Signé le 14 octobre 2008, un accord-cadre pour l’emploi se donnait pour mission de créer 1000 emplois pour les jeunes. Trois ans et demi plus tard, c’est un constat d’échecqui est dressé par certains signataires.
Présenté en grande pompe (voir Alter Echos n° 261 du 3 novembre 2011 : « 1 000 nouveaux emplois pour les jeunes bruxellois ? »)par le gouvernement bruxellois et les partenaires sociaux représentés au sein du CBCES (Comité bruxellois de concertation économique et sociale), l’accord-cadres’appuyait, de diverses manières selon les parties prenantes, sur deux mesures déjà existantes : la CPE (convention premier emploi) et la FPI (formation professionnelleindividuelle en entreprise). De façon plus détaillée, les employeurs se faisaient forts de susciter au sein de leurs affiliés la création d’emplois dans le cadre deces deux mesures. Les syndicats, quant à eux, étaient censés stimuler leurs affiliés par rapport à celles-ci. Le gouvernement bruxellois, enfin, s’engageaità ce que les signataires puissent faire appel aux services compétents en matière d’emploi en demandant, notamment à Actiris, de mettre en place un outil de mesure del’utilisation des mesures CPE et FPI.
Un comité de pilotage devait également être mis en place, de même qu’une évaluation de l’accord après un an d’existence.
Entre mea culpa et charge
Aujourd’hui, l’effet d’annonce passé depuis bien longtemps, les résultats ne semblent malheureusement pas avoir suivi. Le comité de pilotage se serait réuni àquelques reprises avant de s’éteindre lentement. Le nombre d’emplois éventuellement créé est quant à lui indisponible…
Signataires de l’accord, les syndicats sont les premiers à reconnaître cet échec, même si leur diagnostic quant à ses origines est quelque peu différent.Pour Philippe Van Muylder, secrétaire général de la FGTB Bruxelles1, la raison de l’« échec total » de l’accord est avant toutà aller chercher chez les employeurs qui « préfèrent avoir recours à des stages gratuits plutôt qu’à des CPE ou des FPI ». Le syndicataurait effectué, pour ce qui le concerne, le travail d’information convenu de ses troupes.
Du côté de la CSC, par contre, on fait son mea culpa. « Je pense que l’on peut dire que nous ne sommes pas fiers, explique Myriam Gerard, secrétairegénérale de la CSC. C’est un engagement que nous ne sommes pas parvenus à rencontrer, nous avons donné des coups dans notre propre cercueil. Nous avons certessensibilisé nos troupes et nous comptions sur nos sections pour qu’elles développent des choses. Or aujourd’hui, les résultats ne sont pas là, nous nous sommespeut-être engagés un peu trop aveuglément… »
Un bel enthousiasme, mais…
Cet enthousiasme, pour tout dire peu réfléchi, est également évoqué du côté des employeurs par la CBENM (confédération bruxelloise desentreprises non marchandes). « Il est clair qu’avec ce genre d’accord, on s’emballe, mais après il faut voir si c’est applicable », nous dit-on. A sa décharge, laconfédération affirme avoir organisé des séances d’information avec les responsables des ressources humaines de ses membres, mais elle pointe un problème de taille.« La difficulté avec cet accord réside dans le fait que les deux mesures sur lesquelles il s’appuyait sont surtout taillées pour des grandes entreprises pourlesquelles il est plus facile d’engager un jeune que pour de petites structures comme il en existe beaucoup dans le non-marchand. »
Plus globalement, la marge de contrôle « bruxellois » sur deux mesures pour l’une dépendant du fédéral (CPE) et pour l’autre d’une Région deBruxelles-Capitale dont on connaît les difficultés financières aurait été maigre.
Notons qu’il nous a été impossible d’obtenir une réaction du côté de Beci (Brussels entreprises commerce and industry), autre signataire, et non des moindres,issu du cercle des employeurs.
Face à cette situation, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’éventuelle (in)utilité de certains plans, accords, pactes et autres grandes messes dont Bruxelles,tout comme d’autres régions, s’est fait une spécialité. Si Benoît Cerexhe (CDH), ministre de l’Emploi de la Région de Bruxelles-Capitale, s’est montréprêt à répondre aux questions d’Alter Echos à ce sujet, il n’a pas été possible de faire coïncider les deux agendas. Nous reviendrons sur lesujet.
1. FGTB Bruxelles :
– adresse : rue de Suède, 45 à 1060 Saint-Gilles
– tél. : 02 552 03 32
– site : www.fgtbbruxelles.irisnet.be/
2. CSC :
– adresse : ch. de Haecht 579 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 246 31 11
– site : www.csc-en-ligne.be