Le dernier sommet européen, à Barcelone les 15 et 16 mars, a fait une nouvelle fois, comme l’ont rappelé des centaines de milliers de manifestants, la preuve dudécalage de plus en plus grand entre les politiques développées au niveau européen et les aspirations des citoyens. Le désormais traditionnel rendez-vous duprintemps a mis à l’honneur la flexibilité comme clef de la compétitivité européenne. Les chefs d’État et de gouvernement rejoignent en quelquesorte les vues du patronat européen et des gouvernements italien, espagnol et britannique sur cette priorité pour atteindre le plein emploi en 2010.
La flexibilité, la Confédération européenne des syndicats (CES) l’accepte pour répondre aux exigences de la compétitivité, mais rejette enrevanche la logique du tout-au-marché. Elle a vu ses craintes confirmées à Barcelone. Entre parenthèses, l’équilibre entre social, emploi et économie : lalibéralisation de l’UE est donc en marche et le social a clairement été relégué au second plan à Barcelone loin derrière les réformeséconomiques comme l’ouverture des marchés de l’électricité et du gaz.
Making work pay
Les résultats modestes au rayon social se traduisent par des généralités répétées depuis plusieurs mois déjà.1 Dès le 7 mars, leConseil Emploi et Affaires sociales, qui n’avait pas trouvé d’unanimité sur la manière d’aborder le volet social/emploi en vue du sommet de Barcelone, avaitdonné le ton. Le seul accord qui s’était dégagé portait sur la grande majorité des dispositions concernant le statut de la sociétécoopérative européenne avec deux questions en suspens : l’éventuelle introduction d’un seuil en termes de nombre d’employés de l’entreprise pourl’application de la directive, et le maintien du droit, là où il existe, des représentants des travailleurs d’être membres et de voter àl’assemblée générale coopérative. Le reste des accords atteints porte sur un encouragement au maintien des travailleurs âgés en activité et surla participation des partenaires sociaux au bon fonctionnement du marché du travail.
À Barcelone, les Quinze ont décidé de poursuivre leurs efforts en matière (para)fiscale, dans les systèmes de prestations «afin de rendre le travail payant etde promouvoir le processus de recherche d’un emploi afin de protéger les demandeurs des pièges de la pauvreté et du chômage». Les systèmes de formationdes salaires devraient tenir compte «des liens entre l’évolution des salaires et les conditions existant sur le marché du travail». Dans ses conclusions, laprésidence espagnole a retenu trois domaines prioritaires :
> les politiques actives visant le plein emploi,
> une stratégie pour l’emploi renforcée,
> la promotion des qualifications et de la mobilité dans l’Union européenne
Les travailleurs âgés et les femmes
Pour anticiper les futures pénuries d’emploi, les États membres sont par ailleurs invités à décourager les incitations à la retraite anticipée.D’ici 2010, l’UE va tenter de repousser à 63 ans l’âge moyen de la retraite contre 58 ans actuellement. Les freins à l’emploi des femmes vontégalement être desserrés. Pour y parvenir, les États membres devront mettre en place des structures d’accueil (des crèches) pour 90% au moins des enfants ayantentre 3 ans et l’âge de l’obligation scolaire. Au moins 33% des enfants de moins de 3 ans devraient donc pouvoir bénéficier de ces structures.
Si le deuxième tableau de bord sur le suivi de l’agenda social, approuvé par la Commission le 20 février dernier2ý a permis d’évaluer les progrèsréalisés en matière de politique sociale européenne, les craintes du secteur social et de réseaux européens comme EAPN (European Anti Poverty Network) sur lamarginalisation actuelle des questions sociales ne sont certainement pas apaisées après Barcelone.
1 Les conclusions de la présidence sur le sommet de Barcelone sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.europa.eu.int/index_fr.htm
2 Une présentation synthétique de ce rapport est disponible à l’adresse suivante : http://www.europa.eu.int/comm/employment_social/news/2002/mar/042_fr.html
philippe
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