Les Centres d’expression et de créativité (CEC) bénéficieront bientôt d’un décret qui organisera leur agréation, un financement et leurévaluation. Sans en attendre de miracle financier à court terme, la Fédération pluraliste des CEC rejoint le souci politique de professionnalisation desactivités.
Les 177 CEC reconnus à ce jour organisent des ateliers de création, accessibles à toutes les personnes, enfants ou adultes, à travers des démarches collectives.Plus de la moitié d’entre eux sont regroupés dans la Fédération pluraliste des CEC (Fpcec)1. Se définissant comme une organisation patronale, ellen’hésite toutefois pas à soulever certains enjeux propres aux travailleurs.
Ainsi, une récente rencontre avec les organisations syndicales visait à inciter les animateurs à se syndiquer. « Pas facile, car les animateurs, pour la plupart desartistes, sont jaloux de leur autonomie. De leur côté, les syndicats reconnaissent qu’il faudra innover dans les formes de contrat de travail tout en veillant à ne pasdéréguler », explique Christian Cession, permanent à la Fpcec.
Autant dire : la quadrature du cercle, au regard des moyens alloués par la Communauté française. Patricia Gérimont est responsable des CEC au ministère de laCommunauté française2. D’après elle, « depuis deux ans, une volonté politique se manifeste : dans le budget que nous gérons, les postespermettant de financer des actions ponctuelles ou des initiatives propres ont disparu. Par contre, l’enveloppe consacrée aux CEC a augmenté de 100 000 euros en 2006 et de 150 000cette année. Soit un saut de 20 % en deux ans. (Il était de 1 250 000 euros en 2005).
Ce qui reste modeste pour un secteur représentant aujourd’hui 180 équivalents temps pleins, principalement financés par des emplois subventionnés par lesRégions.
Un décret pour stabiliser et professionnaliser
Un décret, en préparation depuis une bonne année (voir Alter Échos n° 208) devrait néanmoins permettre de stabiliser et de professionnaliser unsecteur jusqu’ici organisé sur la base d’une circulaire ministérielle de 1976.
Le projet de décret prévoit des subsides spécifiquement pour la fonction de coordination des CEC. En outre, l’agréation (valable 5 ans) etl’évaluation des centres se feraient sur la base de critères qualitatifs qui ont été élaborés en étroite concertation avec la Fpcec.Critères qui prennent en compte notamment la nature des relations entretenues avec les milieux créatifs, l’accessibilité financière des activités, laparticipation des personnes au projet ou encore la qualité des partenariats noués. Une commission consultative serait constituée de représentants de laFédération, des CEC, du gouvernement et d’experts indépendants.
Question gros sous, le futur décret « donnera la priorité des priorités aux centres qui n’ont pas encore d’emploi subventionné », expliquePatricia Gérimont. La Fédération espère une inscription des CEC dans le « décret emploi » (qui applique les accords du non-marchand) à partir de2009. Mais le cabinet Laanan joue la prudence et le réalisme : « les CEC n’ont jamais été pris en compte jusqu’ici, ce ne sera pas facile de leur faire uneplace dans les futurs accords du non-marchand », tempère Denis Dargent, chargé du dossier au cabinet de la ministre3.
Vouloir une transition « sans casse »
À terme, il y aura une redistribution des moyens, jusqu’ici alloués de façon peu objectivable et avec un effet de saupoudrage. « Pour autant, il n’est pasquestion de ‘casser’ des CEC. À la Fédération, nous veillons tout particulièrement à ce qu’il y ait une période transitoire qui permette aux acteursd’intégrer les nouvelles règles et de s’y adapter », affirme Christian Cession. Un souci confirmé par le cabinet Laanan. La Fédération aura-t-elleles moyens de s’étoffer afin d’accompagner les CEC dans cette transition ? « La question n’a pas encore été évoquée », répondDenis Dargent.
Encore 279 fois dormir ?
Une version des textes (décret et arrêté) est attendue prochainement sur le bureau de la ministre. Celle-ci devrait décider d’un nouveau tour de table deconsultation du secteur puis faire passer les textes en première lecture, au gouvernement, avant l’été. « On devrait pouvoir aboutir à une adoptionparlementaire encore en 2007, mais l’application et le financement ne débuteront qu’en 2008 », prévient-on au cabinet.
1. Fpcec, rue H. Lemaître, 25 à 5000 Namur – tél : 081 71 15 94.
2. Service de l’éducation permanente. Direction générale de la culture, ministère de la Communauté française, bd Léopold II, 44 à 1080Bruxelles –
tél. : 02 413 25 27 – courriel : patricia.gerimont@cfwb.be.
3. Cabinet Laanan, place Surlet de Chokier, 15-17 à 1000 Bruxelles –
tél. : 02 213 17 00.