Collaborations, concertations, partenariats, plates-formes… en Wallonie comme à Bruxelles, nombre d’initiatives locales réunissent autour de projets communs des personnes issues de secteurs très différents. Avec au centre de leurs préoccupations, les jeunes. Aujourd’hui, l’un des enjeux du Plan jeunesse, et plus particulièrement de l’un des groupes de travail mis sur pied pour soutenir son élaboration, le groupe de travail 6, est de favoriser ces dynamiques locales de transversalité : encourager « l’animation territoriale du travail de jeunesse », la légitimer, sans corseter l’innovation.
Pour Bernard Mathieu, chef de cabinet adjoint de la ministre de la Jeunesse Évelyne Huytebroeck, l’enjeu est de taille : « Il s’agit de répondre à un besoin de réenchanter les politiques de Jeunesse ». L’animation territoriale pourra-t-elle, à elle seule, remplir cette mission ? Peut-être pas, même si « l’importance de travailler en alliance avec d’autres » semble s’imposer à tous. Cette rengaine, on l’entend même depuis des années. Le travail en réseau est aujourd’hui devenu un impératif. D’où la prolifération des dispositifs qui, à l’intersection de l’action publique et de la vie associative, parsèment nos territoires.
Mais ces initiatives peuvent être fragiles, beaucoup dépendent de l’énergie d’individus prêts à faire bouger les lignes. Souvent faites d’une addition de couacs et de malentendus, elles sont chronophages et doivent faire face à des obstacles administratifs et financiers. Travailler ensemble, ce n’est pas évident. C’est apprendre à parler un langage commun. C’est confronter des logiques d’action différentes, voire contradictoires. C’est réussir à dépasser les concurrences, que ce soit en termes de captation des publics, mais aussi des subsides.
L’ambition poursuivie par le groupe de travail 6 était donc de faciliter les logiques intersectorielles, qu’elles émergent de l’associatif ou qu’elles soient issues de dispositifs institutionnels qui tentent avec plus ou moins de succès de rapprocher les secteurs. Ses participants ont examiné les freins et les difficultés du travail en réseau à la lumière d’une douzaine d’initiatives de terrain et en ont tiré une série de propositions destinées à lever ces barrières. Ce tiré à part d’Alter Échos prolonge et illustre ces réflexions. Une démarche qui devrait intéresser tous les secteurs, puisque chacun se trouve confronté à un moment ou à un autre aux limites de son action et est amené à aller frapper à la porte de son voisin.
Mais soyons clairs. Non seulement la transversalité n’est pas la panacée. Mais surtout, elle n’est pas un but en soi. Elle est un moyen. Un moyen pour gérer des situations complexes, pour tenter de prendre en compte une situation de manière holistique, pour boucher les « vides » laissés par les pouvoirs publics. Il ne s’agit donc pas de « faire de la transversalité pour faire de la transversalité ». Les initiatives présentées dans ce tiré à part en sont la preuve : derrière la nécessité de plus de coordination entre les acteurs, des besoins concrets se font sentir, des enjeux se posent. Des besoins de plus en plus criants, liés à l’augmentation de la précarité, à un enseignement en crise, à la transition entre l’école et un marché de l’emploi de plus en plus exigeant… Des enjeux de gestion commune des espaces publics, d’expression et de citoyenneté… C’est bien à ces besoins et à ces enjeux qu’il convient de répondre, en expérimentant les pratiques les plus adéquates.
La promotion du travail en réseau semble être l’expression de nouveaux rapports entre État et monde associatif, des rapports au sein desquels les pouvoirs publics délèguent au terrain une certaine dose de liberté, mais aussi de responsabilité. C’est donc également aux pouvoirs publics, Autres secteurs confondus, de prendre leurs responsabilités face aux enjeux de la jeunesse, notamment en donnant aux professionnels de ces différents secteurs les moyens d’agir en concertation.