Le niveau élevé du chômage des jeunes à Bruxelles demeure, selon Agoria, la fédération multisectorielle de l’industrie technologique, trèspréoccupant. Et pourtant, les entreprises bruxelloises de l’industrie technologique ne parviennent pas à combler des centaines de postes vacants. C’est pourquoi Agoria Bruxelles lanceune initiative de grande envergure avec un certain nombre de partenaires afin de convaincre les chômeurs de se recycler comme électromécanicien, tôlier, magasinier ouascensoriste.
Le taux de chômage à Bruxelles ne s’améliore guère, que du contraire. C’est surtout le chômage des jeunes qui est alarmant. En dix ans, le nombre de sans-emploi demoins de 25 ans a augmenté de près de 65%. Il est tout aussi inquiétant de constater que 60% des jeunes chômeurs présentent une durée d’inactivitésupérieure à un an. Il s’agit souvent de personnes peu qualifiées qui possèdent uniquement un diplôme de l’enseignement secondaire inférieur. « Mais les jeunesayant décroché un diplôme de l’enseignement professionnel n’obtiennent pas un meilleur score », fait observer Dominique Michel, secrétaire général d’Agoria, encharge d’Agoria Bruxelles. « Et ce, alors que nos entreprises membres pleurent après de bons techniciens et spécialistes ».
Une enquête détaillée menée par Agoria Bruxelles auprès de ses entreprises a révélé que les besoins sont bien réels. Pourquoi est-il simalaisé de trouver les personnes appropriées? Tout d’abord, selon Agoria, parce que le niveau de formation général des demandeurs d’emploi est insuffisant (souventmême pas un diplôme de l’enseignement secondaire) et que la connaissance des langues est déplorable. Résultat : les entreprises bruxelloises éprouvent desdifficultés à trouver du personnel pour des fonctions horizontales telles que secrétaire de direction, comptable, représentant et employé pour l’administration dupersonnel. De surcroît, elles trouvent peu ou pas de candidats possédant les bonnes qualifications techniques et/ou aptitudes spécifiques à l’industrie (technologique) pourdes métiers tels que ingénieur industriel, technicien en électronique, soudeur et tôlier.
« La problématique n’est pas neuve », déclare Dominique Michel. « Aussi, avec notre enquête, voulions-nous aller un peu plus loin et dresser un véritable inventaire des typesde fonctions pour lesquels de nombreux postes restaient à pourvoir. » Pour les seules entreprises qui ont répondu (taux de réponse de 60%), il s’est avéré que d’icila fin 2003, il y aura des postes vacants pour 200 informaticiens, 70 commerciaux, 30 dessinateurs industriels, 20 magasiniers, 40 ingénieurs en électromécanique et 70techniciens en électrotechnique, électricité et électromécanique. Et Dominique Michel de poursuivre: « L’on peut donc en déduire qu’au total, quelque 700places sont libres pour de telles fonctions à Bruxelles, dans notre secteur ».
Agoria Bruxelles entend recycler de jeunes chômeurs
Comme les qualifications requises ne sont pas disponibles sur le marché de l’emploi bruxellois, la fédération de l’industrie technologique a décidé d’essayerelle-même de susciter l’enthousiasme des jeunes pour les métiers précités. Premier problème : faire passer les informations sur les postes vacants aux demandeursd’emploi. « C’est moins facile qu’il n’y paraît », précise Dominique Michel. « La distance physique et psychologique entre les offreurs d’emploi et les placeurs d’une part, et leschômeurs d’autre part, est généralement plus grande qu’on ne le pense. C’est pourquoi côté francophone2, Agoria lance, en partenariat avec Bruxelles-Formation,Iris Tech, l’Orbem, les missions locales (les instruments régionaux et locaux de formation) une vaste campagne d’information et de sensibilisation des jeunes sans emploi. Unepremière expérience (les métiers de l’électronique) de ce genre avait eu lieu en juin 2000. Elle avait permis à 150 personnes de participer à cesformations. Aujourd’hui, les formations seront soutenues financièrement par la Cocof et le ministre de l’Économie, Éric Tomas. Elles soulignent malheureusement, selonBruxelles Formation, l’inefficacité de l’enseignement face au monde du travail. « La formation d’un jeune dans une école professionnelle de Bruxelles revient àmoins de deux euros par an, explique-t-on. Nous, nous dépensons 17 euros par heure. Faites le compte. Il y a un sous-équipement endémique et tragique à Bruxelles ! »
Les entreprises aussi dans le coup
Les entreprises prennent, elles aussi, activement part au projet. C’est surtout lors des sessions d’information exploratoires que leur présence est d’une importance capitale. Ce sont en effetles entreprises qui peuvent répondre aux questions posées par les demandeurs d’emploi : quelles sont les exigences précises, y a-t-il des risques professionnels, que gagne untechnicien, à combien de jours de congé ai-je droit, n’est-ce pas un travail sale…? « Il ne faut pas perdre de vue que bon nombre des jeunes chômeurs actuels n’ont jamaisexercé un emploi et que certains même n’ont jamais eu d’exemple de personne au travail dans leur milieu familial », ajoute Dominique Michel.
Il importe donc d’être présent sur le terrain et d’offrir ensuite un accompagnement tout au long du parcours : cela va de l’information, de la motivation, de la formation et des stagesà un véritable emploi. Dominique Michel : « Ce type d’initiative demande énormément d’énergie de tous les partenaires. N’oublions pas non plus que les personnes quise sont montrées intéressées au début ne suivent pas toutes le parcours de formation intégral, que du contraire. Si nous réussissons à mobiliser entre150 et 200 intéressés et qu’une petite centaine suit réellement la formation, nous pourrons parler d’un véritable succès. » Les entreprises bruxelloises estiment entout cas que l’initiative vaut la peine. Jusqu’à présent, il y a plus de candidats que nécessaire pour expliquer aux chômeurs en quoi consistent les jobs qu’ils ontà offrir.
1 Infos : 02 706 78 20 (Agoria) ou 02 706 78 25, fax : 02 706 78 23, courriel : E.dominique.michel@agoria.be, site : http://www.agoria.be
2 Côté néerlandophone : OOTB, VDAB, Jeugd en Stad, Tracé.
Archives
"Cherche désespérément à Bruxelles : tôliers, ascensoristes…"
catherinem
10-06-2002
Alter Échos n° 122
catherinem
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