Les situations d’endettement énergétique sont de plus en plus courantes en Belgique. En cause, la mauvaise qualité des logements et des appareils de chauffe.
« Ce qui est choquant, c’est d’entendre des gens dire qu’ils ne vont pas se chauffer cet hiver », commente Julie Huygens, qui travaille au Service énergie de la Fédération des service sociaux[x]1[/x]. Elle officie pourtant à Bruxelles, où une ordonnance de 2011 rend automatique l’interdiction de procéder à des coupures de fournitures énergétiques en hiver. Ce que montrent les chiffres publiés ce 19 octobre par Brugel[x]2[/x], le régulateur bruxellois du marché de l’énergie : entre le 1[x]er[/x] novembre 2011 et le 31 mars 2012, il n’y a aucune coupure de gaz. En avril, les chiffres explosent : 158 fermetures de compteurs. « Les personnes en difficulté bénéficient de la trêve hivernale, mais les coupures sont effectuées après », explique Claire Camus, conseillère communication chez Brugel. Le client doit retrouver un contrat avec un autre fournisseur pour rouvrir ses compteurs. Il peut aussi obtenir le statut de client protégé. « Mais parfois, les gens n’osent pas faire appel au CPAS, constate Claire Camus. Nous travaillons avec des relais, comme les acteurs sociaux, pour sensibiliser les consommateurs précarisés et développer des outils. »
En Région wallonne, cette préoccupation est également présente. Sabine Wernerus, conseiller à la Cellule sociale énergie de la Fédération des CPAS de Wallonie constate que « l’accès à l’énergie concerne aussi les travailleurs pauvres qui ne bénéficient pas toujours du statut de « client protégé ». En 2011, le nombre de clients en défaut de paiement pour le gaz a augmenté de 9,3 %. La Fédération organisait ce 8 novembre une matinée consacrée à la précarité énergétique (sur laquelle nous reviendrons dans une prochaine édition), où il était également question de développer des outils. La tâche est effectivement ardue pour les tuteurs énergie qui renforcent les équipes de 41 CPAS wallons.
L’accès à l’énergie dépend de la qualité du logement
Travailleurs sociaux et tuteurs énergie travaillent sur les comportements des usagers. Même s’ils donnent de bons résultats, les conseils URE (utilisation rationnelle de l’énergie) ne suffisent pas si le logement est énergivore. Ce constat est également repris dans le rapport conjoint de l’ULB et de l’Université d’Anvers, « La Précarité énergétique en Belgique », publié en 2011. Les plus précaires vivent souvent dans des logements mal isolés, dont les appareils de chauffage sont vétustes, non-conformes ou mal entretenus. Comme d’autres, la Maison sociale de l’énergie du CPAS de Verviers[x]3[/x] mène un important travail de prévention par rapport aux risques d’intoxication au CO en plus de lutter contre la précarité énergétique. Laurence Schillings, gestionnaire du service, observe aussi que, malgré l’existence des compteurs à budget, les gens pratiquent l’auto-coupure, parce qu’ils ne peuvent pas la recharge.
Et de souligner un paradoxe : « Les personnes qui ont le moins de revenus sont celles qui restent le plus chez elles, parce qu’elles ne vont pas travailler ». Dès lors, elles consomment plus.
1. Fédération des Services Sociaux :
– adresse : rue Gheude, 49 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 223 37 74
– courriel : info@fdss.be
– site : http://www.fdss.be
2. Brugel :
– adresse : avenue des Arts, 46 bte 14 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 563 02 00
– site : http://www.brugel.be
3. Maison sociale de l’énergie, CPAS Verviers:
– adresse : rue Peltzer de Clermont, 64 à 4800 Verviers
– tél. : 087 46 86 86