Sept ans après sa création, City Mine(d)1 poursuit les mêmes principes d’action : pointer, par des interventions ciblées, des dysfonctionnements dansl’espace urbain ; constituer un trait d’union pour des initiatives individuelles ou associatives, entre elles et avec institutions et investisseurs concernés.
Une approche « naïve »
Comme pour le « Maprac » qui a marqué le PleinOPENair cette année (voir AÉchos 169 du 23/08/04), les projets, portés de A à Z par la mêmepersonne chez City Mine(d), sont toujours menés en partenariat avec d’autres associations ou collectifs. Les permanents (deux temps pleins et deux mi-temps à ce jour)revendiquent, à l’entame des projets, une approche « naïve », volontairement peu soucieuse des contraintes et du réalisme qui en décourageraient biend’autres.
Et ça marche. Personne n’aurait parié un centime, il y a cinq ans, au lancement du projet Limite-Limite : la construction d’une tour démontable sur undépôt clandestin au coin des rues Linné et Dupont (quartier Nord). Aujourd’hui, une association éponyme et indépendante existe : « Limiet-Limite »,qui a été associée aux dispositifs de participation des deux contrats de quartier limitrophes (Brabant-Verte et Verte). De nombreux contacts et projets ont étéétablis entre étudiants (Vlekho, Sint Lukas, École sociale), habitants et commerçants. Au Vlekho, les étudiants de 2e licence donnent un cours de néerlandaisà une soixantaine d’habitants ; ceux de Sint Lukas préparent une expo et des ateliers de création d’œuvres d’art à partir de déchetsrecyclés ; ceux de l’École sociale réalisent une partie de leurs travaux pratiques (interview…) dans le quartier ; des activités extrascolaires animéespar les étudiants permettent à des enfants issus de l’immigration de pratiquer le néerlandais (et bientôt le français) en dehors de l’école. Cesdynamiques se substituent aux velléités sécuritaires qui envisageaient, un temps, une vidéo surveillance des établissements ou une navette sécuriséepour les étudiants en provenance de la gare.
Aujourd’hui, la tour a été démontée et sera remplacée par deux logements sociaux. Exportée à Belfast, la structure sera adaptée pouroccuper une zone confessionnellement neutre. Le partenariat de base, établi avec une école d’architecture, devrait permettre, entre autres, de jeter des ponts entre le quartierétudiant et le quartier touristique voisin.
Une formule qui s’exporte
C’est un exemple de l’évolution des activités de City Mine(d) vers la constitution d’un réseau de villes européennes. Depuis un an, deux desfondateurs exportent et adaptent la dynamique « City Mine(d) » à Barcelone (Tom) et à Londres (Jim). La formalisation graphique de Maprac, par exemple, est le fruitd’un échange avec une association barcelonaise qui participe à la résistance contre un méga-projet de « redéveloppement urbain » sponsorisénotamment par de grandes multinationales de l’armement.
Les « Residences » organisées par City Mine(d) visent à renforcer cette mise en réseau européen. Il s’agit d’organiser l’accueil decitoyens européens pendant une courte période en leur permettant d’approfondir un sujet de préoccupation, d’étudier un projet d’interventionurbaine… En fin de séjour les résidents font une présentation publique de leurs travaux. Échange d’expériences et de contacts et diffusion despratiques sont ainsi favorisés.
Outils transportables
Cette internationalisation des activités influence le choix des moyens d’intervention, les « Tools ». Il s’agit que ces « outils » soient transposableset/ou transportables à peu de frais. Ainsi les « Bubbles », sorte de tentes-cloches en plastique transparent, gonflées par un petit compresseur, qui permettent de coloniserrapidement un lieu sur lequel attirer l’attention. Le recensement et la diffusion de « Tools » constituent une des priorités de l’association.
Dans son rôle d’intermédiaire entre institutions et particuliers créatifs, City Mine(d) cherche à systématiser son action « Precare ».S’agissant de faire se rencontrer l’offre (inexprimée) de lieux inoccupés et la demande (criante) d’espaces de rencontre ou de création (ateliersd’artistes), l’association négocie une convention-cadre avec le CPAS de Bruxelles-Ville. Celle-ci permettrait à City Mine(d) de gérer, progressivement,l’affectation de propriétés du CPAS momentanément inoccupées.
À moyen terme l’association envisage une mise à jour du répertoire des initiatives émergentes bruxelloises réalisé en 2000 (« Bunker souple»), l’organisation d’une intervention autour du bunker enfoui sous le quai aux Foins (à l’occasion de Bruxelles Bravo du 25 au 27/02/2005) et la préparation duPleinOPENair 2005.
1. Pour un aperçu complet des activités de City-Mine(d) : www.citymined.org