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La société de la connaissance est autant un phénomène social qu’un facteur de développement économique. Sans oublier les implications politiques decette dynamique. En effet, comme en témoigne l’approche de la Commission européenne, « La société de la connaissance doit être prise en considérationdans le cadre de la formulation des politiques sociales et d’emploi de l’UE1 ». Ces différentes dimensions ont été abordées lors d’uneconférence sur « Le capital social et humain dans la société de la connaissance », organisée par la Commission et qui s’est tenue à Bruxelles les28 et 29 octobre 2002.
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent des leviers importants de changement social. Un apport vital pour la productivité, lacompétitivité et la qualité de l’emploi. Un tel constat revêt pourtant des accents inquiétants, comme l’a souligné la Commissaireeuropéenne, Anna Diamantopoulou : « 150 millions de citoyens européens n’ont même pas le niveau de base de l’enseignement secondaire, les taux d’abandon ausein du système scolaire atteignent jusqu’à 25 % dans certains pays, moins de 10 % des adultes participent aux actions de formation générale et professionnellecomplémentaire. » C’est donc toute la question du capital social qui est en jeu.
Acquérir de nouvelles compétences
Le capital social2érepose sur la confiance, les réseaux, sur des valeurs, des normes et sur des identités partagées qui forment la quantité et la qualitédes interactions sociales au sein d’une société. Pour Paul Resnick de l’Université de Michigan, « Ces ressources sociales rendent plus aisées laréalisation des activités professionnelles et des moments de loisirs des gens3. » Il y a trente ans, constate ce chercheur, les Américains construisaient un capital socialautour d’activités comme le bowling. Aujourd’hui, de nouveaux types de relations interpersonnelles sont à inventer pour permettre aux gens d’entrer à nouveau eninteraction pour construire davantage ce capital social reposant sur de nouvelles compétences.
Plusieurs scénarios sont évoqués quant à l’avenir du capital social. Certains considèrent son déclin comme inéluctable devant le faibledegré de confiance et les niveaux d’engagement social actuels. D’autres évoquent plutôt une transformation qu’un déclin en relation avec les innovationstechnologiques, comme Internet et le désir de plus en plus grand d’une autonomie personnelle.
Le rôle des gouvernements
Une intervention politique accrue dans ce domaine doit relever plusieurs défis comme la nécessité de mesurer ce capital social, le poids de l’histoire et des facteursculturels ou encore la finalité de l’utilisation de ce même capital social. Un ensemble d’actions pourraient toutefois être menées par les gouvernements autravers des programmes du Fonds social européen, du processus d’inclusion sociale et du dialogue social, de manière à renforcer ce capital humain et social et pourcombattre une fracture numérique de plus en plus visible. Elle porte davantage sur l’accès aux ressources et aux outils pour gérer ses propres choix que sur une questiond’accessibilité aux technologies, analyse Ilkka Tuomi4.
Des questions fondamentales
Cette conférence a soulevé des questions fondamentales : où cette (r)évolution nous conduit-elle ? Quel type de société en découlera et comments’intègre-t-elle dans un modèle durable et centré sur l’être humain, tel qu’on le conçoit dans le cadre de la politique européenne ? Quelschangements les nouvelles technologies introduisent-elles dans nos modes de vie ?
Autant d’interrogations auxquelles les découvertes issues de la recherche et des expériences pratiques ont tenté de répondre. Avec l’objectif d’ouvrir undébat et de déboucher sur des conclusions politiques.
1 Quelles implications de la constitution du capital social et humain dans la société de la connaissance en vue des politiques d’emploi et d’inclusion sociale ?,Commission européenne, DG emploi et Affaires sociales, octobre 2002 ( EMPL/G3/LPW/RS/mb-D(02)73090).
2 Social capital, a discussion paper, Performance and Innovation Unit, avril 2002. On peut se procurer ce document par email : stephen.aldridge@cabinet-office.x.gsi.gov.uk ou par fax : 02 276 1407.
3 Beyond bowling together : socio technical capital. Ce document en langue anglaise peut être obtenu à l’adresse mail suivante : presnick@umich.edu
4 le texte de son intervention peut être obtenu par mail : Ilkka.Tuomi@irc.es