Le projet de 600 logements avec commerces et horeca sur le site de l’ancien hôpital de Bavière est à l’arrêt depuis fin 2008. L’accord de principed’une oxygénothérapie politique pour ranimer un projet novateur est pourtant acquis, et la validité du permis d’urbanisme pour la première phase du chantier aété prolongée d’un an. L’échevin de l’Urbanisme Michel Firket1 (CDH) menace le groupe immobilier hollandais Heijmans propriétaire dusite d’une taxe pour terrain à l’abandon.
En décembre 2008, le promoteur anversois Himmos annonçait le gel « temporaire » du projet de six cents logements pour mille cinq cents personnes, aveccommerces, bureaux et horeca, sur le site de 5,3 ha de l’ancien hôpital de Bavière, en Outremeuse à Liège. Mais la SA Himmos, filiale à 100 % du groupeimmobilier hollandais Heijmans, ne s’est pas relevée de la crise financière et immobilière de fin 2008 et s’est désengagée du projet. La friche,déserte depuis le déménagement en 1985 du CHU au Sart-Tilman, abrite depuis septembre 2009 et encore pour un an le chapiteau pour les représentations del’Opéra royal de Wallonie (ORW) en rénovation. Le projet Bavière de 130 millions d’euros, financièrement cautionné en 2006 par Fortis et fort d’unfeu vert à l’urbanisme en février 2008 pour une première phase de deux cents logements, est-il encore viable ? En janvier 2010, la validité du permisd’urbanisme – limitée à deux ans – a été prolongée jusque février 2011. « Au-delà de cette date, le permis serapérimé », s’inquiète l’échevin Michel Firket. Il demande une réunion de travail « endéans ce mois de septembre »avec le groupe hollandais Heijmans désormais propriétaire du terrain,« car nous n’avons plus de nouvelles depuis un an, hormis de rares courriers avec propositions peucrédibles de rachat du site [NDLR 6,250 millions d’euros] et du projet. Le chantier peut débuter avant que l’ORW ne quitte Bavière. Si Heijmans ne réagitpas – soit en commençant les travaux, soit en vendant la friche, il sera taxé en 2011 pour terrain à l’abandon ».
L’échevin rappelle qu’un accord de principe [NDLR donc, non obligatoire] prévoit l’intervention de la Spaque (Société d’aide publiqueà la qualité de l’eau) pour la dépollution du site de remblais industriels du 18e siècle, ainsi que la définition par la Ville d’unpérimètre de revitalisation urbaine avec à la clé 1 euro de subsides régionaux pour 1 euro investi. À cela s’ajoutent les charges de voiries« qui reposent uniquement sur les épaules du privé – avec répercussions sur le coût de construction et le prix de vente des logements »,explique Cédric Libert, architecte à l’agence Anorak2, lauréate en 2006 (avec les bureaux Poponcini&Lootens et Driesen-Meersman-Thomaes et le paysagistefrançais Michel Desvigne) de l’appel à intérêts de la Ville de Liège pour le projet du nouveau « quartier » Bavière. Michel Firketn’exclut pas une intervention de la Ville, sans toutefois se prononcer davantage : « C’est un projet privé, dit-il. Il faut d’abord unpromoteur ! »
Un projet novateur
L’asbl Urbagora3 a organisé dernièrement une conférence sur Bavière. Pour le président de l’asbl François Schreuer, « laquestion n’est pas de savoir si ce projet novateur est viable mais comment le rendre viable, par exemple via la fiscalité ». Mais en quoi ce projet est-il novateur ?Cédric Libert parle d’un « modèle de qualité de vie en ville avec quatre espaces publics dont un parc pour des animations, et un jardin, terrasse ou balconprivé pour chaque logement (maisons, appartements, studios) ». La friche est ceinturée par la rue des Bonnes Villes et le boulevard de la Constitution à circulationlocale, et par le quai de la Dérivation en bordure d’eau – entrée urbaine de l’autoroute de Maastricht. Une façade d’habitations sur trois à sixétages serait construite le long de la rue et du boulevard, comme raccord au quartier de dix mille habitants et en écho au bâti des deux artères du 19esiècle. Par contre en bordure de Dérivation, les bâtiments d’environ rez +10 seraient perpendiculaires à l’eau « pour, explique Cédric Libert,permettre aux gens qui traverseront (les bâtiments en îlots ne seront pas contigus) « ce grand jardin habité » de prendre conscience de l’eau. C’est peu ordinaire :d’habitude à Liège, les immeubles sont parallèles à l’eau ». Mais, jusqu’à présent, c’est… le projet qui està l’eau.
1. Échevinat de l’Urbanisme :
-adresse : rue Feronstrée, 94-96 à 4000 Liège
– tél. : 04 221 93 74
– courriel : echevin.firket@liege.be
2. Anorak :
– adresse : rue de Flandre, 121 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 732 18 56
– courriel : info@anorak.be
3. Urbagora :
– adresse : rue Pierreuse, 19/21 à 4000 Liège
– site : http://urbagora.be