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Regard critique · Justice sociale

Culture

Bouillon de lectures

La Fédération Wallonie-Bruxelles compte 162 bibliothèques publiques sur son territoire, des lieux essentiels pour développer les pratiques de lecture, notamment auprès des jeunes. Un public très demandeur aussi de lieux comme les bibliothèques pour venir étudier. Les professionnels de la lecture publique l’ont bien compris et jouent, à l’échelle de leur territoire, un rôle qui va bien au-delà du prêt de livres.

(c) Teresa Sdralevich

Depuis son inauguration en juin 2023, le B3, ou Centre de ressources et de créativité de Liège, ne désemplit pas. Après un an de service, la barre des 425.000 visiteurs était dépassée. Avec une moyenne quotidienne de 2.000 personnes, on ne pourrait mieux résumer un succès exceptionnel pour un lieu qui l’est tout autant. Une espèce de diamant à double face, aussi impressionnant à l’extérieur qu’à l’intérieur, de 15.000 m3 étendus sur cinq étages dédiés à la lecture, à la créativité et au numérique, occupés majoritairement par le Centre de ressources qui vient remplacer la bibliothèque des Chiroux.

Un lieu qui contraste avec le quartier dans lequel est situé cet écrin, celui de Bavière en Outremeuse. Un quartier populaire en pleine revitalisation. «Ce quartier, c’est un village. Tout se sait vite, raconte Alexandra Pezzin, bibliothécaire responsable des pôles enfant et jeune au B3 et qui habite le quartier depuis vingt ans. J’avais peur que les habitants du quartier ne viennent pas. Or, ils sont venus en nombre. Et ils continuent de venir, alors que ce n’était pas le public que nous rencontrions aux Chiroux. Au départ, impressionnés par le bâtiment, ils se demandaient même s’il ne fallait pas être membre pour pouvoir y entrer. Une fois que certains ont franchi le pas, la magie du lieu a fait le reste.»

Un enjeu de cohabitation

Tables de lecture, espaces de travail, mobilier contemporain, vue panoramique, chacun peut trouver sa place et occuper son temps comme il l’entend. Le B3 se définit d’ailleurs comme un «tiers lieu», c’est-à-dire pas uniquement une bibliothèque, mais aussi un lieu de vie, entre le domicile et le travail, pour faire simple. Un lieu de vie que de nombreux jeunes se sont approprié. Notamment pour étudier. Le B3 propose une salle d’études avec 120 places.

Après un an de service, la barre des 425.000 visiteurs était dépassée. Avec une moyenne quotidienne de 2.000 personnes, on ne pourrait mieux résumer un succès exceptionnel pour un lieu qui l’est tout autant.

«Mais les jeunes sont plus nombreux qu’on ne l’avait imaginé, confie Bénédicte Dochain, directrice de la Lecture publique à la Province de Liège. Et ils s’installent plus longtemps.»

Notamment en période d’examens avec, certains jours, des records d’affluence de plus de 7.500 visiteurs. La directrice avoue même avoir été complètement prise de court par cette affluence. «Les jeunes ne se concentrent pas uniquement dans l’espace qui leur est consacré, mais ils occupent l’ensemble des espaces. La moindre place disponible est prise.»

Avec tout l’enjeu qu’est la cohabitation de différents publics dans un centre de ressources. «Comme on dit, un public chasse l’autre…, continue Alexandra Pezzin. On s’est retrouvé par moments avec une cohabitation difficile entre les usagers habituels confrontés à des jeunes qui travaillaient, parlaient en même temps… À ce niveau-là, on est encore en rodage.»

Travailler sur le contenu

Chaque jour, ce sont 1.300 emprunts en moyenne qui se font au sein du centre de ressources – soit 340.000 par an pour un catalogue d’environ 600.000 documents. Mais il ne faut pas imaginer des rayonnages surchargés. Là aussi, une vaste réflexion accompagne la métamorphose du lieu: des classements raisonnés, thématiques, ne présentant qu’une partie de la collection, histoire de susciter la curiosité des publics, peu importe l’âge.

«Il y a eu un gros travail autour des collections, avec une sélection plus resserrée, en effet», poursuit Alexandra Pezzin. «On travaille plus sur le contenu, sur le partage de ce contenu avec le public, renchérit Bénédicte Dochain. Il y a une évolution de notre métier qui se retrouve dans l’évolution du lieu, celui de la médiation, du plaisir et de la découverte de l’objet culturel. En étant un centre de ressources, notre objectif est de montrer tout le potentiel d’une œuvre, peu importe son médium – le livre restant la demande principale.»

Chaque jour, ce sont 1.300 emprunts en moyenne qui se font au sein du centre de ressources – soit 340.000 par an pour un catalogue d’environ 600.000 documents. Mais il ne faut pas imaginer des rayonnages surchargés.

Dès l’entrée, le premier espace visible est celui justement destiné aux jeunes. Dans l’agencement de cet espace, ce qui frappe, avant même les livres, c’est l’espace gaming. «Le travail du bibliothécaire est d’être à la pointe de l’information, de la documentation. C’est important de s’adapter à son public. Il faut être à l’affût de tout ce qui sort, de tout ce qui passe. En cela, l’intégration du jeu vidéo est hyper-novatrice…», constate Alexandra Pezzin.

Le fait de proposer du jeu vidéo a aussi permis de lutter contre certains clichés à l’égard d’une bibliothèque: «‘Ah, vous proposez tout cela!’, nous disent-ils fréquemment. Cela a amené un nouveau public qui avait peut-être jusque-là une image tronquée d’une bibliothèque, relève la bibliothécaire responsable des pôles enfant et jeune. Personnellement, cette idée de recourir aux jeux vidéo dans un centre de ressources ne me serait jamais venue, mais cela répond à un besoin de la population, et si on travaille bien, on peut les amener à autre chose…»

Comme au livre? «On n’y est pas encore, reconnaît Bénédicte Dochain. En une année, on a vu émerger de nouveaux usages, sur lesquels nous devons continuer à travailler.»

«Je reste persuadée que, dans un lieu comme celui-là, où en s’installant, on voit d’autres jeunes prendre du plaisir avec un livre, une BD, il y a, à la longue, un déclic qui se produit…», continue Alexandra Pezzin.

Franchir les barrières

Ce déclic, c’est aussi le vœu du Gazomètre, la nouvelle bibliothèque provinciale du Hainaut, situé à La Louvière. «Oser» est d’ailleurs le mot d’ordre de la plus grande bibliothèque de la province.

«Oser, c’est aussi réaffirmer notre mission: faciliter l’accès à la lecture et à l’écrit sous toutes ses formes et de toutes les manières, en amenant les usagers à réfléchir sur n’importe quel support. Ce qui permet de soutenir une citoyenneté responsable et critique», précise Laurence Leffèbvre, bibliothécaire dirigeante au Gazomètre.

Mais avant tout cela, il faut aussi «oser» franchir les barrières – «et il en reste», selon la bibliothécaire – pour venir en bibliothèque. «Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte de toute l’offre présente en bibliothèque et qui va bien au-delà du prêt de livres», indique Laurence Molle, cheffe de division au Gazomètre.

«Oser, c’est aussi réaffirmer notre mission: faciliter l’accès à la lecture et à l’écrit sous toutes ses formes et de toutes les manières, en amenant les usagers à réfléchir sur n’importe quel support. Ce qui permet de soutenir une citoyenneté responsable et critique».

Laurence Leffèbvre, bibliothécaire dirigeante au Gazomètre.

Une mission d’autant plus cruciale que le Gazomètre se situe dans un quartier, comme à Liège, en pleine revitalisation. «C’est une chance, c’est aussi une difficulté. Avec un nouveau public, parfois en souffrance sociale et pour lequel la lecture n’est pas la préoccupation principale», constate Laurence Leffèbvre.

Avant son déménagement, la bibliothèque était implantée dans les «beaux» quartiers de La Louvière, «avec un public davantage acquis, ou du moins plus facilement, explique Laurence Molle. Ici, on se retrouve dans un quartier populaire, avec une population plus défavorisée, avec une cité sociale juste derrière la bibliothèque, un abri de jour… On est en train de prendre la mesure de ce changement, de la population qui nous entoure, et de se dire qu’il va falloir changer notre façon de travailler, avec une approche différente de celle qu’on menait auparavant».

Le Gazomètre a aussi été victime de son succès, au point de faire la une de la rubrique «faits divers». Le site a été confronté au passage régulier de personnes centrées sur d’autres préoccupations que la lecture, des personnes détentrices de stupéfiants. Des difficultés réglées à présent par une série de mesures, privilégiant la prévention et le dialogue: présence d’une société de gardiennage, recours aux éducateurs de rue pour que ce lieu culturel reste un endroit où tous les visiteurs se sentent bien. «On ne s’attendait pas à devoir gérer ce type de problèmes», reconnaît Laurence Molle.

Récupérer des lecteurs

Avec ce déménagement, la bibliothèque a été repensée entièrement, en misant sur trois espaces (adultes, adolescents, enfants), avec des salles de lecture, de réunion, des ateliers créatifs, une ludothèque… «On a listé tout ce qui nous manquait à l’instar d’un espace ados», résume Laurence Leffèbvre.

Auparavant, la bibliothèque provinciale se trouvait dans deux implantations: l’une pour la jeunesse et l’autre pour les adultes. «On perdait beaucoup de lecteurs à partir de 12 ans. Les ados avaient bien du mal à se retrouver dans une bibliothèque moins ‘adaptée’ à leurs usages parce que davantage pensée pour les adultes. Cela nous désolait de perdre cette tranche de la population», raconte Laurence Molle.

Avec le déménagement, en se retrouvant dans le même bâtiment, l’équipe du Gazomètre a davantage travaillé ce lien entre l’espace adultes et jeunesse, en créant entre les deux, un espace ado.

Comme à Liège, les jeunes viennent chercher au Gazomètre un lieu tranquille pour étudier. «Une des premières questions quand ils arrivent, c’est le code pour accéder au wi-fi…, plaisante la cheffe de division. Au moment des examens, la bibliothèque s’est en outre retrouvée face à une masse d’étudiants. On a rencontré trop d’étudiants par rapport à l’espace disponible.»

Avec le déménagement, en se retrouvant dans le même bâtiment, l’équipe du Gazomètre a davantage travaillé ce lien entre l’espace adultes et jeunesse, en créant entre les deux, un espace ado.

Parfois, entre la conception d’un lieu et la réalité de ses usages, il y a une marge qui n’est pas négligeable… À La Louvière, certains espaces ont dû rapidement se réinventer afin de répondre aux besoins des jeunes, notamment pour étudier.

«On avait une salle de lecture avec de nombreux ouvrages de référence (encyclopédies, beaux livres…), lesquels étaient peu consultés car, désormais, le réflexe est de chercher sur internet. On se retrouvait avec de grands rayonnages, mais peu utilisés. Or, les jeunes cherchaient des espaces pour étudier… explique Laurence Molle. On a donc cherché à concilier ce besoin d’espace et cette collection d’ouvrages de référence, en les mettant en prêt, ce qui nous a permis de repenser la salle de lecture et de répondre à cette demande des jeunes.»

Faire des miracles

Contrairement à celles de Liège ou de La Louvière, la bibliothèque de Rochefort n’a pas subi un coup de lifting. Qu’à cela ne tienne, avec un peu d’imagination, on peut parfois faire des miracles… Et attirer les jeunes. «On avait un espace jeune, mais il était tout au fond de la bibliothèque, il fallait passer par la section adulte, avant d’y accéder. Ce n’était pas vraiment agréable», se souvient Damien Collin, coordinateur de la bibliothèque communale.

Par ailleurs, la salle de lecture avec les encyclopédies n’avait plus vraiment d’utilité. «On a alors pris ce grand espace et on a tout switché, tout déménagé, en faisant le tri parmi les livres. On a repensé le lieu avec la maison des jeunes afin de coller au plus près aux besoins des ados.»

La chance de la bibliothèque communale est qu’elle est située à côté de la gare des bus. «C’est donc un lieu de passage, avec bon nombre d’étudiants. S’ils veulent juste venir, il y a du wi-fi, de l’espace pour travailler… On constate qu’ils sont de plus en plus présents, et pas seulement quand il pleut.» En plus, Damien Collin présente les activités proposées par la bibliothèque aux deux écoles secondaires de la commune. «Faire entrer les jeunes dans la bibliothèque, leur montrer les lieux, leur rappeler qu’il ne faut pas s’inscrire pour venir, c’est un message essentiel.» Avec deux ETP au sein de la bibliothèque, il faut savoir tout faire pour rester au contact des lecteurs. Notamment en allant dans les écoles, et dès le plus jeune âge. «Les enfants sont un déclencheur pour attirer leurs parents en bibliothèque. Même si ce ne sera qu’une fois.»

«Faire entrer les jeunes dans la bibliothèque, leur montrer les lieux, leur rappeler qu’il ne faut pas s’inscrire pour venir, c’est un message essentiel.»

Damien Collin, coordinateur de la bibliothèque communale.

Rochefort est une commune rurale très étendue. D’une entité à une autre, il peut y avoir 20 minutes pour traverser toute la commune. En termes de mobilité, il n’y a pas le choix: il faut souvent une voiture. «Pour les personnes qui n’en ont pas, c’est plus compliqué de venir jusqu’à nous. D’où l’importance de travailler avec les écoles afin de toucher le plus de monde.»

Un métier qui change

Damien Collin constate comme ses collègues que le métier change, car les besoins changent. «On ne peut plus se contenter d’acheter un livre et de le proposer simplement aux lecteurs. Si on fait cela, on ferme la bibliothèque dans cinq ans. Raison pour laquelle il faut aller au-devant des besoins des jeunes, il faut aller à leur contact…»

Du côté des professionnels du secteur de la lecture publique, on observe aussi ce changement en Fédération Wallonie-Bruxelles. «Les bibliothèques sont vraiment en pleine mutation: changement autour des collections, de leur sélection comme de leur présentation, pour mieux et plus emprunter, changement de mission, changement de métier…», résume Laila Boukharta, directrice de l’Association des professionnels des bibliothèques francophones de Belgique qui regroupe et qui agit pour les professionnels de la lecture et de la documentation en Belgique francophone.

«Les bibliothèques sont vraiment en pleine mutation: changement autour des collections, de leur sélection comme de leur présentation, pour mieux et plus emprunter, changement de mission, changement de métier…»

Laila Boukharta, directrice de l’Association des professionnels des bibliothèques francophones de Belgique

De quoi amener plus de jeunes aux livres? «Cela reste la mission principale des bibliothèques, à savoir amener les jeunes à développer des compétences langagières, précise Laila Boukharta. Ces compétences se développent de mille façons, sans devoir lire Zola. La bibliothèque n’a pas un rôle prescripteur, l’important, c’est le lien qui peut se tisser autour d’un objet culturel comme le livre…» Le manga est souvent une clé pour y parvenir. «De plus en plus de bibliothèques développent des collections, alors que certaines étaient encore résistantes, faute de place ou de budget.»

Un moment crucial

Mais l’adolescence reste un moment crucial pour les bibliothèques. «C’est le moment où on ‘perd’ les jeunes», reconnaît encore Laila Boukharta.

«C’est pourtant à la fois très simple, et très compliqué de les attirer en bibliothèque, renchérit Diane Sophie Couteau, directrice faisant fonction du Service Lecture publique en Fédération Wallonie-Bruxelles. Là où cela se passe très bien, la bibliothèque a compris ce que les jeunes attendaient d’un lieu comme celui-là. Là où on a installé des espaces gaming, où on propose du manga… C’est gagné en quelque sorte… Évidemment, on n’attire pas tous les jeunes avec cela.»

Pour attirer les ados en bibliothèque, le travail avec les écoles reste hyper-important. «Mais il doit se faire avant l’adolescence car si on vient à la bibliothèque, à ce moment-là, par le biais de l’école, c’est foutu…», poursuit Diane Sophie Couteau.

«Le secondaire reste un partenaire compliqué», ajoute Laila Boukharta. L’argument des enseignants, c’est le manque de temps. «Le défi est de voir comment les bibliothèques, en allant au-devant des besoins des enseignants et des élèves, peuvent s’inclure dans un programme scolaire», continue la directrice de l’Association des professionnels des bibliothèques francophones.

«C’est tout le travail du bibliothécaire d’aller en dehors des murs, d’aller dans les lieux que fréquentent les ados pour comprendre leurs attentes», ajoute Diane Sophie Couteau.

Une évolution qui s’inscrit d’ailleurs de façon décrétale. Le décret, datant de 2009, «relatif au développement des pratiques de lecture et à l’organisation du réseau de la lecture publique», a en outre subi quelques modifications en 2023 pour inscrire le subventionnement non plus dans une logique de prêts de livre, mais dans une logique de maillage du territoire et d’offre de lecture à une population donnée. En allant en dehors des murs…

«C’est tout le travail du bibliothécaire d’aller en dehors des murs, d’aller dans les lieux que fréquentent les ados pour comprendre leurs attentes»

 Diane Sophie Couteau, directrice faisant fonction du Service Lecture publique en Fédération Wallonie-Bruxelles

 

Pour être reconnue par la Fédération Wallonie-Bruxelles, chaque bibliothèque doit faire l’analyse de son territoire, généralement une commune, même si ce n’est pas la généralité.

«Parfois, on a l’impression d’avoir bien fait l’analyse, et puis il y a une catastrophe comme les inondations en 2021. Cette catastrophe a montré que sur certains territoires, certains publics passaient en dehors des radars alors qu’ils avaient pourtant bien besoin d’une bibliothèque», relève Diane Sophie Couteau.

Raison pour laquelle il serait trop simple de réduire le métier de bibliothécaire au prêt de livres. «Leur rôle s’articule davantage dans un projet de cohésion sociale, d’éducation permanente à l’échelle d’un territoire. Il faut dès lors s’adapter aux demandes des publics», insiste la directrice f.f. du Service Lecture publique. Et de prévenir pour l’avenir: «Si une bibliothèque publique se cantonne à être un centre de prêt, c’en sera fini des bibliothèques…»

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste (social, justice)

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