décident d’inscrire de telles actions dansle cadre des cours d’ouverture aux cultures pourront solliciter un soutien de 500 euros (cf. Télex Appel àcandidatures : dialogue interculturel dans l’enseignement obligatoire).
Au niveau européen, la DG Culture considère l’Année comme un marchepied pour développer son action au sein des institutions européennes. « Si lebudget de l’Année est de 10 millions d’euros, il faut aussi compter avec les effets boule-de-neige escomptés à travers d’autres grands programmes européensdans lesquels nous allons continuer à inscrire les principes du dialogue interculturel », a expliqué Monica Urian De Sousa, policy officer à la DG Culture. Comme parexemple, le programme Apprentissage tout au long de la vie, qui s’étale sur sept ans et dont le budget total est de 7 milliards d’euros. »
N’y a-t-il pas une contradiction, en cette année du dialogue interculturel, à voir le parlement européen adopter la directive « retour » qui prévoitnotamment la possibilité de détenir les étrangers illégaux durant un maximum de 18 mois (cf. Télex Vote au Parlementeuropéen de la directive « Retour » ) ? Selon Monica Urian De Sousa, l’Année joue la carte de l’ouverture. Que ce soit en s’adressant à tousles résidents européens (voir plus haut) mais aussi à travers des événements paneuropéens et des projets avec des États non-membres de l’Unioneuropéenne. Un pari qui semble déjà payant, souligne-t-elle, puisque son rayonnement dans le monde serait, à mi-parcours, beaucoup plus importantqu’espéré initialement par la DG Culture.
Reste à formuler le vœu que cette Année du dialogue interculturel, aux antipodes du repli sur soi et de l’exclusion, ne se limite pas à un contre-feu, à unecaution humaniste de l’action générale de l’Union européenne mais soit bien plutôt son poisson-pilote.
1. Le site : www.dialogue2008.eu
2. Fadila Laanan, ministre de la Culture, de l’Audiovisuel et de la Jeunesse :
– adresse : place Surlet de Chokier, 15-17 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 213 17 00
– courriel : info.laanan@cfwb.be
– site : www.laanan.cfwb.be/index.html
3. Critères de sélection et document de candidature à l’adresse :
www.dri.cfwb.be/dialogueinterculturel.asp
4. Christian Dupont, ministre de l’Enseignement obligatoire :
– adresse : place Surlet de Choquier, 15-17 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 227 33 11
– site : www.christiandupont.be