Les bureaux d’accueil des primo-arrivants sont pratiquement à l’arrêt en Flandre. En cause : un logiciel défaillant !
Au cours de la dernière semaine de janvier, les directions des huit bureaux d’accueil flamands (un par province plus Anvers, Gand et Bruxelles) ont envoyé une lettre conjointe, aussi sévère que chargée d’émotion, à leur ministre de tutelle, Geert Bourgeois (N-VA), l’enjoignant de trouver rapidement une solution à leur problème. En cause, un nouveau système de « suivi de clientèle » mis en place depuis le mois de décembre et baptisé KBI Connect. Ce système a pour but de permettre aux bureaux d’accueil d’échanger des données avec leurs partenaires, notamment les « Huizen van het Nederlands » (en charge des cours de langue) et le VDAB, pendant flamand du Forem et d’Actiris. Mais ce logiciel, mis en place à l’initiative de Geert Bourgeois, ne fonctionne pratiquement pas alors que l’ancien système informatique a déjà été mis au placard.
Les conséquences sont lourdes, à en croire la lettre envoyée au ministre : tracasseries administratives, candidats à des cours de néerlandais renvoyés chez eux faute de disposer des bonnes attestations, cours d’orientation sociale (informations théoriques et pratiques sur le fonctionnement de la société belge) à moitié vides, rendez-vous ratés et informations sur les « clients » perdues… Contactés par le Standaard, les bureaux d’accueil ne veulent pas s’exprimer officiellement : « Le sujet est trop sensible pour l’instant » est la réponse qui est généralement donnée.
Paralysie
En off, les responsables interrogés confirment la gravité de la situation, « même si une légère amélioration a été constatée au cours des derniers jours ». Mais le mal est fait. Avec comme premières victimes, les primo-arrivants en provenance de pays de l’Union européenne qui ne sont pas obligés de suivre les parcours d’intégration mais le font sur une base volontaire. Beaucoup ont décroché au cours des derniers mois. « Que voulez-vous, quand il faut plus d’une heure rien que pour être inscrit », réagit un responsable d’un bureau d’accueil.
« Nos services sont pratiquement paralysés », lit-on dans la lettre à Geert Bourgeois.
« Inutile de dire que cela crée beaucoup d’insatisfaction parmi nos clients. Et que beaucoup de gens qui étaient motivés au départ finissent par décrocher. Les dégâts causés par le programme Connect sont énormes. L’image de notre secteur en prend un sacré coup et lorsque nous enrôlons de nouveaux clients, c’est même contre-productif : ceux qui se présentent maintenant ont peur de s’engager vis-à-vis de nous. »
Les bureaux d’accueil mettent également le ministre en garde contre « le déclin d’une offre de qualité à laquelle il avait été travaillé depuis des années ». Geert Bourgeois confirme qu’il y a de nombreux problèmes. « Nous travaillons d’arrache-pied avec notre partenaire en technologies de l’information pour trouver une solution », confirme son porte-parole Kris Snijkers. « Et nous sommes également en train de former le personnel. Il est un peu exagéré d’affirmer que des années d’efforts sont anéanties par ce problème. Et aussi de dire que des gens doivent être renvoyés chez eux parce qu’on ne parvient pas à les inscrire. Il y a déjà 2 000 contrats qui ont été introduits dans le nouveau système, ce n’est pas si mauvais, ajoute-t-il. Les problèmes administratifs rencontrés n’empêchent tout de même pas les cours d’avoir lieu. »