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Bruxelles : étude sociologique sur la situation catastrophique des Roms

Les Roms, ou Tziganes d’Europe de l’Est, sont environ 20.000 en Belgique et traînent le plus souvent une réputation sulfureuse. En Région bruxelloise, ils sontentre 5.500 et 7.000. Koen Geurts, du Regionaal Integratiecentrum Foyer Brussel (RICFB) a réalisé une étude sur leur situation sociale, étude dont les résultatssont publiés ce mois-ci1. L’étude en question constitue une première et porte sur des aspects multiples : enseignement, santé, logement, emploi, culture.Outre les Roms eux-mêmes, des travailleurs sociaux, des enseignants et des policiers qui entrent régulièrement en contact avec eux ont également étéconsultés.

07-10-2004 Alter Échos n° 172

Les Roms, ou Tziganes d’Europe de l’Est, sont environ 20.000 en Belgique et traînent le plus souvent une réputation sulfureuse. En Région bruxelloise, ils sontentre 5.500 et 7.000. Koen Geurts, du Regionaal Integratiecentrum Foyer Brussel (RICFB) a réalisé une étude sur leur situation sociale, étude dont les résultatssont publiés ce mois-ci1. L’étude en question constitue une première et porte sur des aspects multiples : enseignement, santé, logement, emploi, culture.Outre les Roms eux-mêmes, des travailleurs sociaux, des enseignants et des policiers qui entrent régulièrement en contact avec eux ont également étéconsultés.

Les Roms de Bruxelles viennent majoritairement de Roumanie, le « solde » venant de Bulgarie, d’ex-Yougoslavie ou de Slovaquie. Ils ne peuvent par conséquent pasprétendre à l’asile politique. La plupart (80 à 90 %) sont en séjour illégal et ont déposé un recours devant le Conseil d’État. Ilsn’ont donc pas droit à l’aide sociale, ni aux allocations familiales, ni à un travail, mais presque tous séjournent en Belgique de manière permanente. Letableau que Koen Geurts dresse des Roms de Bruxelles n’a pas grand-chose à voir avec celui d’un pays développé. La plupart des enfants roms fréquentent desécoles francophones à forte concentration d’immigrés et présentent des retards scolaires. Ces retards ont souvent déjà étéaccumulés dans le pays d’origine. Les enfants ne fréquentent en général pas du tout la maternelle, et très irrégulièrement l’écoleprimaire. En Roumanie, les statistiques sont accablantes : un enfant rom sur trois termine ses études primaires, un sur seize des études secondaires et pratiquement aucunn’accède à l’enseignement supérieur. Selon Koen Geurts, la situation n’est guère différente à Bruxelles, où aucune des directionsd’écoles consultées ne se souvenait d’un diplômé rom du secondaire. En fait, la plupart des parents n’ont eux-mêmes pratiquement pas faitd’études, et sont dans une logique de survie et de débrouille à court terme.

Le logement : un des points les plus noirs de l’étude

Koen souligne que l’âge critique pour les jeunes se situe entre 12 et 14 ans. L’âge où l’on devient adulte dans la société rom : lesgarçons doivent commencer à aider le père à gagner de l’argent, les filles à aider la mère pour les tâches ménagères. Le tableauest également assez sombre en ce qui concerne la situation sanitaire. En Europe de l’Est, les Roms affichent, par rapport aux statistiques globales, une mortalité infantilequintuple et une espérance de vie inférieure de 15 ans à la moyenne. Selon Koen Geurts, à Bruxelles, les Roms vivent rarement plus vieux que 55 ans. En Belgique, laplupart des familles comptent au moins une personne handicapée ou affectée d’une maladie grave, laquelle sera souvent liée à la situation de précarité: les cas de tuberculose ou d’hépatite sont nombreux. Pour la santé aussi, l’attitude dominante est de parer au plus pressé : on ne va à l’hôpitalque pour des cas désespérés, on arrête la prise de médicaments dès que les symptômes ont disparu. Le régime peu diététique, letabac et l’alcool n’arrangent rien. Koen Geurts décrit toutefois la situation sanitaire des Roms de Bruxelles comme « mauvaise mais pas dramatique ». Le point le plusnoir, selon l’étude, c’est le logement. Souvent une seule pièce pour toute une famille, sans eau courante ni électricité.

L’étude veut attirer l’attention du monde politique sur la situation des Roms, « parce que, de toute façon, ils vont rester, avec ou sans papiers. Quant aux Roms,ils demandent un statut spécial, qui leur donne enfin un endroit où ils puissent rester.»

(D’après De Morgen et De Standaard.)

1. L’étude existe en version française et est vendue 10 euros (+ frais d’envoi). Elle peut être commandée par courrier électronique à stephanie.krebel@foyer.be – tél. : 02 609 55 65.

Catherine Daloze

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