La cité d’artistes des Ateliers Mommen à Saint-Josse1, rachetée l’an dernier par les pouvoirs publics, est-elle sauvée ? Presque, répondun documentaire sorti en août dernier. L’occasion de faire le point avec les acteurs d’une dynamique patrimoniale, culturelle et sociale innovante.
Merci la « Politique des grandes villes »
En janvier 2006, l’asbl « Ateliers Mommen » se préparait à lancer un appel à souscription privée pour compléter la somme nécessaire aurachat de « leur » cité (voir Alter Échos n°167). Depuis, l’intervention des pouvoirs publics a rendu inutile ce recours. La Régie communaleautonome, créée pour l’occasion en mai 2006, a contracté un emprunt de 500 000 €, complétant ainsi les contributions communale (1 242 000 €) etfédérale de la politique des grandes villes (1 164 500 €). Une contribution fédérale que Marc Bertholomé2, administrateurdélégué de la régie, qualifie de décisive pour le projet. La Région, quant à elle, couvrira les surcoûts dus au classement du site.
Maintenant que la Régie communale est propriétaire des lieux, les artistes-habitants n’ont-ils plus rien à dire ? « Jusqu’à présent la communereconnaît l’asbl en tant que véritable partenaire et interlocuteur », estime Pierre Coppens, administrateur de l’asbl. De leur côté, les habitants sontouverts à la discussion sur les propositions de la commune, légitime propriétaire des lieux.
Une convention, en gestation depuis plus d’un an, doit établir le cadre de la collaboration entre l’association et les autorités communales. Aucune des deux parties nesemble pressée de la faire aboutir.
Intérêts bien compris
Tout se passe comme si l’informel convenait mieux à tout le monde. Jusqu’ici, la collaboration entre la commune et l’asbl « Ateliers Mommen » semble ne separer que de vertus.
Si l’asbl est particulièrement attentive à ce que le projet culturel ne vire pas à l’outil de marketing urbain recourant exclusivement à des artistes derenommée, elle est consciente que la sauvegarde de la cité repose sur un engagement financier des pouvoirs publics. La contribution des artistes de la cité au festival «Women » en septembre dernier, consacré à l’égalité des droits entre femmes et hommes, démontre s’il le fallait leur ouverture sur leurenvironnement. De plus, « si la commune voulait financer autant d’activités via des professionnels rémunérés à la prestation, ce serait impayable pourelle », commente Pierre Coppens, administrateur de l’asbl.
De leur côté, les autorités communales sont conscientes que la cité Mommen et ses artistes contribuent au rayonnement culturel de Saint-Josse. Marc Bertholomérappelle l’ambition de la commune « de faire du développement culturel l’un des piliers du développement tout court de Saint-Josse. Avec tous les opérateursculturels présents sur la commune, nous devrions pouvoir avoir une coordination de la programmation des activités. » Avec un double enjeu en point de mire : favoriserl’expression et l’implication des habitants d’origines culturelles variées et s’ouvrir à un public lié aux activités internationalesprésentes sur la commune (tourisme, affaires, institutions européennes).
Et la vocation sociale de la cité ?
Ici ça grince un peu dans les engrenages. Interviewé dans le documentaire « Presque sauvés » sorti au mois d’août (voir encadré), le bourgmestreJean Demannez (PS) déclarait que la cité ne devait pas simplement être « une espèce de lieu où de vieux artistes sur le déclin viennent parcequ’ils y sont bien et que ça coûte moins cher qu’ailleurs », ajoutant que le secteur du logement social pouvait prendre en charge ce type de public. MarcBertholomé tempère. Selon lui il n’y a pas de remise en cause de la dimension sociale de la cité Mommen, même s’il n’existe aucune législationspécifique à ce type d’habitat avec ateliers. Quant aux artistes-habitants, sans s’alarmer outre mesure des propos du bourgmestre, ils rappellent veiller jalousement,à travers le comité de sélection des candidatures, sur la double vocation de la cité : artistique ET sociale. On trace la voie en avançant …
« Presque sauvés »
Réalisé par Aurore Maillet et produit par le Centre de promotion culturelle asbl3 (CPC), le documentaire commence comme une pub vantant les opportunitésimmobilières de la cité Mommen pour qui voudrait y installer des logements de standing. Puis l’image se brouille. Retour au « vrai » docu. Suivent trois portraitsd’artistes, en famille, en atelier, en guide des lieux pour la caméra. C’est dans cette superbe fabrique du XIXe qu’ils vivent et qu’ils pourront,désormais, continuer à exercer leurs arts. Si, toutefois, les divergences de vue qui apparaissent dans l’interview finale continuent à s’accommoder d’un apriori de confiance réciproque.
1. Ateliers Mommen asbl :
– adresse : rue de la Charité, 37 à 1210 Saint-Josse-ten-Noode
– tél. : 02 217 26 74
– courriel : ateliersmommen@collectifs.net
– site : http://www.ateliersmommen.domainepublic.net
2. Marc Bertholomé, Régie autonome communale :
– tél. : 02 220 28 09
– courriel : mbertholome@stjosse.irisnet.be
3. Le DVD (25 minutes) est disponible sur demande au Centre de promotion culturelle :
– adresse : rue de la Poste 111 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 640 07 87
– courriel : info@lecpc.be
– site : http://www.lecpc.be
