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Regard critique · Justice sociale

Emploi

BAPA, et pourquoi pas un emploi?

À Bruxelles, l’insertion professionnelle se limite à une orientation en fin de parcours. Pourtant, les attentes des primoarrivants sont nombreuses en la matière dès le départ.

Pierre Jassogne 13-02-2017 Alter Échos n° 439
Avant même d'atteindre le BAPA, les chemins de la régularisation sont parfois impénétrables.

À Bruxelles, l’insertion professionnelle se limite à une orientation en fin de parcours. Pourtant, les attentes des primoarrivants sont nombreuses en la matière dès le départ.

Six mois après son lancement, Bapa Bruxelles cherche sa vitesse de croisière. Notamment pour l’insertion socioprofessionnelle. «En effet, le volet 2 du parcours vient de commencer pour certains de nos bénéficiaires», explique Christelle Sermon, sa directrice. C’est lors de ce volet qu’une orientation d’insertion socioprofessionnelle est prévue. Mais avant cela, les demandes sont nombreuses. «Lors du bilan social (volet 1 du parcours), la question de la formation et de l’emploi est récurrente», ajoute-t-elle. Le bilan social consiste dans l’identification des besoins (logement, revenus, soins…) et des acquis de la personne. «C’est à ce moment que la question de l’emploi et de la formation apparaît. Outre l’analyse de la situation sociale, on demande à la personne si elle a déjà exercé un emploi. On lui pose des questions sur sa formation, les études suivies…», poursuit Christelle Sermon. Les accompagnateurs sociaux du Bapa orientent aussi les bénéficiaires vers Actiris ou Bruxelles Formation, les missions locales ou des associations (par exemple, la Centrale de l’emploi, des associations de quartier…) qui aident à la rédaction de CV, à leur préparation à un entretien d’embauche… «On prend les contacts préalablement pour orienter les personnes vers ces différents services. À ce niveau, la coordination s’est mise facilement en place. C’est un processus en train de se construire, il faut le reconnaître», ajoute la directrice du Bapa.

Du côté de Via, la structure mise en place à Schaerbeek et à Molenbeek, la question de l’insertion socioprofessionnelle vient loin après l’apprentissage de la langue ou le cours de citoyenneté. «Sur cet aspect, on n’a pas encore assez recul. Pour cause, nos bénéficiaires viennent à peine d’avoir un titre de séjour ou n’ont pas encore de permis de travail… admet Janaki Decleire, de Via. Sur nos 800 bénéficiaires, une vingtaine d’entre eux finissent leur parcours. Ceux qui sortent se tourneront d’abord vers de la formation.»

Des dispositifs saturés

Malgré tout, une des priorités pour Via à l’avenir concerne la valorisation des compétences de ses bénéficiaires. «Il faut insister parce qu’on se retrouve devant un public qui avait une vie professionnelle et qui, arrivant chez nous, repart à zéro. On commence à miser là-dessus, vu la demande pour l’accompagnement à la création d’entreprise par exemple, en expliquant les aspects du statut indépendant à notre public… Des contacts se prennent, se construisent… Mais normalement nous ne sommes là que pour orienter vers d’autres services compétents en matière d’emploi et de formation», poursuit la directrice.

«Le parcours d’accueil vise l’information sur la réalité du pays et la formation linguistique. Côté flamand, il s’agit davantage d’un outil qui facilite l’accès au marché du travail», Sylvie de Terschueren, Ciré

C’est d’ailleurs sur ce plan-là que les différences se marquent entre les dispositifs flamand et francophone bruxellois. Pour le premier, il existe un volet d’insertion socioprofessionnelle avec un accompagnement actif, un responsable du VDAB qui rencontre le primoarrivant et un dispositif de formations à l’emploi. Côté francophone, seule une orientation est prévue. «Le parcours d’accueil vise l’information sur la réalité du pays et la formation linguistique. Côté flamand, il s’agit davantage d’un outil qui facilite l’accès au marché du travail», constate Sylvie de Terschueren, au Ciré. Quant à l’orientation socioprofessionnelle au sein des Bapa, celle-ci est jugée peu efficace. «Les dispositifs vers lesquels sont renvoyés les primoarrivants sont fortement sollicités, voire saturés. Outre de ne pas toujours maîtriser les arcanes juridiques liés au travail des étrangers, ils s’adressent surtout à des personnes pas ou peu qualifiées alors que les primoarrivants ont tendance à être qualifiés», analyse encore Sylvie de Terschueren.

En savoir plus

Alter Échos n°413, «Primoarrivants : où t’es, Bapaoutai?», Cédric Vallet, 25 novembre 2015.

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste

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