Si la pauvreté ne peut se résumer à quelques chiffres, le baromètre social bruxellois, publié chaque année, constitue néanmoins une bonne prise depouls. Et autant le dire d’emblée, la cuvée 2009, pas plus que les précédentes, n’annonce d’embellie, bien au contraire…
La cinquième édition du Baromètre social bruxellois1 vient de paraître. Cet outil d’aide à la décision politique a pour premier objectifd’alimenter le débat relatif à la lutte contre la pauvreté en Région bruxelloise au Parlement bruxellois. Nous publions ici une partie du résumé de ceBaromètre rédigé par l’Observatoire de la Santé et du Social Bruxelles-Capitale2. Les constats sont pour le moins préoccupants…
Les problèmes financiers
Plus d’un Bruxellois sur 4 vit avec un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté (878 € par mois pour un isolé). La plus grande vulnérabilitéfinancière de la population bruxelloise s’explique par le grand nombre de Bruxellois n’ayant pas de revenu du travail. Environ 30 000 ménages bruxellois reçoivent unRIS ou un équivalent RIS du CPAS, plus de 90 000 Bruxellois reçoivent une allocation de chômage et 11 500 personnes âgées reçoivent une garantie de revenu auxpersonnes âgées.
Environ un Bruxellois sur 10 connaît des retards de paiement pour des équipements de base. 40 % des Bruxellois ne peuvent se permettre de prendre une semaine de vacances hors de lamaison. Le capital santé des personnes qui vivent dans la pauvreté est précocement détérioré.
En 2008, le taux de chômage à Bruxelles reste deux fois plus élevé que dans le pays. Malgré une baisse du nombre de demandeurs d’emploi inoccupésparmi les jeunes de moins de 25 ans entre 2006 et 2008, ce groupe reste le plus vulnérable. Un tiers des jeunes adultes bruxellois qui se trouvent sur le marché de l’emploi est auchômage. Les signaux positifs du précédent baromètre social en termes d’insertion des jeunes sur le marché du travail sont réduits à néantpar l’évolution du chômage dû à la crise. Pour la première fois depuis 20 ans, Bruxelles a franchi le cap des 100 000 chômeurs en août.
Retard scolaire et faible qualification
Le retard scolaire et le faible niveau de formation des jeunes Bruxellois sont dès lors particulièrement préoccupants. La moitié des jeunes dans l’enseignementsecondaire a au moins un an de retard scolaire. En 5e année, le retard scolaire concerne près de 8 élèves sur 10 dans l’enseignement technique etprès de 9 sur 10 dans l’enseignement professionnel. La part des jeunes quittant prématurément l’école (avec au maximum un diplôme de l’enseignementsecondaire inférieur) est bien plus élevée en Région bruxelloise que dans le reste du pays. Plus d’un garçon bruxellois sur quatre quitte l’écoleprématurément ; chez les filles, la proportion est d’une sur cinq, ce qui reste néanmoins plus élevé que dans le reste du pays. Parmi les jeuneschômeurs bruxellois, 44 % ont quitté prématurément l’école.
L’accès au marché du logement devient de plus en plus
problématique. Entre janvier 2008 et janvier 2009, le nombre de logements sociaux n’a augmenté que de 12 unités, alors que le nombre de ménages sur la listed’attente a augmenté de 4 000. Un isolé bénéficiant d’un RIS doit consacrer sur le marché locatif privé plus de la moitié de son revenu auloyer d’un appartement sans chambre à coucher et sans confort de base.
Un peu plus d’un tiers des enfants et jeunes bruxellois grandissent dans une famille sans revenu du travail. En 2007, 28 % des bébés bruxellois sont nés dans unménage sans revenu du travail. Ces enfants ont deux fois plus de risque d’être mort-né ou de décéder dans le premier mois de la vie que ceux d’unménage avec 2 revenus. Les familles monoparentales sont également très vulnérables : elles sont les plus atteintes par le chômage (de longue durée), 60 % desenfants et des jeunes d’une famille monoparentale grandissent dans un ménage sans revenu du travail. 17 % des bébés sont nés en 2007 d’une mèreisolée, environ un quart des enfants et jeunes bruxellois grandit dans une famille monoparentale.
Enfin, les inégalités sociales au sein de la Région bruxelloise restent très prononcées. Les 10 % de déclarations fiscales les plus élevéesreprésentent 35 % du revenu imposable total. Entre la commune la plus pauvre et la commune la plus aisée, le revenu moyen par déclaration est deux fois plus faible.
1. Vous pouvez consulter ou télécharger gratuitement le texte intégral du Baromètre social 2009 sur le site de l’Observatoire de la santé et dusocial : www.observatbru.be (News) ou (publications/thème pauvreté/rapports sur l’état de lapauvreté).
2. Dont les auteurs sont Truus Roesems et Gille Feyaerts de l’Observatoire.