Dans l’édito de son numéro précédent, paru fin janvier, Alter Echos conviait Milan Kundera et son essai philoso-fictif intitulé «La lenteur». Dans celui-ci, l’auteur tchèque se figure un marcheur qui, souhaitant se rappeler quelque chose, ralentirait son pas… L’image était belle pour notre magazine puisqu’il s’agissait d’annoncer par ce biais son changement de périodicité dès le numéro 516, passant de mensuel à bimestriel (un numéro tous les deux mois). Le tout pour privilégier une information encore plus posée, de fond, privilégiant l’enquête et l’analyse. Une information qui, outre ce ralentissement, bénéficierait aussi d’une refonte profonde du magazine en termes de rubriques, de formats d’écriture, d’illustrations. Fruit d’un an de travail et de réflexion, cet Alter Échos nouveau annoncé avec gourmandise, vous le tenez aujourd’hui dans vos mains. Nous sommes convaincu(e)s qu’il constitue un vrai saut qualitatif et espérons qu’il sera à même d’affronter les défis journalistiques qui nous attendent, nous et nos collègues de la presse ayant également décidé de prendre le temps.
Car les enjeux sont nombreux pour la presse et, pour rester sur l’image du cheminement, rattrapent notre secteur à la vitesse d’un marathonien: pas – trop – vite certes, mais sur la longueur et avec constance. Il y a l’explosion des coûts de production, la disparition des librairies (un problème pour nous, qui sommes attachés au format papier), la concurrence des réseaux sociaux et de leur «information» qui n’en a que le nom, et, en Belgique, la fin brutale et sauvage de la concession à BPost pour la distribution des journaux et magazines. Une situation qui nous pousse aujourd’hui à convier un autre auteur et journaliste, américain cette fois-ci: Hunther S. Thompson. En 1983, dans son ouvrage intitulé Le marathon d’Honolulu, il écrivait ceci: «Le journalisme est un passeport pour voir le monde, pour s’impliquer personnellement dans les ‘nouvelles’ que les gens voient à la télé – ce qui est chouette, mais ce n’est pas avec ça qu’on paye le loyer, et les gens qui ne payent pas leur loyer dans les années 80 vont avoir des ennuis. Nous entrons dans une décennie ignoble, un moment darwinien qui ne sera pas une partie de plaisir pour les free-lances.»
Fruit d’un an de travail et de réflexion, cet Alter Échos nouveau annoncé avec gourmandise, vous le découvrez aujourd’hui. Nous sommes convaincu(e)s qu’il constitue un vrai saut qualitatif et espérons qu’il sera à même d’affronter les défis journalistiques qui nous attendent, nous et nos collègues de la presse ayant également décidé de prendre le temps.
Certes, libre à vous de voir dans cette tirade une plainte corporatiste, nombriliste. Nous y voyons plutôt une analyse lucide et annonciatrice d’une situation touchant un nombre de plus en plus important de personnes, dépassant très largement le petit cercle des plumitifs. Une situation où des pans de plus en plus importants de la population se retrouvent fragilisés et qu’Alter Échos se propose de décrypter depuis sa naissance en 1995. La refonte de notre magazine a pour objectif de poursuivre cet effort et de l’améliorer, tout en espérant garder à distance les ennuis évoqués plus haut. Un effort pour lequel nous espérons (on vous le demande pour la dernière fois, c’est promis) compter sur votre soutien. Lisez-nous, abonnez-vous, parlez d’Alter Échos et de ses amis de Kiosque autour de vous!