Les 25, 26, 27 septembre, le festival Bessst prend ses quartiers à Bruxelles, à l’initiative de l’association Citizenne. Ce festival investit la ville pour y créer plus d’espaces de rencontres et de calme. Il invite à vivre la ville à un rythme adapté à l’échelle humaine. Rencontre avec l’un des organisateurs, Philippe Renders. Propos recueillis par Manon Legrand.
Alter Échos: Par «Bessst», on entend «Be still», «soyez calme». Est-il si urgent de ralentir à Bruxelles?
Philippe Renders: Le nom est un clin d’œil. Il peut paraître un peu impératif, mais nous ne voulons pas donner d’ordre. Il s’agit d’inviter au calme et à la lenteur dans la ville. Un chiffre de l’Institut Fédéral de santé publique m’avait interpellé il y a un an. 40% des Bruxellois souffriraient de problèmes psychologiques divers. Les chercheurs établissaient notamment comme causes le stress et le manque d’espace en ville, par rapport au milieu rural. On veut concentrer l’attention sur cette problématique pendant un week-end.
Alter Échos: Le festival commence le vendredi avec une ouverture festive: un concert de Safar Republique suivi par DJ Red Bamboo et VJ Coax. Pas très calme tout ça…
Philippe Renders: En effet, on commence avec une ouverture festive! On a demandé aux groupes de donner leur propre interprétation de la thématique, ils ont carte blanche. Mais soyons clairs, le calme et le silence, qui prennent aussi une place importante dans notre projet, ne signifient pas l’absence de son. C’est la même chose pour le calme visuel, qui ne veut pas dire l’absence totale de stimuli visuels. Le calme visuel et le calme auditif se traduisent en fait par le rejet de sons et de bruits qu’on ne veut pas entendre.
Alter Échos: Comme la pollution sonore des voitures par exemple? Cela sera-t-il abordé dans le festival?
Philippe Renders: Explicitement pas, mais la mobilité douce sera abordée durant le festival à travers les tours à vélo et les ballades que nous proposons. Nous proposerons aussi des «slow talks» avec les experts, notamment une conférence sur le silence et l’urbanisme, qui amènera à réfléchir comment on peut penser la ville en y amenant plus de calme et de silence.
Alter Échos: On parle aujourd’hui de «slow journalism», de «slow food». Le «slow» est en fait un mouvement global, une revendication pour un autre modèle de société. Comment cela va-t-il transparaître dans le festival?
Philippe Renders: Par les débats, les rencontres entre les gens pour que de nouvelles idées émergent. Avec le festival, on veut aussi donner un signe aux responsables politiques pour montrer que c’est une thématique qui vit. Notre priorité est d’abord d’inspirer des gens en leur montrant les alternatives qui existent déjà dans ce sens dans la ville.
Alter Échos: Lesquelles?
Philippe Renders: Le tour à vélo Slow Economy permettra de les découvrir. Il présente plusieurs initiatives urbaines qui proposent un nouvel équilibre entre les aspects économiques, sociaux et écologiques, comme le Parckfarm. C’est un ancien espace en friche entre Molenbeek et Laeken, de l’autre côté du canal, réaménagé en parc public et potager. Il permet de reconnecter les habitants de la ville et la nourriture en proposant des paniers de légumes cultivés en périphérie de la ville.
Alter Échos: Le festival propose aussi des installations artistiques pour quitter quelques minutes le chaos urbain. On pourra notamment avoir la tête dans les nuages…
Philippe Renders: C’est une installation de l’artiste Suzanne Groothuis, liée au concept de calme visuel. Elle a créé plusieurs nuages à partir de matériel de récup’. Ses installations sont au Botanique et à la Place de Brouckère. On met sa tête dans le nuage et on y trouve un périscope qui concentre notre vue sur un point spécifique du lieu. Une manière de se défaire de tous les stimuli visuels de la ville et de savourer quelques instants le calme et le bien-être.
En savoir plus
http://www.bessst.be/
Le QG de l’événement est à Tour et Taxis. Les activités sont gratuites. Workshop et promenades à prix libre. Activités en néerlandais ou bilingues