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L’asbl « Entraide Basse-Sambre »1 a choisi de sensibiliser le public à la consommation. En découlent deux axes d’action : un débat destiné au grand public ce 16février à Spy d’une part, et à plus long terme (de février 2001 à fin mai) une animation pilote dans deux écoles secondaires de la Basse-Sambre : leCollège St André d’Auvelais (120 élèves) et l’Athénée royal de Jemeppe-sur-Sambre (20 élèves). Ce projet vient d’obtenir l’accord d’un petitsubside de 50.000 F du cabinet wallon des Affaires sociales. Trois animatrices vont y donner des séances sur la consommation. Chacune a une spécialisation de par son expérienceprofessionnelle: Philomène Marcelino, du service médiation de dettes du CPAS de Jemeppe-sur-Sambre, est axée sur l’argent. Claire Zétels du centre Zéphir etJoël Gilard et Sophie Coulon du Centre de planning de Tamines seront axés sur l’axe publicité et sur celui de l’analyse de nos besoins et désirs.
Lors du débat centré autour du thème « La consommation, à quel prix ? » qui rassemblait une brochette de spécialistes devant un public d’une centaine de personnes.Marthe-Marie Rochet, présidente du Réseau Association des Jeunes Consommateurs, a insisté sur « l’importance des besoins vitaux à satisfaire, indispensables à notresurvie et à notre bien-être. Mais il importe de distinguer l’envie et les désirs et il faut y satisfaire adéquatement, ne pas se tromper de besoin. Ainsi la boulimie : onse remplit mais on ne satisfait pas le besoin fondamental. Apprendre à distinguer toutes les formes de besoins vitaux permet de maîtriser la consommation, de résister aumatraquage publicitaire. Ainsi le GSM compense un manque, répond à un besoin de contact. » Et Marthe-Marie Rochet de raconter qu’elle connaît quatre jeunes qui ensemble, ont unefacture Proximus de 180.000 F.
Les lacunes belges dans le domaine de la consommation ont également été comparées avec l’action de pays pauvres comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne oùexistent des écoles de la consommation. Autre problème soulevé : »En 1959, le Pacte scolaire a interdit toute forme de publicité déguisée dans lesécoles. Mais existe-t-il une commission de contrôle au niveau du ministère de l’Éducation ? »
Pour Sophie Salle, du Réseau de Financement alternatif : « L’argent est central dans notre société. Les banques tentent de fidéliser les jeunes au maximum, il s’agit doncde les informer au maximum. Il faut faire de l’argent quelque chose de positif dans le sens du développement. Ainsi poursuit-elle, l’épargne Cigale, qui permet d’épargner pourredistribuer l’argent vers le secteur associatif. »
Jean-Philippe Ducart de Test-Achats fait remarquer que l’on signe des centaines de contrats tous les jours sans s’en rendre compte. « Le monde est de plus en plus virtuel. On a de moins en moinsconscience des réalités… Les consommateurs posent des actes d’identification à la marque. Il y a aussi la pression exercée par la consommation par les huissiers,etc. ». Un avis partagé par une personne du public : « Le système est perfide car il provoque des besoins de consommer. Avec le crédit on peut payer trois mois plus tard. Mais lesparents sont démunis car ils n’ont pas les outils pour se défendre. »
Quant à Caroline Godart qui représentait l’Observatoire du crédit et de l’endettement de Charleroi, elle a cité les chiffres de 814 dossiers dans les services demédiation de dettes : 44% dus à des accidents de la vie, 18% sont insolvables (minimexés) et 38% sont surendettés pour cause d’achats compulsifs. Ce qui relativise lesurendettement pour cause de surconsommation. Comme disait quelqu’un du public, habitant de la Basse-Sambre : « On n’a plus rien dans les poches, on n’a plus que des poussières. Autrefois onétait riches mais aujourd’hui on est dans une zone sinistrée. Les rayonnages sont pleins mais on ne sait plus acheter. » Et Marthe-Marie Rochet, en guise de conclusion: « Il y a undéséquilibre énorme, non démocratique. »
Entraide Basse-Sambre réunit une kyrielle d’associations : l’Institut pour le développement de l’enfant et de la famille, la Coordination de Services pour l’aide et le maintien àdomicile, IDAMO, service d’aide aux jeunes en milieu ouvert, les mutualités libérale et chrétienne, les CPAS de Jemeppe-sur-Sambre et de Sambreville, ATD Quart-Monde Sambreville,le Centre culturel de Sambreville, Présence et Action culturelle Tamines et les Dépanneurs St-Martin.
1 Contact EBS : Thierry Monin, tél. et fax. : 071 76 03 65, secrétariat : Jacqueline Rasador, rue de la Principauté, 32a à 5060 Auvelais, tél. et fax : 071 77 6620.