L’îlot Stévin fait souvent parler de lui. Depuis plus de 20 ans, le quartier connaît une situation des plus précaires. Un rappel du contexte s’avèrenécessaire.
En 1971, 4 îlots sont expropriés pour l’extension des institutions européennes; 10 ans plus tard, la construction des bâtiments est entreprise ailleurs. Entretemps, lagestion des ilôts a été confiée, dès 1974, à la Régie des bâtiments (Etat fédéral)et, de nouveau baux «à titreprécaire» ont été rédigés (1977). En 1985, deux îlots sont mis en vente par la Régie. La même année, le conseil communal bruxelloisprend la décision de procéder à un échange de propriétés avec le Gouvernement fédéral, les magasins du Palais des Beaux Arts (PBA) contrel’îlot 3 (Stévin), et d’entreprendre la rénovation de l’îlot avec des susbsides régionaux (115 millions). En 1987, un changement politique au sein du conseil communalentraîne de nouvelles décisions : revente de l’îlot au groupe immobilier CEI et transfert des 115 millions à la rénovation de la caserne des pompiers de la place duJeu de Balles (logements). L’année suivante, l’échange de propriétés de 1985 paraît au Moniteur (îlot Stévin pour la ville, contre magasins PBA), avecun solde de 66,5 millions à payer par la ville. En 1992, après cinq ans de tiraillements juridiques, la CEI se retire. Deux ans plus tard, les habitants lancent le projet d’un rachatcollectif de l’îlot avec les aides du Fonds bruxellois du logement. La Région se prononce négativement et la Ville n’appuie guère le projet.
L’année 1997 verra un début de déblocage de la situation, à la suite, entre autres, de la semaine d’action de la Fondation Sens Unique. En juillet, le conseil communalbruxellois (qui n’a toujours pas payé les 66,5 millions) annule les actes d’échange. De son côté, le ministre fédéral de la Fonction publique, AndréFlahaut, (compétent pour la Régie des Bâtiments) «refuse de signer l’annulation à la demande des habitants. De ce fait, explique Gerben Van den Abbeele du Brusselseraad voor het Leefmilieu (Bral)1, le ministre fait une demande au Comité de Quartier Stévin/Joseph II et au Bral d’examiner les possibilités d’intervention qui garantissent lefutur de l’îlot 3 et de ses habitants».
Le Bral travaille avec le Kapputt – qui occupe une partie de cet îlot – comme avec le Comité de quartier. Le premier se préoccupe surtout des maisons vides au travers de sonprojet CLASSE (Convivialité, Libertés et Actions Sociales de Sensibilité Européenne), le second s’intéresse surtout aux maisons habitées. «Lacoordination de ces deux associations n’est pas toujours aisée, remarque Gerben Van den Abbeele, il faut savoir concilier les intérêts des deux. La seule solution qui sedégage est de présenter un projet commun à la Ville de Bruxelles. Ce projet est prêt, il porte le nom de «Logements célestes / Woongerief» et viseà développer la solidarité au sein du quartier».
Ce projet intéresse divers acteurs du logement. «Tout d’abord les habitants qui peuvent acheter leurs maisons, ensuite le Foyer bruxellois, qui est prêt à racheter desimmeubles pour en faire des logements sociaux. Le Secrétaire d’Etat au Logement, Eric Tomas, désire intervenir à travers le Fonds du logement, lequel pourrait concéder desprêts hypothécaires avantageux. Seule une minorité d’habitants s’y oppose, comme on l’a vu lors de l’agression – à coups de barres de fer -, d’un des responsables duKaputt. Mais, il faut reconnaître que ces agresseurs relèvent plutôt des milieux criminels : la revitalisation du quartier nuit à leurs intérêts».
Au niveau communal, des discussions ont lieu avec Claude Michel, échevin des Finances et des propriétés, qui a reçu un mandat du collège échevinal bruxelloispour trouver une solution pour la réaffectation de l’îlot. Celui-ci a toutefois demandé aux habitants de ne rien faire tant que le problème de la propriété nesera pas arrangé. «La Ville veut redevenir propriétaire de l’îlot pour la revendre au marché, déclare Gerben Van den Abbeele. L’ échevin estime larénovation du quartier à 700 millions, tandis que nous, au Bral, sur base des avis de
trois architectes, estimons celle-ci à 200 millions. Notre scénario semble le plus plausible, vu l’intérêt de différents intervenants et la possibilitéd’obtenir des primes à la rénovation pour l’îlot».
Enfin, s’inscrivant en partie dans cette optique, le groupe CLASSE2 a appelé la commune à prendre ses responsabilités, au cours d’une conférence de presse le 8 avrildernier. D’une part, il demande que la Ville «prenne en compte les propositions du Foyer Bruxellois et du Fonds du Logement», et que, d’autre part, «une réponseénergique soit donnée aux faits de violence et que la police de Bruxelles agisse à chaque fois qu’ils se répètent» – celle-ci n’ayant pasréalisé «les devoirs d’enquête les plus élémentaires» suite à l’agression récente.
1 Bral, Vandendriesschelaan 11 à 1150 Bruxelles, tél.: 02/771 65 29, fax : 02/771 11 81.
2 Rue Saint-Quentin 12 à 1000 Bruxelles, tél./fax : 02/230 36 14.
Alter Échos
Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !
Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web.
Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus,
notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité,
et pour répondre à notre mission d'éducation permanente.
Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous !
Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)
Sur le même sujet
Les plus consultés
- Violences sexuelles, l’injuste prix
- WhatsApp à l’école: qui a eu cette idée folle?
- Communautés d’énergie,
menacées par les entreprises? - «Derrière les adultes à la rue, il y a des enfants qui trinquent.»
- La livraison de colis, enjeu politique en devenir
- Bouillon de lectures
- Le cancer du poumon,
une maladie de pauvres?