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Regard critique · Justice sociale

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"Chômeurs activés, une tendance en manque d'évaluation ?"

13-12-1999 Alter Échos n° 65

Les 25 et 26 novembre, des acteurs du monde académique et des professionnels de l’insertion se sont réunis lors d’un colloque à Namur autour de la question de l’activation desallocations sociales 1. Fil rouge de cette rencontre : mieux comprendre le fonctionnement de l’activation. Celle-ci consiste à recycler le budget d’allocations de la sécuritésociale ou de l’aide sociale pour l’utiliser à une autre fin : par exemple, l’allocation de chômage, le minimex ou l’aide sociale devient un élément de larémunération de la personne engagée dans un cadre de travail précis. Les politiques d’activation se résument aujourd’hui principalement dans les emplois-services(dits «emplois Smet»), les Programmes de transition professionnel (PTP) et les ALE. Depuis juin 99, on parle également des programmes Sine 2, qui concernent l’activation desallocations de chômage pour certaines entreprises de l’économie sociale. Myriam Bodart, directrice adjointe du Centre interdisciplinaire des droits fondamentaux et du lien social(Namur), co-organisatrice du colloque avec la Fondation Roi Baudouin, relève certains facteurs de précarisation dans ce type de dispositifs. Ceux-ci peuvent concerner le liencontractuel, le montant de la rémunération, les conditions d’admissibilité ultérieure à l’assurance-chômage ou encore la durée de l’insertionprofessionnelle amorcée. Dans une intervention remarquée et appréciée par le public, Mateo Alaluf, professeur à l’Institut de sociologie de l’ULB, dénonce ladécontextualisation du phénomène de l’activation des allocations sociales. «Tout est parti de Suède. Ce pays menait avec succès une politique d’activation.L’Europe, qui conduit le débat en politique de l’emploi a voulu essaimer cette ‘bonne pratique’. Mais ce fut une transformation technocratique de la politique de l’emploi.Résultat : aujourd’hui, l’OCDE a récupéré le concept et oppose politique passive – avec comme objectif d’augmenter quelque chose pour lequel on n’a pas d’évaluation- à politique active – qui vise uniquement à diminuer le revenu des chômeurs. Il faut savoir que lorsqu’on baisse l’allocation de chômage, on baisse les revenus de tout lemonde, c’est la dernière garantie qui nous reste.» Les participants soucieux de précisions techniques sur les mesures d’activation ont pu interroger des spécialistes. Al’unanimité, la question de la double rémunérations dans la mesure PTP pose problème, laissant aux bénéficiaires un arrière-goût dechômage avec le risque de reléguer l’employeur dans un rôle secondaire. Une syndicaliste de la CSC s’est à plusieurs reprises insurgée contre ce type de mesures,déplorant l’absence d’orateur du secteur classique. «Les applications des mesures d’activation présentées ici sont sympathiques et nous n’avons rien à y redire, maisla réalité de ce genre de mesures n’est pas identique partout…» Jacques Ouziel, conseiller adjoint à l’administration de l’emploi du ministèrefédéral de l’Emploi et du Travail a esquissé une évaluation quantitative des mesures actives d’aides à l’emploi. Son intervention a mis en exergue de manièrecruelle – en comparaison avec Mateo Alaluf – l’influence d’institutions internationales dans la conduite des politiques de l’emploi en Belgique. Pauvres en indicateurs concrets, ces politiquesomettent une évaluation qualitative et quantitative des mesures.
1 Myriam Bodart, Centre interdisciplinaire, Faculté de droit, Rempart de la Vierge, 5 à 5000 Namur, tél. : 081/72 47 93, fax : 081/72 52 00, e-mail :myriam.bodart@fundp.ac.be
2 Voir AE n° 52 du 10 mai 99 p. 3.

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