Les ministres bruxellois ont présenté le mardi 9 novembre leur budget 2005. Pour la première fois depuis la création de la Région bruxelloise, en 1989, onconstate d’abord que la copie 2005 s’affiche en léger boni : à hauteur de 1,6 million d’euros (pour des dépenses évaluées à 2,5 milliardsd’euros). Égrenant les hausses d’enveloppe, assurant qu’aucune coupe sombre n’a été opérée, les membres du gouvernement PicquéIII1 affichent leurs priorités. Cap sur l’emploi, l’économie et le logement. Rapide tour d’horizon des promesses de l’Olivier.
L’emploi
La politique de la coalition PS-CDH-Ecolo sera traduite en un contrat qui fera l’objet d’une concertation avec les partenaires sociaux en décembre. Les mesures définiesdans ce cadre se verront octroyer 5 millions d’euros. Autre piste de résorption du chômage : les titres-services qui ne décollent pas dans la capitale (on vous en aparlé dans l’Alter Échos n°173) : c’est promis une campagne d’informations est d’ores et déjà programmée pour 2005 (500.000 euros). Desincitants, notamment fiscaux aux entreprises qui créeront des emplois durables et contribueront à des processus de formation sont également prévus. Deux millionsd’euros sont budgétés pour la création d’un nouveau centre de référence. L’Orbem, sur lequel reposent bien des espoirs, recevra un contrat degestion ; pour élaborer cet outil, 200.000 euros sont prévus. Les crédits dévolus au même Orbem dans le cadre des aides aux entreprises (art. 123 et 258) en termesde soutien à l’emploi sont en forte croissance pour 2005 : + 46 %.
Logement
Françoise Dupuis était quant à elle plus que satisfaite d’annoncer que son budget va s’accroître de 10 %. C’est dire si la liste des mesures en lamatière est longue. La principale réside bien évidemment dans la mise sur les rails du Plan logement (qui prévoit la création de 5.000 logements àl’horizon 2009 : 70 % de logements sociaux et 30 % de logements moyens). Une première tranche de 180 millions est réservée en 2005, soit un tiers de la sommenécessaire à la réalisation de l’objectif. Le code du logement hérite quant à lui de 300.000 euros. De quoi assurer une meilleure communication des normes(salubrité, sécurité…) désormais en vigueur sous les toits bruxellois. La rénovation du parc de logement social disposera par ailleurs de moyensrenforcés, tandis que le Fonds du logement, qui propose des prêts à des taux intéressants aux candidats à l’achat, voit ses moyens accrus de 20 % (on passe de26.090.000 euros en 2004 à 30.705.000 euros pour 2005). Rappelons que, depuis cette année, l’entièreté de la trésorerie accumulée par toutes lesinstitutions pararégionales a été regroupée dans un organisme central de financement ; la cagnotte ainsi cumulée a été injectée dans laSociété du logement de la Région bruxelloise. De la sorte, la dette régionale auprès du Fadels (Fonds d’amortissement des dettes du logement social) aété intégralement remboursée.
Quelques autres mesures en vrac :
• 50.000 euros sont destinés à la Régie foncière régionale qui est chargée de dresser le cadastre de toutes les propriétés publiques,bâties ou non, présentes sur le territoire régional. Cette banque de données permettra de connaître les disponibilités indispensables au redéploiementdu logement et de l’activité économique
• La Région augmente de 7.437.000 euros sa participation au capital de la SLRB. Ce nouvel apport sera investi dans la rénovation du patrimoine géré par lessociétés de logement social et dans le développement de l’offre de logement social.
• Par ailleurs 500.000 euros seront destinés au recrutement d’ingénieurs et d’architectes qui viendront en aide aux sociétés de logement social
• Les Agences immobilières sociales voient leurs moyens augmenter pour répondre à l’objectif inscrit dans la déclaration gouvernementale de doubler le nombrede logements gérés dans ce cadre pour la fin de la législature. L’ambition pour 2005 est d’augmenter le parc de 300 logements. Il est actuellement de 933.
• L’engagement du gouvernement de couvrir à 75 % le déficit social des Sociétés immobilières de service public-SISP par une allocationrégionale de solidarité est respecté. Le budget atteint désormais un montant de 9.553.000 euros et connaît une augmentation de 12 %. À terme, ce taux decouverture sera garanti dans le Code du logement conformément à la déclaration gouvernementale.
• Le budget alloué pour la mise à disposition de travailleurs sociaux dans les SISP et le service régional de médiation de dette est augmenté de 15 %.
• Les dispositifs de cohésion sociale passent de 1.200.000 euros à 1.555.000 euros.
• 218.000 euros sont budgétés pour les associations actives dans le domaine de « l’insertion par le logement ».
• Enfin, Les montants affectés au paiement des Adil (Allocations déménagement installation loyer), qui permettent à des ménages à faibles revenus dequitter un logement insalubre, passeront de 3.381.000 euros à 3.800.000 euros soit une hausse de 12 %.
Budget Cocof
Après le budget régional, les ministres bruxellois ont bouclé celui de la Commission communautaire française, la Cocof. Si la Commission communautaire française– qui exerce, à Bruxelles, les compétences héritées de la Communauté française – ne brille ni par sa visibilité ni par salisibilité, elle n’en gère pas moins des politiques à l’incidence immédiate pour les Bruxelloises et Bruxellois. La preuve par les engagements annoncésce 12 novembre par le collège de la Cocof !
Globalement, la Cocof affiche un déficit similaire à celui de 2004 (7,5 millions d’euros sur un budget global de près de 300 millions d’euros). Les recettes etdépenses ont été revues à la hausse d’un peu plus de 4 %. L’objectif avoué de la nouvelle majorité est d’inscrire celle-ci dans le projetde ville pour Bruxelles tout en veillant à ne pas se mettre hors jeu dans la Communauté Wallonie-Bruxelles ni à renier l’identité francophone dans la Capitale, aexpliqué le ministre-président du collège de la Cocof, Benoît Cerexhe (CDH)2.
Priorité : la formation
Tout d’abord, priorité absolue à la formation professionnelle, compétence communautaire en lien direct
avec le futur contrat pour l’économie etl’emploi que rédige pour l’heure l’équipe Picqué III (cf. plus haut). Françoise Dupuis, en charge du secteur, a obtenu une augmentation de 8,43 % de sonenveloppe, soit 43,1 millions d’euros. Bruxelles-Formation voit son budget majoré de 1,7 million d’euros, dont un million sera directement injecté dans l’offre (plusde profs, de locaux, de groupes). En chiffres, cela se traduit par 169.454 heures de formation supplémentaires en 2005 par rapport à 2004. L’accent sera mis sur les demandeursd’emploi infraqualifiés, sur les langues ainsi que sur les secteurs de la construction et de la logistique, notamment le transport. Voilà qui devrait satisfaire la Stib, lessociétés de taxis et de transport routier, confrontées à un problème de recrutement.
Les organismes d’insertion socioprofessionnelle voient eux aussi leur budget en hausse (+ 15 %), afin, notamment, de renforcer les actions d’alphabétisation etd’apprentissage du français. Quant au service formation PME, chargé de la formation des indépendants, il se voit octroyer 462.000 euros supplémentaires. La Cocofétant pour le moins désargentée, les autres secteurs n’ont pu voir leurs enveloppes gonfler de manière spectaculaire… Épinglons toutefois lavolonté, affichée par Emir Kir, en charge du Sport, de développer des chèques sports, afin d’aider les jeunes issus de milieux défavorisés. Ou encorele soutien, promis par Benoît Cerexhe, aux différents réseaux actifs en matière de santé (tels ceux actifs en matière de diabète,d’hépatite C ou encore de santé mentale).
1. Cabinet de Charles Picqué, ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale, rue Ducale, 7-9 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 506 32 11 – fax :02 514 40 22 – courriel : info@picque.irisnet.be
2. Cabinet Cerexhe, ministre-président du collège de la Cocof, rue Capitaine Crespel, 35 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 508 79 11 – fax : 02 514 48 60.