La Flandre a décidé par décret de faire passer une série d’enfants de l’enseignement spécial au général. Reste le problème des garderies…
À la garderie communale de Zwijndrecht (Anvers), il y a déjà longtemps que l’on accueille des enfants de l’enseignement spécial. En principe, tous les enfants, avec ou sans troubles de l’apprentissage, peuvent venir ici mais ce n’est pas toujours facile, selon la coordinatrice Hilde Heughebaert: «Nous remarquons qu’il y a des enfants qui présentent des troubles de comportement – comme l’autisme et les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité – et que, pour eux, l’accueil en groupe n’est pas idéal: trop d’agitation et pas assez de cadre structurant. Ils devraient bénéficier d’un environnement adapté mais celui-ci n’est pas nécessairement disponible.»
« Nous craignons que ce problème d’accueil inadéquat pour les enfants présentant des troubles ne fasse maintenant que s’amplifier, Hilde Heughebaert, coordinatrice de la garderie Zwijndrecht
La Flandre a voté en 2014 un décret baptisé M-decreet, qui est entré en application en septembre dernier et a eu pour effet d’envoyer 2.200 élèves de l’enseignement spécial primaire – et, avec eux, 180 membres du corps enseignant – vers l’enseignement général. Selon une estimation parue début février, un dixième d’entre eux seraient toutefois déjà retournés dans l’enseignement spécial. «Mais l’école ordinaire s’arrête à trois heures et demie et il n’y a rien de prévu pour ces élèves-là pour la suite de la journée. Nous craignons que ce problème d’accueil inadéquat pour les enfants présentant des troubles ne fasse maintenant que s’amplifier», déclare Hilde Heughebaert.
Il est possible de demander des subventions pour passer à un «accueil inclusif», avec le personnel et les équipements adaptés pour ces enfants-là, «mais cela peut prendre des années avant de les obtenir», ajoute-t-elle.
Pas si simple
Et puis cela ne marche pas à tous les coups. Julie Titeca est la mère d’un petit Ilias, 5 ans, atteint d’une maladie métabolique congénitale rare. «Mon fils souffre d’un retard mental et moteur, il peut marcher mais à peine parler. Il peut être contrarié ou même hystérique; il se soustrait soudain à la surveillance et n’a peur de rien. Il a vraiment besoin constamment d’un accompagnement individualisé», dit-elle. Ilias est dans une école de l’enseignement spécial – où cela se passe très bien pour lui – mais son école n’ouvre qu’à 8 heures alors que sa mère, qui est infirmière, commence souvent sa journée de travail à 7 h 30. À force d’entreprendre toutes sortes de démarches auprès de la Ville de Gand, des ministres et des instances concernées, elle a fini par être orientée vers les services d’accueil inclusif mais cela ne fonctionne pas pour Ilias. «Il a fréquenté plusieurs de ces structures mais cela ne dure jamais plus de deux semaines. Dans l’une d’entre elles, où il est resté cinq jours, il a même fait pleurer des membres du personnel. Certains se sont mis en congé maladie pour ne pas devoir s’occuper de lui.»
Deux autres mères, Anja Vanderhaegen et Anja Dreesen, parentes respectivement d’un garçon de 8 ans, atteint d’autisme et d’un retard général de développement, et de Loreana, 10 ans, souffrant de troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité, ont fini par créer leur propre structure, baptisée MikadOOtjes, à Maasmechelen (Limbourg). Les deux femmes ont dû adapter leur vie professionnelle en conséquence. Elles ont obtenu d’utiliser un espace au sein de l’école de leurs enfants mais MikadOOtjes fonctionne sous forme d’asbl avec des volontaires.
Nico Krols, le porte-parole du ministre flamand de l’Aide sociale Jo Vandeurzen (CD&V), insiste sur le fait que l’inclusion est l’une des priorités du gouvernement flamand, et que différentes mesures ont été prévues pour stimuler l’accueil inclusif: subventions, centres d’appui régionaux… Le ministre travaille actuellement à une note générale sur l’accueil extrascolaire avec comme objectif «un accès maximal et une participation intégrale pour tous les enfants en Flandre».
D’après De Standaard et Het Laatste Nieuws
Fil info Alter Echos, « Corine Jamar : « les mères célibataires d’enfants handicapés sont tout le temps au front », 12 février 2016, par Manon Legrand