Initiative spontanée à Charleroi : un acteur de l’Aide aux sans-abri et un acteur de l’Aide à la jeunesse ont uni leurs forces pour lancer des tables rondes deconcertation entre les deux secteurs. Objectif : apprendre à se connaître pour mieux venir en aide à ces jeunes.
À Charleroi, une initiative intéressante a vu le jour en faveur des jeunes en errance de 17 à 25 ans. Forts du constat que les jeunes en rue ne reçoivent pas d’aideappropriée, que le secteur de l’aide sociale aux adultes, aux sans-abri, ne connaît pas le secteur de l’Aide à la jeunesse et que chacun se renvoie la balle, Jean-Marie Laine, duRelais social de Charleroi1, et Vincent Léonard, de l’AJMO de Charleroi2 (un service d’aide en milieu ouvert — AMO), ont décidé de se saisir duproblème à bras le corps. En mai dernier, ils ont mis sur pied une table ronde réunissant des acteurs de terrain en provenance des deux secteurs. Plus de quarante organisationsétaient représentées. On comptait des travailleurs de rue, des assistants sociaux d’accueil de jour, d’abris de nuit, d’AMO, un juge de la jeunesse ou encore de centres d’accueild’urgence. Et tout ce monde-là est amené à se revoir très prochainement.
Pour Vincent Léonard, directeur d’AJMO, le but de ces rencontres entre secteurs est avant tout d’échanger les pratiques, pour mieux répondre aux besoins des jeunes. Mais passeulement, comme il nous l’explique : « Pour mieux orienter les jeunes, il faut mieux se connaître, créer des synergies, avoir un regard croisé sur la situationconcrète que ces jeunes traversent. Il faut aussi personnaliser les contacts pour assouplir un peu la relation entre le jeune et les institutions, dont il se méfie souvent. Il faut queces deux mondes deviennent partenaires. Notre intention est que ces rencontres deviennent structurelles. »
Apprendre à se connaître
C’est à partir d’un constat de terrain que l’idée de mettre sur pied cette table ronde a germé dans la tête de Vincent Léonard et de Jean-Marie Laine. Ce dernier,qui travaille dans le milieu des sans-abri depuis dix ans, a constaté une modification des caractéristiques sociologiques des sans-abri. « Il y a pas mal de jeunes de 17à 25 ans en rue à Charleroi. Pour les mineurs, nos services renvoient vers les services d’Aide à la jeunesse qui ne considèrent pas ce public comme prioritaire. Et puisles jeunes ne sont pas toujours demandeurs. Ils sont seuls et sans-abri pour de nombreuses raisons, d’ordre économique, familial. Ils sont SDF dans les faits, mais pas dans leur tête.Souvent le passage à l’âge adulte ne s’est pas fait, alors ils partent de chez eux pour des bénéfices secondaires, à commencer par une forme de liberté. Ilsont souvent, a priori, une demande logistique, plus que sociale. » Dans ce contexte, on réalise qu’il faut bien comprendre dans quoi sont empêtrés ces jeunes pour mieuxintervenir.
De son côté, Vincent Léonard nous apprend que l’AJMO a mené une enquête dans les services de l’Aide à la jeunesse de la région de Charleroi pourtenter de quantifier le phénomène. « Il n’y a pas forcément plus de jeunes en rue, nous affirme-t-il, mais la situation de ceux qui y sont est plus complexe qu’avant.Ces jeunes sont dans une précarité telle qu’ils sont confrontés à des dangers réels. Dans la pratique quotidienne des services, il n’est pas toujours facile detrouver une institution qui accepte encore de les recevoir. »
Au-delà des problèmes sociaux de ces jeunes, il y a les différents services pour adultes et pour jeunes, qui ne se connaissent pas. Pour Jean-Marie Laine, il étaitnécessaire d’agir, avec son collègue Vincent Léonard : « On a fait ensemble un projet. Lui, il avait la liste des services de l’Aide à la jeunesse, moi je suisdans les réseaux de l’aide pour les personnes en grande précarité, alors nous avons lancé cette première table ronde, en collaboration avec un troisièmeacteur, la toute nouvelle Maison des adolescents. » Cette idée bienvenue a rencontré un certain succès chez les professionnels qui sont venus en nombre. Jean-Marie Lainetempère ce succès d’estime : « Les gens étaient demandeurs d’une suite, mais ce n’est pas la première fois qu’on leur parle de transversalité. Etpuis chacun dépend de politiques différentes, l’Aide à la jeunesse de la Communauté française et l’Aide aux sans-abri, de la Région wallonne. Il faut donc sedonner le temps pour que les travailleurs se rencontrent et aient envie de créer quelque chose. »
1. Relais social de Charleroi :
– adresse : bd Bertrand, 10 à 6000 Charleroi
– tél. : 071 50 67 31
2. AJMO :
– adresse : rue Willy Ernst, 29 à 6000 Charleroi
– tél. : 071 32 78 32
– site : www.ajmo.be