À l’heure où la nouvelle composition du Conseil communautaire de l’aide à la jeunesse (CCAJ) vient d’être officialisée, un bilan de fin demandature s’imposait. Pour dresser le bilan de cet organe de réflexion et de consultation de l’aide à la jeunesse et esquisser quelques perspectives, nous avons interviewéBernard De Vos1, vice-président du précédent CCAJ.
Pour Bernard De Vos, le CCAJ est un groupe de travail qui devrait se donner plus d’envergure malgré les freins inhérents à la structure. « En effet, lefonctionnement du CCAJ n’est pas toujours aisé, sa structure est lourde (57 membres) et souvent lente. L’absentéisme des membres y est un réel problème et ledéfaut de suppléance (nomination de membres effectifs uniquement) entretient l’absentéisme. De plus, les matières sur lesquelles un avis doit être rendun’intéressent pas automatiquement tous les représentants ; les matières à débattre sont parfois tellement spécifiques et la composition du CCAJtellement diversifiée (syndicats, représentants de fédérations, de l’ONE, des CPAS, de la recherche scientifique, de la magistrature,…) qu’il estdifficile de mobiliser chacun sur chaque thème. La fonction d’animation des séances, rôle qui a été tenu par le président Pierre Rans2,précise Bernard De Vos, est capitale dans le dynamisme à inculquer à cet organisme. »
À propos du fonctionnement de cet organe, le cabinet Fonck3 tient à préciser qu’une coproposition va être faite au CCAJ (demande qui sera aussi faite augouvernement de la Communauté française) sur la question de la suppléance ainsi que sur l’organisation du timing pour rendre les avis. Un travail au niveau durèglement d’ordre intérieur est également prévu.
Quand satisfaction rime avec anticipation
Lors du débriefing qui s’est déroulé à la dernière séance du CCAJ, Bernard De Vos y a relevé un sentiment de satisfaction des membres qui està mettre en lien direct avec des avis qui ont été rendus de manière spontanée, c’est-à-dire pas à la demande d’un cabinet. « Par exemple,le CCAJ a rendu d’initiative un avis sur le décrochage scolaire, sur la PLP 414, ce qui a vraiment été accrocheur pour les mandataires. »
Et d’ajouter que « les enjeux des avis habituellement rendus sont certes respectables, non négligeables » mais, selon l’ex vice-président, le CCAJ devraitêtre plus « militant », plus « ambitieux », prendre d’initiative des matières d’actualité. Il suggère : « le CCAJ devrait prendrela balle au bond et se positionner au plus vite sur les propositions émises, par exemple, dernièrement, sur la politique en matière de mineurs délinquants. Ainsi le CCAJserait un organe « aiguillon » pour les matières de l’aide à la jeunesse. Et de suggérer par exemple, de remplacer les « divers » de l’ordredu jour par des « questions d’actualité » et de ne plus glisser ce point en fin de séance « quand l’assemblée est sur le point de partir ».
Point de vue partagé par Marc Coupez et Yves Polomé, représentants du cabinet Fonck, qui voudraient également agir sur la capacité d’anticipation du CCAJ.« D’autant que le monde politique a des avis différents sur l’aide à la jeunesse et que ces divergences constituent un des nœuds pour un accord politiqueà venir. Le CCAJ aurait ainsi, selon le cabinet, avantage à promouvoir sa proactivité, à prendre position sur les questions soulevées dans le secteur. »
« Sur la question de la réforme des AMO (services d’aide en milieu ouvert ), par exemple, le CCAJ a dû rendre un avis alors que celui-ci était déjà pratiquementficelé », dit avec regret et recul Bernard De Vos. « Le CCAJ aurait dû se positionner dès le début de cette réforme et mettre en avant des principes auxquels lesecteur tenait. Par ce biais, cet organe se donnerait davantage de pertinence et la motivation des membres en ressortirait ainsi renforcée. »
Insuffler une autre visibilité
Autre idée que défend Bernard De Vos, la publicité et la visibilité des avis rendus. En effet, comme les avis rendus au CCAJ sont représentatifs et en liendirect avec le secteur de l’aide à la jeunesse, il faudrait développer en parallèle une politique de communication. « Les avis sont envoyés au cabinet qui en afait la demande ou pris d’initiative par le CCAJ, mais il serait important qu’ils soient publiés dans la presse par exemple ».
Émettre davantage d’avis d’initiative, développer l’anticipation et la visibilité, « la publicité » des avis afin que le CCAJ devienne unorgane « phare » du secteur de l’aide à la jeunesse, sont donc les axes envisagés par le vice-président sortant.
Dans l’immédiat, la première séance du CCAJ est prévue ce 5 novembre, séance au cours de laquelle le nouveau président, Guy De Clercq5,exprimera les perspectives qu’il compte insuffler à ce nouveau mandat.
1. Mandat FIPE, Fédération des institutions de prévention éducative :
– adresse : rue W. Ernst, 29 à 6000 Charleroi
– tél. : 071 32 78 32.
2. Avocat général près de la Cour d’appel de Bruxelles.
3. Cabinet Fonck :
– adresse : bd du Régent 37-40 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 788 83 11.
4. Circulaire ministérielle, Moniteur belge 24/07/2006, école/police. Cette circulaire du ministre de l’Intérieur, Patrick Dewael, qui a faiténormément débat, prévoit une plus étroite collaboration entre l’école et la police. L’idée est de mieux lutter contre la violence dansles écoles. Selon la PLP 41, les chefs d’écoles peuvent donner à la police des informations sur les jeunes « en décrochage scolaire », ou sur ceux quiont « un style de vie ou une vision déviante ».
5. Directeur du SPJ de Tournai :
– adresse :rue des Puits l’eau, 2-12
à 7500 Tournai
– tél. : 069 45 27 70
– courriel : spj.tournai@cfwb.be