Pour sa deuxième édition, BruXitizen a opté pour la formule du forum ouvert qui laissait l’initiative des débats aux premiers intéressés : les jeunes. Mais ce festival citoyen bruxellois pour les jeunes n’a pas drainé le public prévu.
Le soleil est au rendez-vous, le café bien chaud… Tout est prêt en ce 24 octobre afin de recevoir les participants à la seconde édition de BruXitizen. Ce festival, organisé par l’Agence Alter, a pour objectif d’aborder des sujets jugés importants pour les 18-35 ans et, plus spécifiquement, la place des jeunes dans la ville. Le tout en les mettant à contribution par le biais d’une réflexion menée sous forme de forum ouvert. Pourtant, à 9 h 30, le festival devrait débuter, mais… on attend. Et pour cause : le nombre de jeunes participants est moindre qu’escompté. L’horloge tourne malgré tout et les organisateurs décident de démarrer. Après tout, « les personnes qui sont présentes sont les bonnes personnes », nous rappelle-t-on !
Pourquoi un forum ouvert ?
Afin de stimuler la réflexion et la participation au cours du festival, les organisateurs ont choisi la méthode du forum ouvert. C’est Martin Ophoven, facilitateur de BruXitizen, qui a orchestré cette méthode qu’il compare à l’improvisation théâtrale : « Les gens construisent quelque chose qu’ils n’avaient pas prémédité. Cet imprévu, on le retrouve dans le forum ouvert. On parle de choses très sérieuses, dans la bonne humeur, via un point de vue que l’on construit tous ensemble ». L’innovation sociale est donc de mise.
Les organisateurs se sont basés sur un constat issu de la première édition du festival : « Arrêtons de croire qu’on sait ce qui intéresse les gens. Grâce au forum ouvert, on cherche la diversité d’approches sur des questions pertinentes », explique Martin Ophoven. Priorité donc à la discussion informelle, sous forme d’ateliers dont les thèmes sont suggérés par les participants eux-mêmes. Autour du thème proposé, certains participants se proposent donc comme incitateurs. Ils invitent ensuite les autres participants à leur atelier, à une heure et un endroit précis. Les incitateurs devront alors animer la discussion, tout en veillant à laisser la parole à tous les membres du groupe ainsi constitué. Un groupe dont la taille peut varier. Il leur faudra aussi noter les points saillants de la discussion. À la fin de chaque atelier, un rapport sera rédigé pour prévoir un plan d’action.
Des profils variés
Parmi les personnes qui déambulent dans les couloirs, on retrouve des profils variés. Citons l’exemple d’Oliver, libre les deux jours et fortement intéressé par les questions de société. « J’ai été mis au courant du BruXitizen via l’émission Utopia, sur la radio La Première », raconte Oliver. Ou encore celui d’Ali, responsable d’une asbl et qui souhaite lutter contre les préjugés envers les jeunes : « La plupart des participants ont un message à faire passer via leur participation », explique-t-il. Ali a ainsi essayé de mobiliser des jeunes de son asbl pour participer au festival, sans succès.
Faire bouger les jeunes reste une gageure… Et si « l’Agence Alter n’est pas une organisation qui travaille au quotidien avec des jeunes », explique Aude Garelly, directrice de l’Agence, les acteurs jeunesse disent eux-mêmes avoir des difficultés à mobiliser ce public qui est pourtant le leur. Autre piste pour expliquer la faible participation : le forum s’est déroulé pendant la semaine. En conséquence, la plupart des étudiants et des travailleurs ne pouvaient être au rendez-vous durant les deux jours. D’où la présence de jeunes travaillant dans le social ou bien des étudiants encouragés par leur école ou leur maison de jeunes à venir participer. Cependant, Aude Garelly note aussi que « des événements de ce type se déroulant le week-end n’attirent pas nécessairement plus de jeunes ».
Selon la directrice, une piste pourrait être d’organiser le forum ouvert durant une journée, mais plusieurs fois par an. Chaque forum traiterait ainsi de thèmes différents et deviendrait un lieu de rendez-vous régulier pour les participants. « Ce nouveau dispositif pourrait être testé à petite échelle, avant d’être étendu », précise Aude Garelly. Elle estime également que le forum pourrait viser des jeunes de moins de 18 ans.
Des jeunes et quelques politiques
Outre les jeunes participants, des représentants des bailleurs de fonds du projet étaient présents pour soutenir la démarche. Des organismes, publics et privés, ont en effet aidé l’Agence Alter pour lui permettre d’organiser BruXitizen.
Jérémie Drouart, conseiller politique de Christos Doulkeridis, ministre-président de la Cocof et, notamment, en charge de l’Enseignement (Ecolo), s’est ainsi déplacé jusqu’à la Tricoterie pour assister à l’événement BruXitizen. Selon lui, « les jeunes sont les acteurs de la société de demain, il faut les conscientiser aux problèmes de société ». Il souligne qu’il est important de proposer aux jeunes de participer à des événements comme le forum ouvert. Détail important, selon lui : il faut que cette participation ne se déroule pas dans un cadre scolaire, afin de garantir que les élèves puissent s’exprimer librement. Un constat qu’appuie Aude Garelly : « Les directeurs d’écoles ne sont pas toujours enclins à laisser leurs élèves participer à un dispositif « libertaire », comme le forum ouvert. »
Évelyne Huytebroeck, ministre du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles chargée entre autres de la Jeunesse et de l’Aide à la jeunesse, s’est aussi rendue au festival. Pour elle, il y a convergence entre les objectifs de BruXitizen et les missions que rencontrent quotidiennement les organisations de jeunesse et les centres de jeunes : « Favoriser le débat, cultiver l’esprit critique du jeune, interroger son cadre… : ce sont des compétences humaines que je ne peux que soutenir en tant que ministre de la Jeunesse », explique-t-elle.
Lara Leroy, Hélène Sinon, Rémi Witzel
Autour d’un thème commun, la méthode du forum ouvert permet aux participants de se proposer comme incitateurs, en proposant eux-mêmes un sujet de débat. C’est sans doute l’une des originalités du dispositif qui nécessite une implication forte des participants, à laquelle les jeunes ne sont pas habitués. Les incitateurs devront ensuite animer la discussion, tout en veillant à laisser la parole à tous les membres du groupe ainsi constitué. À noter aussi : la possibilité des participants de circuler entre les différents ateliers, la consigne étant : « si vous n’êtes ni en train d’apprendre, ni de contribuer, passez à autre chose ! ».