La société BH-P logements (Borinage Hauts-Pays Logements)1 prévoyait la mise en conformité des blocs à appartements de la cité de la Corderie,à Hornu. Et de réaliser une étude sur la sécurité, l’isolation, l’évacuation des eaux usées et le chauffage. Un chantier de trois ans qui auraitpermis un relogement sans casse. Cet été, une panne de chaudière a contraint la société d’habitation sociale à revoir ses plans. Il faudradéconstruire.
Erigées à la fin des années septante, les cités sociales paient aujourd’hui le tribut d’un entretien pour le moins « léger » cesdernières années. L’incendie à la cité des Oiseaux, la vétusté des tours de Ghlin, l’insécurité à la cité-jardin àSaint-Vaast ont conduit les sociétés d’habitations à déconstruire ou rénover, parfois au profit de projets ambitieux (voir Alter Echos n° 262 : « Lelogement social se met au vert »). A Hornu, les locataires de la cité de la Corderie vivent depuis quelques mois dans l’expectative. Deux bâtiments (les blocs 61 et 63) devaientêtre rénovés. Le chantier aurait nécessité le relogement des habitants sur une période de trois ans. Or, privés de chauffage depuis cetété, les locataires se sont trouvé contraints de déménager avant la fin octobre, avec la crainte de ne pouvoir retrouver de logement.
« Nous avions demandé à un bureau spécialisé de déterminer les investissements à réaliser pour pouvoir mettre les bâtiments ensécurité, en terme d’incendie, d’ascenseur, d’isolation ; quels seraient les coûts d’une rénovation, avec installation de chauffage, d’un système d’eauxusées, de la téléphonie et de la parlophonie », confie Stéphane Dierick, directeur-gérant de BH-P logements. Problème : rien n’est aux normes. Il n’y amême aucun espace devant les blocs permettant l’accès aux véhicules d’incendie, sauf en condamnant des stationnements, entre autres. « Pour pouvoir mettre au normes, sanstenir compte de l’isolation, nous serions à plus de 55 000 euros HTVA, pour chaque logement (soit 156 appartements). C’est pourquoi le conseil d’administration a pris l’option d’unedéconstruction. »
La décision est tombée fin septembre. Quant à l’option du relogement immédiat, elle fait suite à une panne de chauffage imprévue. « Mêmeen remplaçant la chaudière (coût : 70 000 euros), nous ne pouvions garantir le chauffage du bâtiment après réparation. Nous n’avions pas la certitudequ’il fonctionne et, en outre, cette chaudière n’aurait servi que pour deux ou trois ans, puisqu’il aurait fallu rénover les installations. Nous avons donc pris l’option de reloger cespersonnes », précise Stéphane Dierick. Un relogement qui aura duré tout au plus quelques semaines. « Il reste aujourd’hui cinq personnes qui n’ont pasété déménagées et qui ne le seront pas ! Le conseil d’administration a souhaité que les personnes en situation de dettes de loyer (pour plus de 7 000euros) ne soient pas relogées. De même pour un locataire qui a considéré son appartement comme matériau de sculpture, ou cet autre qui porte un braceletélectronique et menace de mort ses voisins… »
Il y a accompagnement social
Le directeur-gérant de BH-P Logement insiste : il y a bien un accompagnement social pour les locataires. La société fonctionne avec deux assistantes sociales,généralistes, dont les missions sont avant tout préventives. « Ces personnes seront prises en charge par la loi organique des CPAS2. On ne peut demanderà une société de logement de tout faire. Or, ici, nous sommes dans le curatif. Nos assistantes sociales ont rencontré tout le monde, sauf la personne avec lebracelet. »
BH-P Logements planche sur d’autres projets en matière d’urgence sociale. « La société est en contact avec une association pour la promotion du logement3[NDLR dont le directeur est Stéphane Dierick] et une agence immobilière sociale en collaboration avec le Relais social urbain de Mons pour créer une sorte d’hôtel urbaindans la région de Mons-Borinage. » Cette structure accueillerait la personne/le couple sans abri, avec/sans enfants, pour un jour ou deux mois. Il s’agit maintenant de cerner lesbesoins des gens et ceux des acteurs de terrain, pour pouvoir financer la structure qui n’est « ni une maison d’accueil de jour, ni un abri de nuit, ni une maisond’hébergement ». Elle nécessiterait donc une nouvelle législation.
1. BH-Pays logements :
– adresse : rue Amphithéâtre Hadès, 152 à 7031 Hornu
– tél. : 065 76 70 10
2. La procédure de renom est fixée à trois mois, si les locataires ne donnent pas signe de vie, alors ils seront expulsés. Il appartiendra au CPAS ensuite d’introduireune demande de relogement, en logement d’insertion ou de transit.
3. APL Fées :
– adresse : rue Amphithéâtre, 207 à 7301 Hornu
– tél. : 065 76 64 23