Digit Line1, première société anonyme à finalité sociale a été mise sur pied par quatre anciens cadres de la société ContinentalPrinting devenus demandeurs d’emploi suite à la faillite de leur entreprise. Autre précédent qui la caractérise : les quatre porteurs bénéficientsimultanément d’un prêt de lancement du Fonds de participation.
En 2000, dans le cadre d’une cellule de reconversion mise en place par Archipel2, un centre de maternage pour entreprises d’économie sociale soutenu par la Région wallonne, uneétude juridique et une étude de faisabilité quand à la possibilité de créer une nouvelle entreprise d’impression ont étéréalisées. À la suite de ces études, les promoteurs prennent la décision de constituer une société anonyme à finalité sociale avecl’aide juridique, technique et relationnelle d’Archipel. Dans le montage financier, en plus du Fonds de participation3 (ex-prêt chômeur), les quatre actionnaires de la futureSA font appel à la Sowecsom4, Société wallonne d’économie sociale marchande. La demande d’intervention du fonds de participation est effectuée via le CPH(Crédit professionnel du Hainaut).
Le Fonds de participation, explique Pierre Gilles d’Archipel, a hésité assez longtemps avant de donner son feu vert, qu’il a finalement accordé non sans avoirdemandé de nombreux compléments d’information et retardé le démarrage du projet de huit mois environ. Finalement, ce sont quatre dossiers de prêts de 1.100.000francs qui ont été accordés par le Fonds aux porteurs. À cette somme s’ajoutent 5,5 millions en prêt et 4,9 millions en capital, tous deux attribués parla Sowecsom, et un leasing accordé par la société Agfa pour l’achat d’une flasheuse numérique de 11 millions. Ces sommes ont permis la création de lasociété au printemps 2001. Dont une œuvre dans les arts graphiques : conception, pré-presse et surveillance de l’impression des plaquettes, affiche, documents les plusdivers,…
La Sowecsom intervient en « pompier » ?
Mais voilà, les atermoiements du Fonds de participation, toujours selon Pierre Gilles, ont eu quelques incidences négatives puisqu’ils ont induit une perte de marché potentiel,pendant plus de huit mois pour Digit Line. En effet, les budgets « publicité » de leurs clients pour l’année 2001 sont programmés dés novembre 2000, date à laquellela société n’a pu être créée. Sans compter que les clients payant à 90 jours, il faut ± 6 mois de travail avant de prouver la viabilité del’entreprise. Malgré ces difficultés, la société a pu décrocher de gros contrats tels que le musée d’Orsay, le musée du Louvre et lechâteau de Versailles en France. Mais les difficultés ne se sont malheureusement pas arrêtées là, continue Pierre Gilles : un mandat donné au CPH pourencaisser le remboursement TVA sur les investissements au terme du 1er trimestre d’exploitation a été égaré par la banque. Le temps de s’en rendre compte, nosentrepreneurs se sont trouvés dans une difficulté importante de trésorerie puisque le remboursement TVA d’un million et demi a dû être différé de troismois, une situation scabreuse pour une entreprise encore en phase de démarrage. Digit Line a dés lors dû faire appel à la Sowecsom « dont le côté‘proximité’ avec les projets qu’ils soutiennent a grandement aidé dans ce dossier », insiste Pierre Gilles. Un CA extraordinaire s’est réuni ce lundi 22 octobre etdemande a été faite à la Sowecsom de bien vouloir attribuer un crédit de pont de trois mois à hauteur d’un million et demi pour tirer l’entreprise del’ornière. La réponse du CA de la Sowecsom devrait intervenir dans le courant du mois de novembre.
La complexité d’une relation créancier – débiteur
Interrogé quant à lui sur ce dossier, le Fonds de participation tient à apporter son explication quant au temps pris pour traiter la demande de crédit. En substance,“Il est tout à fait inexact de dire que le Fonds a retardé le démarrage de Digit Line de huit mois environ. De plus, une des particularités du Fonds estprécisément de répondre rapidement aux demandes de prêts qui lui sont soumises et de se montrer très interactif dans leur traitement vis-à-vis desintéressés. Evidemment, d’une façon générale, le Fonds ne peut être tenu pour responsable, par exemple, de la qualité et de l’exhaustivité desdossiers qui lui sont transmis, de la rapidité des intéressés à répondre aux questions complémentaires qui leur sont posées, (…) desmodifications au projet apportées par leurs porteurs après la décision d’octroi du crédit, etc.” Suit une page d’historique circonstancié du dossier.Dont acte. Gageons que si un tel différend s’apaise, ce sera dans un lieu plus adéquat que nos colonnes…
Au-delà de ce différend manifetse, il est clair en tous cas qu’accorder en même temps quatre prêts de lancement à quatre personnes qui créent lapremière SA à finalité sociale en Belgique, cela ne peut que constituer un dossier complexe et atypique.
1 Digit Line, av. Paul Pastur 381 à 6032 Mont-sur-Marchienne, tél. : 071 29 74 70, fax : 071 29 74 71, contact : Régis Robaye.
2 Archipel, rue de Trazegnies 41 à 6031 Monceau sur Sambre, tél. : 071 32 13 57, responsable : Pierre Gilles.
3 Fonds de participation, rue de Ligne, 1 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 210 87 87, Jean-Pierre Remacle.
4 Sowecsom, société wallonne d’économie sociale marchande, Immeuble Bibot Place Léopold 3 à 5000 Namur, tél. : 081 24 01 31, fax : 071 24 01 50, e-mail: mcolpe@sriw.be, contact : Michel Colpé.
Archives
"Après quelques difficultés de démarrage, Digit Line, S.A. à finalité sociale, prend enfin son envol"
catherinem
22-10-2001
Alter Échos n° 107
catherinem
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